Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
...:::Ansible:::...

...:::Ansible:::...

Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

http://www.unificationfrance.com/IMG/jpg/tolkien_-hobbit_broche_nlle-trad_hd.jpg

 

Totalement par hasard (mais si, mais si, croyez-moi), je suis tombé sur la page d'éditeur consécrée à la nouvelle traduction de Bilbo le Hobbit, premier roman de JRR Tolkien, et considéré (oui, je fais des raccourcis) comme le prologue du Seigneur des Anneaux. Et là... c'est le drame. Voici en effet l'argumentaire :

Le hobbit Bilbo Bessac mène une vie tranquille, sans grande ambition, s'aventurant rarement au-delà de son logis, à Cul-de-Sac. Son existence se trouve soudainement perturbée par l'arrivée du magicien Gandalf qui, accompagné de treize nains, l'entraîne dans un long et improbable périple en direction de la Montagne Solitaire. Ils ont en effet pour dessein d'aller dérober le trésor de Smaug le Puissant, un énorme et très dangereux dragon...

 

Attendez une minute...

 

Bilbo BESSAC ? Où est passé le Bilbon Sacquet que tous les lecteurs francophones connaissent depuis 1969 grâce à Francis Ledoux ? Certes, une nouvelle traduction, révisée, était nécessaire, ne serait-ce que pour corriger les nombreuses incohérences de la première. A cet effet les Editions Christian Bourgois avaient mobilisé un groupe de lecteurs, chargés de signaler ces soucis, avant de demander à Daniel Lauzon de retravailler l'ensemble, sous la supervision de Vincent Ferré. Mais de là à changer les noms, il y a un gouffre... Du coup j'ai un peu secoué le cocotier sur facebook, mais aussi fureté du côté de certains forums spécialisés.

 

Voici par exemple l'extrait d'un témoignage de Daniel Lauzon (le "nouveau" traducteur, donc) :

Pour répondre à la question qui a été posée, et faire suite au message concernant la quatrième de couverture publiée sur le site de C. Bourgois, je confirme que la nouvelle traduction du Hobbit proposera des noms francisés.

On se rappellera que Tolkien, à l'époque des premières traductions du SdA, s'était opposé à ce que les toponymes de la Comté soient traduits, afin de conserver « l'anglicité », proposition que les traducteurs n'ont pas retenue, à tort ou à raison. Tolkien a alors changé son fusil d'épaule et produit un Guide à l'intention des traducteurs, très bien fait, quoique incomplet. Partant du principe que les noms anglais sont en fait une traduction du parler commun (voir l'Appendice F du SdA), Tolkien invite le traducteur à trouver un équivalent dans la langue cible en tenant compte des origines étymologiques de chaque nom ; il spécifie également les noms à ne pas traduire (ceux d'origine elfique, naine – ou rohirrique, représentés par le vieil anglais). Ce principe ouvre une voie très intéressante que la plupart des traducteurs (à ma connaissance) ont suivie. Sauf, justement, Francis Ledoux dans sa traduction du Hobbit. (On montré que, pour le SdA, Ledoux a suivi le Guide produit par Tolkien.)


Personnellement, quand je pèse le pour et le contre, la francisation des noms, malgré toutes les difficultés qu'elle soulève, l'emporte haut la main. La traduction de Ledoux le prouve. « The Hill » devient « La Colline », évidemment ; « Lake-town » devient « Lacville », mais « Bag End » reste « Bag End ». Une note du traducteur est d'ailleurs nécessaire, lors de la conversation avec Smaug, pour expliquer ce que signifie « Bag End ». La stratégie de traduction est loin d'être claire.
Et dans le cas du SdA, les noms anglais sont si nombreux qu'il devient difficile de résister à la francisation. « Dans le Shire », « en Westernesse », « dans les Trollshaws », « sur les Barrow-downs », « en Middle-earth » ? Vraiment ?
Ces noms n'ont ni plus ni moins de signification que « Bag End » et il serait difficile de tracer une ligne entre ce qui doit être traduit et ce qui ne doit pas l'être. Les incohérences s'invitent et les migraines commencent. L'utilisation de l'anglais à toutes les sauces est un phénomène relativement récent qui est une affaire de mode.  L'anglais vend. Mais si Tolkien écrivait en tchèque ou en chinois, vous conserveriez les noms ?

 

Pour en savoir plus, je vous invite à aller sur le forum de tolkiendil.com, où une discussion s'est engagée entre les fans et l'équipe de traduction et d'édition.

 

Le plus étonnant c'est aussi que Bourgois ne sort pas une nouvelle édition, mais... trois. En effet une édition comportant des annotations de Douglas A. Anderson (traduites également par Lauzon) et une autre comportant des illustrations d'Alan Lee vont sortir presque simultanément, entre août et octobre de cette année...

 

Un autre élément à connaître : Pour pouvoir retraduire Le Hobbit, Daniel Lauzon était obligé de changer les noms qui ne sont pas "transparents". Apparemment, le droit français, à la différence d'autres pays, considère une traduction comme une création originale sur laquelle le droit d'auteur s'applique, et utiliser tout ou partie d'une traduction n'est par conséquent pas possible. Sacquet et les autres noms, non-transparents, sont des éléments originaux de la traduction de Ledoux, difficile alors de les utiliser en dehors d'une révision.

 

Au moins, ainsi on aura les poèmes avec un respect de la métrique et des rimes, et les passages oubliés par Ledoux seront réintégrés. De plus les noms seront cohérents avec la volonté de Tolkien, qu'il a exprimée dans le Guide to the Names in The Lord of the Rings (dont je suis entré en possession, je vous en parlerai prochainement).

 

Enfin, les plus exercés d'entre vous remarqueront que cette nouvelle édition s'appelle Le Hobbit, et non plus Bilbo le Hobbit... Cette évolution avait été amorcée dans les rééditions précédentes toutefois.

 

Bon, honnêtement je suis un peu "bouleversé" par cette évolution, j'étais très attaché à Sacquet et Mirkwood, par exemple. La bonne nouvelle de tout ça c'est que je vais me relire l'ancienne édition, acheter la nouvelle (probablement annotée), et relire également la bande dessinée...

 

Spooky

 

http://www.christianbourgois-editeur.com/images/couv/978-2-267-02389-3g.jpg

 

 

 

Commenter cet article
S
<br /> Ouaip, pas évident du tout ces histoires de traductions. Jérémy Manesse et Alex Nikolavitch en font régulièrement état dans leurs blogs et citent souvent des anecdotes, casse-têtes et décisions<br /> auxquels ils ont dû se confronter en tant que traducteurs.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je peux parfaitement comprendre que le fait que le nom d'un personage que tu connais depuis longtemps change tout à coup lors d'une nouvelle traduction, c'est déstabilisant. Je me souviens bien à<br /> l'époque où Semic a perdu la licence Marvel en France, Serval est devenu Wolverine du jour au lendemain, et moi qui avait grandi avec Serval ça m'a gêné.D'autant que d'autres persos n'ont pas vu<br /> leurs noms "français" changer tels le Docteur Fatalis (Dr Doom en VO) ou pour rester chez les X-Men le mutant Diablo (Nightcrawler en VO). Et ce qui m'horripilait encore plus à l'époque c'était<br /> l'usage de son diminutif ricain "Wolvie" que je trouvais totalement inapproprié et à réserver plutôt à un chiot ou à une peluche qu'à un tueur comme Logan. Bref, tout ça pour dire que malgré les<br /> arguments très valables allant dans le sens du changement, débaptiser un personnage connu me dérange en tant que lecteur, plus sur la forme que sur le fond.<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Oui je vois tout à fait ce que tu veux dire. J'en suis au même point. il n'empêche que je suis curieux de lire cette nouvelle traduction (J-6) :)<br /> <br /> <br /> <br />

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog