Sacrée découverte dans un grand restaurant de Blankenberge, sur la côte belge : le corps sans vie d’une (très jolie) femme au fond d’un vivier à homards. Sur sa fesse gauche, un mystérieux tatouage, la lettre M en caractère runique, emblème d’un groupuscule d’extrême-droite. Le commissaire Van In et le fidèle Versavel se lancent sur ses traces pour se retrouver au cœur d’une véritable guerre entre catholiques intégristes, cellules islamistes et néo-nazies…
Dans le cadre de ma découverte du polar dans tous ses états (et ses Etats), j'ai croisé la route de cet auteur flamand, qui place l'action de ses romans dans Bruges, très belle ville que je vous recommande en passant. Mais comme toutes les grandes villes, elle peut abriter des meurtres sordides, et ceux qui sont décrits ici n'ont rien à envier à d'autres cas célèbres (ou pas). On découvre les bas-fonds de la Venise de Nord, on se balade en voiture ou à pied (après tout, c'est plutôt petit) avec Van In et Versavel, parfois flanqués d'Hannelore, l'épouse du premier et juge d'instruction de son état. Van In boit plus que de raison, souvent de la Duvel, fume clope sur clope (mais essaie d'arrêter) et n'hésite pas à reluquer les jolies femmes que les hasards des enquêtes placent sur son chemin, fussent-elles suspectes. Son adjoint Versavel est lui gay, boit très peu d'alcool, et essaie de servir de bonne conscience à son collègue et ami, sans toutefois y arriver véritablement.
L'écriture de Pieter Aspe, qui livre ici son 15ème roman consacré à Van In, a une plume rapide, alerte et non dénuée d'humour, surtout lorsque Van In est placé face à ses démons. On découvre un peu l'actualité sociale en Belgique, notamment au travers de la montée de l'Extrême Droite. A noter que le mot Belgique n'est présent qu'à seulement une ou deux reprises dans le texte, l'auteur parlant surtout de Flandre occidentale. Je trouve toutefois qu'il ne va pas assez en profondeur, qu'il pourrait être encore plus dynamique et acerbe, que ce soit concernant le commissaire ou les intrigues policières qu'il développe. C'est dommage, car la ville de Bruges doit permettre à de vrais récits empreints de noirceur de se développer. De plus la fin de ce roman m'a parue un peu trop précipitée, la conclusion tenant en un paragraphe ou presque. J'y reviendrai sans doute, toutefois, car les personnages sont sympathiques.
Spooky