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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films



 

Rappelons un peu les circonstances. Depuis quelques années, le renouveau du cinéma d'horreur et/ou fantastique semble venir d'Extrême-Orient, et plus précisément du Japon. Les têtes de pont se nomment Ring et Dark Water. Le premier a engendré deux autres "suites" au pays du Soleil Levant, un remake (fort honnête) américain, un remake américain de suite (The Ring 2) réalisé par le créateur (japonais, il faut suivre) des trois films initiaux, et le second remake américain réalisé par un brésilien. Arrive sur nos écrans en ce début d'année 2004 un remake (américain) réalisé par le créateur de l'original (japonais), produit par un américain fou de gore (Sam Raimi, entièrement dévoué en ce moment à la franchise Spider-Man). Vous suivez ? Bon ce n'est pas grave, en fait. Ce qui compte, c'est de faire des bons films, respectueux de l'œuvre originale -si elle est de qualité- et de montrer au public qu'il n'est pas un crétin nourri aux hormones.

Sam Raimi, disais-je, a donc vu Ju-on, film réalisé par Takashi Shimizu, histoire de maison hantée fortement ancrée dans la tradition japonaise. Illico presto, et parce qu'il a gagné plein d'argent avec ses deux films sur une araignée qui se pose plein de questions, il décide de produire un remake au pays du Dollar Levant. Mais comme il est trop occupé et qu'aucun réalisateur américain ne lui semble assez bon, il propose à Shimizu de rempiler derrière la caméra. On réécrit le scénario pour y mettre quelques "stars" américaines (Sarah Michelle Gellar, l'éternelle Buffy contre les vampires et reine de beauté dans le premier Scream ; Bill Pullman (Malice, Casper, Lost Highway, ID4…), mais on garde le décor de Tokyo, car l'histoire fait quand même fortement appel aux traditions japonaises. Cela donne The Grudge. Voilà pour le décor.

Parlons de l'histoire en elle-même. On dit au Japon que lorsque quelqu'un meurt dans un état de colère, ou de rage profonde, l'endroit où il meurt reste imprégné de cette rage, de cette colère. C'est un sujet récurrent dans pas mal d'œuvres japonaises, comme Le Voyage de Chihiro ou certains mangas (Spirale…). Ici, c'est l'histoire d'une femme, Ayako, amoureuse d'un professeur américain, dont le mari découvre la passion secrète. Il la tue dans leur maison, ainsi que leur fils. L'âme d'Ayako éprouve une immense rancœur (celle du titre), et attend 3 ans dans la même maison d'assouvir sa colère. Celle-ci s'adresse à tous ceux qui entrent dans la maison. Comme cette famille d'américains qui vient d'emménager. Ils laissent la mère du mari sous la garde d'une assistante sociale, qui disparaît mystérieusement. En remplacement, on envoie Karen (SMG), jeune américaine qui vient de rejoindre son petit ami au pays des sushis. Elle arrive dans une maison visiblement passée au lave-vaisselle, se bute à la légère démence de la vieille femme qui dit voir une entité démoniaque. Et elle trouve un enfant enfermé avec un chat dans le placard. La malédiction est dès lors sur elle… Et sur d'autres, même s'ils s'éloignent de la maison. Alors bien sûr, on pense à Ring, Dark Water, Hypnose et Scream même par endroits.


Scénario simple, propice à toutes sortes de variations sur les histoires de fantômes à la sauce wasabi. Pas facile à mettre en œuvre, même si l'on est le maître en la matière (Ju-on est encensé par ceux qui l'ont vu). Du coup, Shimizu semble s'ennuyer à refilmer la même histoire. Le premier tiers du film est quand même carrément flippant. Du niveau de L'Exorciste par moments. Quand vous arrivez au terme de ce premier tiers, vous n'avez plus un poil de sec, et votre voisine se moque de vous. Vous pensez pouvoir profiter d'un moment de calme dans le film, quand tout à coup, un rire discordant vous fait à nouveau sursauter dans votre siège ! C'est la blonde à votre gauche. Pendant 10 bonnes minutes, vous essayez de comprendre ce qui a pu la faire rire à ce point, mais vous n'y arrivez pas. C'est aussi ça la magie du cinéma, hein. Bref, revenons à nos makis.

La simplicité du script et les libertés qu'il offre n'ont tout de même pas permis à Shimizu de gommer nombre de raccourcis narratifs. Pourquoi certaines personnes (des policiers, par exemple) ne sont-elles pas touchées par la malédiction ? Pourquoi le fils d'Ayako est-il lui aussi un instrument de vengeance, alors que c'est elle qui est dans une rage folle ? Pourquoi Karen tient-elle aussi longtemps face à ce démon qui démembre Yoko, l'autre assistante sociale, en 3 secondes ? Sans doute faudrait-il regarder le film plus en profondeur, s'immerger dans la culture japonaise pour avoir une idée plus précise et comprendre certaines choses. Mais peut-être que le problème est-il là. La transposition d'un film typiquement asiatique vers un public occidental, même en gardant un décor tokyoïte, doit impliquer une forte perte de symbolisme, de sens, et donc, de cohésion narrative. Car les deux autres tiers du film se révèlent besogneux, lents (malgré les 1h31 du métrage final), et l'on finit presque par se désintéresser par l'histoire, même si l'on sursaute encore de temps à autre. La réalisation de Shimizu est donc nerveuse, serrée, sur le début du film, pour se déliter et ralentir par la suite. Elle est bien secondée par les effets sonores du film, un must incroyable. Le moindre frottement, le moindre souffle exhalé vous donne des sueurs froides. Le film est de ce point de vue très efficace.

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Au niveau de la direction d'acteurs, visiblement la barrière de la langue n'a pas posé trop de problème à l'équipe, car SMG est plutôt convaincante, même si elle reste encore en-deça de ses possibilités, à mon humble avis. De même pour le trop rare Bill Pullman, qui joue un rôle très intéressant. La musique est plutôt bien sentie, les éclairages sont bons. Le film est globalement assez agréable, esthétiquement réussi. Mais le Japon n'a pas encore produit son chef-d'œuvre du genre, réussi tant sur le plan artistique que narratif.

Spooky.

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F
<br /> J'avais adoré, une version qui fou franchement les boules. La version américaine est totalement différente. Mais il y a pas à dire, les Japs ont une manière de tourner qui fait froid dans le dos<br /> pour ce genre de film :)<br />
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S
<br /> <br /> Clairement :)<br /> <br /> <br /> <br />

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