« Aujourd’hui encore, je ne sais pas pourquoi je suis monté dans cette voiture. Sans doute parce qu’un autre que moi en avait décidé ainsi. Je sais juste que la portière s’est ouverte, la portière s’est refermée. Entre les deux, j’ai eu le temps de m’asseoir et de boucler ma ceinture. »
Quand deux paumés décident de jouer aux cow-boys sur des routes où les pompes à essence ont remplacé les Indiens, cela donne une course folle et déjantée entre Bordeaux et Montélimar, soient 4000 kilomètres en dents de scie à manger des sardines à l’huile et des gâteaux secs, à foutre le feu aux forêts et à vider un fusil pour secouer le décor…
C'est sûr, voilà un road-movie assez déjanté... Aux commandes, Sébastien Gendron, qui a écrit un tome du Poulpe, un habitué des récits qui vous remuent les tripes. Ici les deux paumés sont vraiment à baffer presque du début à la fin, même si on se doute que Vincent suit Carell dans sa cavalcade idiote parce qu'enfin il se passe quelque chose dans sa vie, et tant pis si ça doit se faire à coup de chevrotines, et à bord d'une longue liste de bagnoles volées... Au cours de leur errance, les deux couillons (Carell est un modèle de compétition) vont croiser la route d'une pute plus de la première fraîcheur, d'une secte millénariste, d'un dabiste à crampons, d'une infirmière attachante et de bien d'autres personnages assez croquignolets...
La plume de Gendron est alerte, nerveuse, sa langue est très moderne sans être faussement à la page, et les éructations langagières de Carell sont entrecoupées d'expressions relevant du patois bordelais. Forcément, ça me parle, c'est ma région d'origine. Le roman démarre sur les chapeaux de roues, mais semble connaître des défaillances vers la moitié, j'ai un peu l'impression que Gendron a voulu mettre beaucoup de péripéties en peu de pages, et du coup le mécanisme de grippe un peu. Il y a aussi un peu trop de personnages (un ou deux...) pour que ce soit réellement maîtrisé. Mais c'est une lecture qui fait passer un bon moment, on se délecte à lire les ennuis que se créent tous seuls ces abrutis intersidéraux que sont Vincent et Carell.
Pas une lecture exceptionnelle, mais la découverte d'un jeune auteur qui a probablement beaucoup d'avenir...
Et je me rends compte que ce récit plairait peut-être à Stéph...
Spooky