Je l’attendais ce nouveau film…
Et pour plusieurs raisons, bonnes ou mauvaises, je vous laisse juger. D’abord parce que la série X-Men au cinéma est l’une des plus rentables et des plus populaires, loin tout de même des mastodontes comme Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter ou Star Wars. Ce succès s’explique par la grande qualité du premier film, qui a relancé la mode des adaptations de comics de super-héros à Hollywood, une mode qui perdure ; une mode marquée par une exigence de qualité, pas toujours au rendez-vous ceci dit, même si le second film était également très bon. Parce que les deux dernières productions, X-Men 3 et X-Men Origins: Wolverine, ont été des grandes déceptions. Parce que ce nouveau film marque le retour « à la maison » de Bryan Singer, scénariste et réalisateur des deux premiers volets, en tant que producteur et auteur de l’histoire originale, après s'être fourvoyé avec un autre super-héros. Et enfin, et c’est peut-être la plus importante, parce que les destinées des jeunes pousses mutantes on été confiées aux bons soins d’un jeune réalisateur qui a marqué les esprits avec son film précédent, Kick-Ass, émargeant déjà dans le sous-genre des héros qui portent des slips par-dessus leurs collants.
Et puis, mais là c’est une coïncidence, j’ai eu la chance de participer récemment à une visio-conférence avec Stan Lee, créateur des comics des X-Men et d’autres personnages du même acabit ; désamorçons tout de suite la question vient à votre esprit : non, Stan (oui je l’appelle Stan, on est intimes maintenant) ne fait pas de caméo dans ce film.
Et maintenant que vous avez relu la moitié de mon blog en suivant les tonnes de liens que je mets dans tous les sens, je vais vous parler du dernier film de Matthew Vaughn. X-Men : First class revient aux origines de l’histoire des X-Men. Comme lors du premier film, nous avons la scène douverture dans un camp de concentration en Pologne, losque la colère et le chagrin révèlent à Erik Lensherr, jeune homme du ghetto juif, ses pouvoirs lui permettant d’agir sur le métal. Lorsqu’il tombe aux mains du Dr Schmidt, alias Sebastian Shaw, savant à la solde des nazis qui souhaite utiliser ce pouvoir, sa rage et sa haine éclatent. Parallèlement nous découvrons l’histoire de Charles Xavier, jeune aristocrate de l’Etat de New York, qui trouve dans sa cuisine une fillette effrayée et affamée qui se cache sous différentes apparences. Raven deviendra plus ou moins sa sœur adoptive, et l’accompagnera par la suite dans ses actions en faveur d’un monde meilleur, où mutants et humains pourront cohabiter. C’est son pouvoir de télépathie qui permet à Xavier de lire les pensées et d’influer sur les actes d’autrui.
X-Men Le commencement (titre un peu mièvre de la VF) est basé sur les comics Uncanny X-Men (1963) et X-Men: First Class (2006). En 1962 le monde est au bord du chaos : la guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie s’apprête à franchir un nouveau pas avec l’acheminement en cours de missiles russes vers Cuba. Une action soufflée aux autorités soviétiques par Sebastian Shaw, avide d’un monde nouveau, dévolu aux mutants après l’extinction de la race humaine par une guerre nucléaire. Xavier et Raven sont alors recrutés par la CIA, et bientôt l’évidence du recrutement d’autres mutants se fait jour…
Passons sur les éventuelles incohérences historiques que ce scénario induit, pour nous concentrer sur le récit, qui est l’occasion d’assister à des moments importants : la rencontre d’Erik et Charles, la lutte contre Shaw et sa sculpturale assistante, Emma Frost (elle aussi télépathe, mais qui a en plus la possibilité de se transformer en glace pour se protéger), le recrutement de la toute première équipe de ce qui deviendra les X-Men, l’accident qui prive Xavier de l’usage de ses jambes, le positionnement de certains mutants… On voit également la première version de Cerebro, l’appareil amplificateur d’ondes mentales qui permet au généticien de localiser les mutants à distance, la salle des dangers, où les jeunes recrues peuvent s’exercer… Un vrai bonheur pour un fan de super-héros…
L’un des enjeux du film était de réussir l’interaction entre Erik Lensherr et Charles Xavier. Les divergences d’opinion sur la place à accorder aux mutants dans la société entre les deux amis se fait jour, et je dois dire qu’il fallait bien choisir leurs interpètes, car une partie du film reposait sur leurs épaules. J’ai découvrt respectivement Michael Fassbender et James Mc Avoy sur ce film. Mc Avoy, acteur britannique –un atout qui lui permet d’incarner le très élégant et classieux Pr Xavier-, n’a pas encore trop fait parler de lui, mis à part dans Le dernier roi d’Ecosse et le premier Wanted de Timur Bekmambetov ; Fassbender, lui, est allemand, et il rencontre le succès dans Frère d’armes, la superbe série produite par Spielberg et Tom Hanks (dans laquelle apparaît aussi Mc Avoy d’ailleurs, ce qui, en plus de l’exil précoce en Irlande de Fassbender, explique peut-être sa complicité à l’écran avec son principal partenaire), puis 300 et Inglourious Basterds. Tous deux sont parfaits, et je ne vois pas la suite des aventures des X-Men sans eux. Dans le rôle de l’ignoble Sebastian Shaw on retrouve Kevin Bacon, acteur que j’ai toujours apprécié depuis que je l’ai vu dans Footloose il y a 25 ans. Très bon dans des rôles tourmentés, il apporte sa puissance d’évocation au premier mauvais mutant. A noter qu’il avait déjà eu des pouvoirs surnaturels dans Hollow man, de Paul Verhoeven, et confronté à de drôles de phénomènes dans le méconnu Hypnose.
Et puis la franchise X-Men c'est aussi une histoire sur la souffrance, l'acceptation de soi et des autres. Une phrase de Bryan Singer résume bien cet esprit : "J’ai toujours été fasciné par le concept d’intégration par opposition à l’agression – et par l’idée que le mouvement pour les droits civiques d’hier deviendrait le mouvement pour les droits des mutants de demain."
[ATTENTION RISQUE DE SPOILERS]
Avec ce film, Magneto et le professeur Xavier acquièrent une nouvelle profondeur déjà effleurée dans le premier film (merci encore Bryan Singer !). Xavier, qui est très froid, voire calculateur dans les premiers films, révèle sa vraie nature, plus expansive, plus charismatique dans ce prequel. La façon dont il peut ressentir la mort de Shaw par Erik est relatée et montrée de façon très organique, vraiment bien foutue. Sa relation avec Moira, l'agent de la CIA rattachée aux futurs X-Men, rajoute une autre dimension. Mais je vais y revenir. Oui, Charles Xavier est... humain. Humaniste aussi. Lensherr, alias Magneto, est exposé encore plus en profondeur, on comprend, si on ne cautionne pas, ses actes. On a aussi, au travers de Hank Mc Coy et Raven Darkholme, deux jeunes gens qui ont honte de leur apparence, et qui souhaitent s'en affranchir, définitivement. L'amorce d'une réflexion sur l'acceptation de soi, sur la condition d'adolescent...
A l'instar du film de 2000, les scénaristes ont panaché plusieurs générations de X-Men pour cionstituer leur équipe. Le Fauve, le seul non encore utilisé dans les films, fait partie du lot cette fois-ci. Mais le personnage, disons lorsqu'il "agit" en tant que mutant, est pour moi le moins réussi dans cet opus. Non pas tant au niveau de la personnalité (en plus son interprète, Nicholas Hoult -encore un britannique- apporte beaucoup de charisme et de sensibilité à son personnage), mais au niveau du look et des déplacements. Mais comme il n'est pas vraiment utilisé, mis à part pour une scène qui lui est bien particulière, cela ne gâche pas le film.
D'autres mutants font bien sûr leur apparition : le maléfique Sebastian Shaw, qui a la faculté d'absorber l'énergie et de la retourner de façon meurtrière, sa complice Emma Frost, dont on a déjà parlé ; ils sont accompagnés d'Azazel, sorte de diablotin capable de se téléporter (comme Diablo, qui rejoindra plus tard les X-Men) et de Riptide, qui peut créer des ouragans (un personnage dont je n'ai pas trouvé trace dans l'histoire des X-Men, même parmi leurs ennemis). Parmi les jeunes mutants détectés et recrutés par Xavier, on trouve Darwin, capable de s'adapter à toutes les conditions pour survivre, Havok, qui absorbe les rayons cosmiques et les renvoie en ondes destructrices, Angel, qui n'a pas grand-chose à voir avec son homonyme membre fondateur des X-Men (et honteusement sous-exploité dans X-Men 3), Le Hurleur, qui peut utiliser ses formidables capacités vocales pour détruire les obstacles ou se propulser dans les airs, et bien sûr Mystique, attachée à Xavier depuis sa tendre enfance.
Un panachage voulu pour proposer un équilibre entre les différents membres (comme lors du premier film), et qui fonctionne assez bien. Le personnage du Hurleur par exemple est bien utilisé, et son interprète, un sosie du personnage de Ron dans la saga Harry Potter, va bien au-delà de l'image de grand benêt grimaçant que l'on aurait pu attendre de lui. La plupart des jeunes acteurs du casting sont plutôt convainquants, y compris les deux bimbos incarnant Frost et Raven/Mystique. On trouve également dans les rôles de troisième zone des acteurs connus comme Oliver Platt, le Man in Black, James Remar en général américain dépassé par les évènements et bien sûr Hugh Jackman et Rebecca Romijn dans les rôles qui les ont rendus célèbres.
Mention toute spéciale pour les trois mentors qui apparaissent dans ce film, et interprétés de main de maître par Mc Avoy, Fassbender et Bacon.
Avec trois films dans la série principale et un prequel racontant la genèse des élèves de Xavier, on a peut-être l'impression d'avoir fait le tour de cet univers. Que reste-t-il à raconter ? Quels sont les évènements clés de la saga ? La mort de Moira, fiancée de Xavier, est elle aussi un acte fondateur. De là à en faire un film, il y a un gouffre. La constitution de la première confrérie de Magneto ? C'est vrai que voir Vif Argent et la Sorcière rouge serait intéressant, même si à la fin du film dont nous parlons Magneto a un embryon d'équipe. X-Men: First class serait le premier d'une trilogie préquelle, il y a donc de la matière de prévue. Si Vaughn reste aux commandes, je vote oui tout de suite. Quand on pense qu'il aurait dû réaliser X-Men 3...
En tous les cas on sent la patte de Singer presque tout au long du film. Dans la façon d'aborder les personnages, la narration, dans certains plans aussi ; c'est bien simple, j'ai eu l'impression par moments que ce film a été tourné en 2000, juste après le premier.
Les effets spéciaux sont réussis, mise à part la séquence d'échouage du sous-marin, dont le caractère numérique m'a semblé trop présent pour être véritablement crédible. Matthew Vaughn est bien évidemment à l'aise avec les CGI, et peut se permettre pas mal d'effets. Il a mis un peu du ralenti lors d'un combat style Kick-Ass dans une séquence, mais l'effet est suffisamment court pour que l'on ne soit pas gêné. Le montage est très bon, pas de très courts flashes à la Michael Bay même si le récit propose de courtes séquences concernant l'entraînement des jeunes mutants. C'est lors de ces scènes -mais pas seulement- que la narration se permet quelques touches d'humour bienvenues. A propos d'humour, l'apparition fugace de celui que l'on appellera plus tard Wolverine a déclenché une vague d'hilarité dans la salle de cinéma.
Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce nouvel opus de la franchise mutante. Tout y était : la maîtrise technique, la narration, le traitement des personnages, une dose d'effets spéciaux (quand même), l'interprétation... A voir, sans hésitation.
Spooky.