Tik-Tok est un robot ménager, capable d'accomplir toutes les tâches que requiert l'entretien d'une maison. Mais Tik-Tok rêve de devenir plus humain, de prendre des initiatives, d'éprouver des émotions. Alors un jour Tik-Tok tue une jeune aveugle de son quartier, et maquille le crime en disparition, tout en faisant accuser un marginal. Et le meurtre lui donne l'occasion de réaliser une fresque murale chez ses propriétaires, point de départ d'une carrière très particulière...
Au départ je pensais que ce roman était un peu ancien, qu'il se plaçait dans une mouvance un peu vintage, en parallèle aux Robots d'Isaac Asimov (1950), lequel recueil posa les bases de toute une partie de la littérature de SF, et même de la science robotique. Mais au fil de ma lecture, en voyant les références faites, justement, à l'oeuvre d'Asimov (les robots ont des "circuits asimov", lesquels leur permet de ne pas transgresser les fameuses Trois Lois*), et un ton relativement modernes, je me suis rendu compte que ce roman n'avait pas plus de 30 ans. Le thème principal est bien sûr le libre-arbitre, lequel est matérialisé par un récit à la première personne, écrit par Tik-Tok lui-même dans une confession en forme de rédemption.
C'est bourré de références, traité sur le ton de l'humour carrément foutraque (une version technologique d'un inventaire à la Prévert sous acide), et parfois on s'y perd un peu. Car ce côté joyeusement portnawakesque se traduit parfois par des listes sans aucune cohérence, amenant le lecteur à la limite de lâcher l'affaire par moments. Mais Sladek réussit à compenser par un traitement distancié -mais jamais perdu de vue- de son thème central, celui d'un personnage qui devient fou en voulant devenir humain. Tik-Tok vit des aventures assez trépidantes, et l'alternance de parties "passé éloigné" et "passé récent", malgré un schéma un peu embrouillé, donne un récit assez vivant.
Une curiosité, mais qui pour moi ne dépasse pas les oeuvres d'Asimov lui-même (pour l'ampleur et la cohérence) et de Fredric Brown (pour l'humour décalé).
Spooky
* Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » ; Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ; Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »