La vision au cinéma de Seul sur Mars, réalisé par Ridley Scott, lm'a donné envie de lire le roman original, écrit par Andy Weir, lequel a un peu galéré pour trouver un éditeur à une certaine époque.
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, le roman contient beaucoup plus de choses qu'un film, et s'avère encore meilleur, essentiellement grâce à cette quantité. En effet Andy Weir a truffé son histoire de détails techniques et scientifiques, que Scott et ses scénaristes ont dû abréger, pour des raisons évidentes. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à notre mouton, à savoir Mark Watney.
Celui-ci fait partie d'une mission spatiale, baptisée Arès 3, qui consiste en du travail d'échantillonnage et d'exploration de Mars par six astronautes. Hélas, au cours d'une impressionnante tempête, cinq d'entre eux se réfugient dans le module de décollage et doivent finalement partir en urgence, laissant pour mort Mark Watney, après qu'il ait été empalé par un piquet de l'antenne de communication et que ses capteurs de signes vitaux aient cessé de fonctionner. Mais celui-ci survit, et réussit à rejoindre le camp de base de l'équipe, épargné par les éléments, où il commence à s'organiser, dans l'attente d'une prochaine mission habitée pour Mars, programmée pour deux ans et demi plus tard. Botaniste de formation, il va d'abord essayer de produire sa propre nouriture, puis tenter de trouver un moyen de rétablir le contact avec la Terre, gérer l'oxygénation de son espace de vie... Je vous passe les détails.
J'ai eu une grosse crainte au cours de la première partie du bouquin. Qu'il ne soit en fait qu'un monologue ponctué de calculs scientifiques tous plus abstrus les uns que les autres. Heureusement Weir a fait de Watney un joyeux lurion, capable de maudire la NASA en direct ou de se plaindre des goûts musicaux de son commandant de mision. C'est un scientifique compétent, mais capable de se tromper, et de frôler la mort par négligence. Au bout de 70 pages nous basculons sur Terre, au sein de la NASA, d'abord effondrée par la supposée mort de son employé, puis, après avoir découvert, grâce aux observateurs satellitaires toujours disposés autour de la planète rouge, qu'il était encore vivant, engagée dans le processus d'aide à la survie de Watney.
La NASA n'est pas seulement vue sous l'angle de l'administration monolithique, mais aussi et surtout sous celui d'une somme d'individualités et de talents capables de parer à toute éventualité. Et là encore, la différence entre techniciens (geeks, forcément), politiques et communicants est très marquée, même si j'aurais aimé voir plus largement les membres du Congrès et le grand public. Les media sont aussi présents, mais leur implication reste largement bienveillante.
Et puis il y a l'équipage de l'Hermès. Les coéquipiers de Watney sur le chemin du retour vers la terre (qui durera un an) que la direction de la NASA choisit de NE PAS informer d'une solution l'impliquant directement au sujet du sauvetage de leur ami. Cinq astronautes ultra-compétents, mais traumatisés par l'épisode martien, qui vont prendre une décision radicale.
Au milieyu de toute cette gravité, Weir a réussi à placer de l'humour, forcément salvateur et même quelques répliques cultes, d'ailleurs reprises dans le film de Scott. L'énorme clin d'oeil geek à Tolkien est d'ailleurs présent dans le roman.
Andy Weir ne ménage pas son personnage principal. A peu près tout ce qui peut arriver de pire sur Mars lui tombe sur le coin de la figure en l'espace de deux ans. Sur Hermès, la vie doit se réorganiser pour la prolongation de sa mission. Et ça ne rigole pas, la durée de vie du vaisseau étant prolongée, et même plus que doublée. Le réalisme est donc bien présent, pour couronner une histoire vraiment plaisante, et même passionnante par endroits.
Spooky