Ces derniers temps j'ai un peu lâché les films Marvel. Hormis les sagas Spider-Man et Black Panther, je ne m'y retrouvais pas vraiment. Trop de personnages (dont certains m'étaient inconnus), des intrigues qui tournent un peu en rond, et puis aussi la Phase 3 qui s'est terminée (ou presque) avec Avengers: Endgame me semblait ne pas vraiment avoir besoin de suite. Mais il restait une franchise que j'avais découvert avec le premier, c'était Les Gardiens de la Galaxie. Cette équipe de bric et de broc, combinant différentes races, avait su m'accrocher, m'émouvoir, et aussi, avouons-le, me faire rire, avec son côté déjanté. Le deuxième opus en revanche, m'a laissé relativement froid, malgré la présence de Kurt Russell, de David Hasselhoff et de Sylvester Stallone au casting pour des rôles d'importances diverses. On y explorait les origines de de Peter Quill, alias Star-Lord, dans une révélation qui... et bien ma foi ne m'a pas vraiment intéressé. Quant à celles des frangines Gamora et Nebula, on en a eu un peu dans plusieurs films, et ça suffisait. Et puis les joutes verbales un brin absurdes entre Mantis et Drax, c'est rigolo un film, un film et demi, mais en faire plus aurait été de trop, d'autant plus que Dave Bautista, en avait un peu soupé du rôle du destructeur un peu bas de plafond... James Gunn avait été viré du MCU pour des vieux tweets pas très malins, et s'était bien occupé en bossant un peu pour la maison d'en face, à savoir DC/Warner, notamment en réalisant The Suicide Squad. Cela ne s'annonçait pas super bien pour ce troisième épisode, mais heureusement Disney a fini par convaincre tout le monde de s'embarquer une dernière fois, en promettant un ultime volet qui resterait dans les mémoires.
J'étais pourtant curieux de voir la conclusion de la saga, dont le raton-laveur modifié Rocket allait être le moteur. Car au-delà de la bestiole enragée qui adore défourrailler se trouve une créature au destin d'une tristesse immense. Et les producteurs et les scénaristes l'ont bien compris, puisqu'au cours d'une intrusion de leur repaire par un certain Adam Warlock, celui-ci se trouve dans le coma, et que ses amis vont tout faire pour essayer de le sauver. Pour cela ils doivent récupérer une sorte de carte-mémoire chez la société qui a modifié Rocket, et on se doute bien que Gamora, qui a pourtant quitté les Gardiens après sa mort-résurrection due à Thanos, va jouer un rôle non négligeable dans le processus. On perd un peu de vue les enjeux en cours de route, car le scénariste-réalisateur James Gunn va utiliser une part non négligeable du temps imparti pour nous raconter la genèse de Rocket, de bébé raton-laveur servant de rat de laboratoire, à celui de combattant super-vénère alors qu'il était justement d'un caractère doux...
Pari gagnant parce qu'avec cet arc narratif, le réalisateur a été honoré par l'association PETA, au sujet de la cruauté des expérimentations sur les animaux. Le plaidoyer est vibrant, et tout cet arc est déchirant. Complètement. Mais chacun des personnages principaux a son enjeu, qui est résolu -un brin rapidement pour chacun- à la fin, ce qui donne une "vraie" fin à la série. Autre élément important dans l'action : la relation douce-amère entre Peter Quill et une version alternative de la Gamora qu'il aimait. Le capitaine des Gardiens arbore ainsi régulièrement une mine triste, ayant perdu presque toute sa joie de vivre. Pour l'occasion Gunn a mis en face des Gardiens un méchant typique de Marvel : mégalomane, sans réelle nuance ni épaisseur. Il faut dire qu'avec une petite dizaine de personnages dont il faut régler la situation, il n'avait pas trop de place, ce pauvre Maître de l'Evolution. Idem pour Adam Warlock, annoncé depuis le second film, il n'a droit qu'à quelques mini-séquences et à une dimension comique quand il s'exprime, ce qui est une réduction presque criminelle au personnage des comics.
Au début du film, alors que l'équipe de Star-Lord a désormais -littéralement- pignon sur rue, celle-ci se déchire, chacun songeant à son cas, et le ton est profondément mélancolique (au passage, la bande-son est encore incroyable, avec une version de Creep de Radiohead tout à fait indiquée). Comme le dit lui-même Gunn au cours d'une interview, tout l'équipage du Milan (puis du Bowie -bel hommage) est constitué de marginaux, de personnages qui ne se sentent pas à leur place. Mais qui se retrouvent unis grâce à leurs failles, leurs doutes, leurs histoires dramatiques.
Bien sûr, les effets spéciaux tiennent une place énorme dans le film : entre une planète organique, des animaux à qui on a greffé des éléments métalliques (et pas dans le style Toy Story, c'est nettement plus crade, ce qui rajoute encore au mélange dégoût/chagrin qu'on a pendant toutes les séquences où le Rocket modifié est emprisonné), mais aussi un méchant à la peau tirée façon RoboCop (référence assumée par une réplique de Quill), on a même droit à un film un brin nauséeux, ce qui n'était pas encore arrivé dans cet univers cinématique.
Le meilleur Marvel (parmi les 32 sortis à ce jour) ? Probablement pas, le premier et les deux derniers Avengers sont quand même de haut niveau. Mais le plus émouvant, le plus remuant avec Black Panther 2, jouant sur d'autres sujets. A noter la présence sympathique d'un acteur qui se fait rare, Nathan Fillion (the Rookie, Serenity, la série Castle...).
Spooky.