Dans le cadre de ma session de rattrapage des gros films fantastiques de ces derniers temps, et en particulier des Marvel, il fallait que je passe par la case Thor. Le film étant entouré d'une réputation de daube presque absolue, j'avais un peu peur de perdre deux heures... Je serai pour ma part un peu plus nuancé.
En effet il me semble que le script, même s'il n'est pas des plus complexes, loin de là, propose tout de même une introduction correcte à l'univers du Thor de Marvel, et une intégration que je qualifierai de correcte à la mythologie des Avengers au cinéma. Ainsi en apprend-on plus sur la rivalité de Thor et son frère Loki, laquelle se fait jour au moment où leur père, Odin, le roi des dieux, doit abdiquer en faveur de Thor. Mais l'intrusion de Géants du Froid, une peuplade longtemps longtemps adversaire du peuple asgardien, suspend la cérémonie, et la fougue avec laquelle Thor essaie de pourchasser leurs ennemis (avec lesquels une trêve avait pourtant été conclue), amène Odin à bannir son fils aîné du royaume des dieux et à le priver de ses pouvoirs. Le géant blond atterrit sur notre Terre, reliée à Asgard par les racines d'Yggdrasil, le Frêne des mondes. Il échoue sur les installations d'une équipe de scientifiques dont une, Jane Foster (incarnée par Natalie Portman), s'entiche rapidement de ce géant un peu gauche mais teeeeeellement gentil. Thor se rend compte de la perte de ses pouvoirs (il n'a plus sa force thorine, en gros) et se demande bien ce qu'il va faire sur ce monde étranger, tandis que Loki apprend son histoire au chevet de son père, dont il prend la place, coupant à Thor toute possibilité de revenir à Asgard. Concomittamment le marteau de Thor, Mjöllnir, échoue lui aussi dans le désert du Nouveau-Mexique, et une division du Shield, dirigée par l'agent Coulson, s'y intéresse de près.
Kenneth Branagh a réalisé le film. Un choix qui peut surprendre, car l'acteur et réalisateur est connu pour le côté shakespearien de son oeuvre, et ce n'est pas sa partition dans plusieurs Harry Potter qui infirmera cette réputation. Je pense que c'est peut-être le dernier réalisateur que j'aurais vu réaliser une adaptation Marvel, avec Cédric Klapisch. Mais je pense que ce choix s'explique par le fait qu'une partie de l'histoire se déroule sur Asgard, avec plein de dieux et demi-dieux, et que qui dit dieux, dit tragédie, dit déclamations ampoulées, dit costumes clinquants... Du bling-bling il y en a, car Asgard est toute d'or vêtue, et les costumes d'Odin et consorts sont... étrangement kitsch. Sauf que les moguls de marvel, au travers de leurs scénaristes J. Michael Straczynski et Mark Protosevich, proposent une vision "moderne" de l'histoire de Thor, avec une moitié de l'hisoire, et même les deux tiers, se déroulant sur Terre. Du coup ce clinquant est un peu effacé, et ce n'est pas plus mal. Mais alors, me direz-vous, comment se débrouille Branagh ? Eh bien pour les parties asgardiennes, il semble à son aise, même si les dialogues sont assez modernes et secs. Dans les scènes d'action, c'est filmé sans génie, assez platement.
Mais pourquoi, POURQUOI la moitié au moins des plans est-il réalisé avec la caméra de travers ? Je veux bien que ce soit pour faire style "regardez, c'est swag, personne ne fait comme ça, ahahahahahah". Sauf que ça ne sert à RIEN, ça ne se justifie jamais. La plupart du temps cette inclinaison de 30° intervient sur des scènes "calmes", des plans américains. Ça déstabilise le spectateur, croyez-moi... Et parfois, Branagh fait tourner sa caméra autour de ses acteurs, quand ils sont en groupe par exemple. Sauf qu'il ne le fait pas en un seul mouvement, mais en deux ou trois, ce qui casse la dynamique de l'idée. N'est pas Joss Whedon qui veut.
C'est dommage, parce que les acteurs ne sont pas si mauvais. Chris Hemsworth a tout de même un peu de charisme, même si je le trouve trop expressif pour un dieu nordique. Ok, il est face à Natalie Portman, qui elle est juste à croquer. Loki est interprété par Tom Hiddleston, qui est assez effacé au début, mais monte en régime au long du film (pour être au top dans Avengers). Autour d'eux, des seconds rôles tenus par Anthony Hopkins (Odin), Stellan Skarsgard (le chef de Natalie Portman) ou encore Idriss Elba (Heimdall, le gardien du Bifrost, le pont menant à Asgard). Des rôles totalements impavides, pour des comédiens qui ont prouvé leur valeur par ailleurs. Dommage.
Thor n'est pas une daube absolue, mais c'est quand même un joli plantage, avec une direction d'acteurs assez défaillante, des choix artistiques déiscutables. Je pense que l'erreur de casting est de la faute des producteurs, qui ont choisi le pire metteur en scène dans cette situation.
Spooky