Il faut vraiment que ce soit un film de vampires, qui plus est précédé d'une bonne réputation pour que je me mette à regarder un film suédois...
Vous riez bêtement, mais imaginez : des personnages avec des coiffures étranges, qui roulent en Lada, des décors qui semblent tout droits sortis des années 1970 en France, slips rouges et bleus compris. Et puis, le cinéma suédois risque de garder sa réputation d'art un peu chiant, avec des scènes contemplatives, des séquences d'ambiance sans intérêt...
Mettons de côté ce dénuement formel pour nous attaquer au fond.
Morse nous raconte l'histoire de deux enfants, Eli et Oskar, qui vivent dans deux appartements voisins. Oskar a presque 13 ans, c'est un enfant qui perd peu à peu ses repères après la séparation de ses parents et la persécution que lui infligent des "grands". Il fait la connaissance d'Eli, une fillette de son âge un peu étrange. Elle n'a pas froid alors que lui se gèle les glaoui en discutant avec elle dans le square en bas de leur immeuble ; elle refuse toute nourriture ; elle vit avec son père, qui fait des sorties nocturnes mystérieuses. Mais il est gentil avec elle, et peu à peu Eli brise sa carapace pour laisser apparaître sa vraie nature. [SPOILERS] Eli est un vampire. Pour l'approvisionner en sang, son père va égorger des passants inconnus dans le parc voisin, et recueille leur sang dans des bidons. Mais, lassé par cette vie impossible, il voudra bientôt mettre fin à ses jours.
Malgré son côté contemplatif, le film raconte pas mal de choses, notamment sur la relation amoureuse entre les deux enfants (qui jouent d'ailleurs très bien), et sur les relations filiales de ceux-ci avec leurs parents respectifs, si différentes que soient leurs situations. Le film bénéficie d'une mise en scène sèche, presque clinique, ne s'autorisant que quelques effets par-ci par-là, et relativement discrets. Tout est dans la psychologie des personnages. La petite vampire, qui ne grandira jamais, mais aspire à une vie normale. Le garçon souffre-douleur, qui rêve d'être un jour en mesure de répondre à ses persécuteurs, mais aussi de profiter de ses parents, d'un côté sa mère qui travaille de nuit-probablement dans un magasin, de l'autre son père qui est parti s'isoler dans le désert, mais tue sa mélancolie dans l'alcool avec un voisin. Le père qui veut aider sa fille gravement malade, mais qui doit pour cela tuer de temps en temps...[/SPOILERS]
Il y a peu de personnages dans le récit, mais tous ont une importance capitale pour le destin des deux jeunes gens. Qui d'ailleurs ne sont pas forcément ce qu'ils donnent l'impression qu'ils sont. Comme je l'ai dit, c'est une histoire de vampire(s), abordée de façon très psychologique. Le titre du livre dont il est adapté, Let the right one in, laisse d'ailleurs entendre le point intéressant du film : le vampire ne peut entrer chez nous s'il n'y est pas invité... Quant au titre français du film, il fait référence au moyen qu'utilisent les deux enfants pour communiquer lorsqu'ils sont dans leurs appartements respectifs et mitoyens...
Adaptation à l'écran du roman de John Ajvide Lindqvist par Tomas Alfredson, Morse est donc un film inattendu, qui intéressera sans doute les amateurs de vampirisme, mais aussi les amateurs de cinéma suédois...
Spooky