Le capitaine Colter Stevens est déconcerté. Lui, pilote d'hélicoptères en mission en Afghanistan, se réveille dans un train, la peau d'un autre et quelques minutes avant que ledit train n'explose, faisant des centaines de morts. Et se re-réveille dans un étrange caisson, avec un écran où il voit un officier lui expliquer qu'il a été choisi pour démasquer le terroriste ayant déposé la bombe dans le train ; et que pour ce faire il inaugure un programme militaro-scientifique appelé le Code source, qui pendant 8 minutes lui permet d'être transféré dans le corps d'une autre personne. Avant de le renvoyer, à nouveau, dans le train. Et à nouveau, jusqu'à ce qu'il accomplisse sa mission. Mais le temps presse pour le "vrai" Colter, car la vérité est bien plus vertigineuse...
C'est suite à une discussion sur Moon par le biais de facebook qu'on m'a conseillé ce second long-métrage de Duncan Jones. Il est vrai que sa maîtrise de la narration et son attachement aux personnages m'avait beaucoup plu dans son thriller spatial. Ici nous sommes sur le plancher des vaches, mais l'argument est à nouveau science-fictionnesque. Alors bien sûr, dès qu'on touche au voyage dans le temps, les puristes vont crier aux paradoxes, aux incohérences... Mais en même temps c'est un peu vain, puisque le voyage dans le temps n'existe pas, ou alors on nous cache des choses.
Bref, vous l'aurez compris, l'argument est simple, le sujet porteur (on est un peu dans une intrigue mêlant Déjà vu, Minority Report ou encore Inception, voire Edge of Tomorrow). Excusez les références. Mais même si le film de Duncan Jones ne bénéficie pas des moyens des films précités, il n'en reste pas moins efficace, grâce à l'ingéniosité de Jones (déjà éprouvée sur Moon) et au jeu franchement brillant de Jake Gyllenhaal (le Secret de Brokeback Mountain, Prisoners, Zodiac, ou encore Donnie Darko), qui, disons-le, tient quand même beaucoup le film sur ses épaules. Il est bien entouré, par Michelle Monaghan (Mission: impossible 3 et 4, Kiss kiss, bang bang, la Mort dans la peau...), à croquer en amie du gars du train, Vera Farmiga (Les Infiltrés et la série Bates Motel), ou encore Jeffrey Wright (Hunger Games - l'embrasement, Quantum of Solace ou Broken Flowers). Peu de personnages dans le film, l'essentiel de l'action se déroulant dans un train, rempli de figurants.
Autre atout du film, sa capacité à sortir du côté "mission" initialement posé, à partir dans d'autres sphères, dont la philosophie pourrait s'emparer, et qui lui permet de s'élever au-dessus du thriller de qualité pour en faire un classique plus général. Et dans son dernier segment, il se permet même d'être touchant. La grâce.
Spooky