Jean-Christophe Grangé a fait parler de lui en 1998 avec les Rivières pourpres, un polar nerveux adapté au cinéma par Mathieu Kassovitz deux ans après. De l'eau, ou plutôt du sang, a coulé sous les ponts et sa plume depuis, et nous voilà avec Lontano, son onzième roman, petit bébé de 777 pages et un kilo même pas tout mouillé.
Le père est le premier flic de France. Le fils aîné bosse à la Crime. Le cadet règne sur les marchés financiers. La petite soeur tapine dans les palaces. Chez les Morvan, la haine fait office de ciment familial. Pourtant, quand l’Homme-Clou, le tueur mythique des années 70, ressurgit des limbes africaines, le clan doit se tenir les coudes.
Nous voilà donc dans une histoire quelque peu étrange, qui commence par la mort accidentelle d'un apprenti pilote lors d'une séance de bizutage qui tourne mal en Bretagne, et se termine dans les appartements parisiens, en passant par la brousse de la République Démocratique du Congo, les quartiers chics de Florence ou les couloirs froids de l'Université Libre de Louvain-la-Neuve, en Belgique... Les personnages de Grangé accumulent les miles pour retrouver l'auteur d'une série de meurtres à forte consonance rituelle, les victimes étant retrouvées avec des clous et des éclats de verre incrustés dans tout le corps... La solution semble pourtant entrer en résonance avec l'histoire de l'Homme-Clou, un tueur en série sanguinaire qui a enflammé le coeur de l'Afrique au début des années 1970, et dont le père Morvan fut le rédempteur. Mais le Vieux, comme l'appellent ses enfants, ne livre pas tous ses secrets à son aîné Erwan, enquêteur émérite de la Crim', qui doit jongler entre de multiples pistes, des faisceaux discordants, mais aussi des affaires familiales complexes...
Grangé nous plonge dans une intrigue aux implications nombreuses, imbriquant vie privée et vie professionnele du flic-héros, mais cette fois-ci, les deux sont -presque- intimement liées. A la fin de ce gros pavé toutes les questions ne sont pas encore complètement réglées, ce qui laisse penser qu'une suite pourrait voir le jour. Il faudra bien ça car le personnage de Grégoire Morvan est loin d'avoir livré tous ses secrets, lui la barbouze de la République. C'est prenant, quasiment de bout en bout, mais la longueur du bestiau oblige tout de même le lecteur à faire des pauses, sous peine de mourir de faim.
Fortement recommandé, j'ai hâte de lire d'autres romans de l'auteur.
Spooky