Voici une courte nouvelle écrite cet été, et destinée à participer au concours organisé par la communauté de blogs Autres Mondes (dont je vous reparle bientôt). Il y aurait sans doute beaucoup de choses à dire sur ce texte, mais je vais vous livrer quelques clés de lecture.
- Lorsque le thème du concours, "Terre des dragons" a été dévoilé, je n'avais aucune idée. Et puis un jour sur facebook quelqu'un a partagé un outil de création de titre. La cave des mutilés est sorti. Ce titre m'a permis de commencer à réfléchir à mon texte.
- Au départ mon texte était bien plus long. Mais peu de temps avant la date à laquelle je prévoyais de rendre ma copie je me suis rendu compte que cela devait être limité à 3500 caractères. Du coup la structure de ce que j'avais écrit ne tenait plus, et j'ai dû tronquer mon papier.
- Tellement tronquer que la fin vous semblera bizarre, puisque le récit s'achève en plein milieu d'une phrase. Ce n'est pas une erreur, c'est bien parce que le récit s'arrête là. Définitivement. Si vous partez du fait que nous sommes dans la tête du personnage principal, vous le comprendrez peut-être.
- J'ai parlé de cette nouvelle avec une amie scénariste, à un moment où j'étais "bloqué" (avant que je me rende compte de cette limite de 3500 caractères, en fait) ; elle m'a sortie plusieurs pistes narratives, qui pourraient, si j'arrive à les coucher sur le papier, donner lieu à un récit bien plus ambitieux. J'espère pouvoir vous faire lire ça un jour, et ainsi rendre hommage à l'imagination fertile de cette amie. Vous voulez savoir qui c'est ? Indice : elle est rousse.
Et maintenant, voici cette nouvelle, qui n'a pas remporté le concours, qui est ratée, mais que j'assume complètement. Bonne lecture !
Spooky.
La cave des mutilés
Julien et Stéphane venaient juste d’emménager dans la vieille bicoque. Une super occasion, car le propriétaire en proposait un prix dérisoire, et ne semblait pas trop regardant sur l’orientation sexuelle de ses acheteurs, chose rare dans ce coin de Bretagne où ils avaient dû affronter pas mal de frondes anti-homosexuels.
Au bout d’une semaine, ils descendirent à la cave, qu’ils n’avaient que peu explorée jusqu’à présent. Celle-ci était encombrée de vieilleries en tous genres. Ils furent par exemple amusés de trouver un poste de TSF, ou encore ce qui ressemblait à une collection de drapeaux bretons. Au bout d’un moment, ayant un peu déblayé, ils dégagèrent une ouverture dans le fond de la pièce voûtée. Une porte en bois, de petite taille, fermée par un cadenas qu’une simple traction réussit à faire céder. Un couloir obscur s’ouvrit devant eux, avec une odeur assez nauséabonde qui s’évapora en un instant. Julien remonta chercher une lampe-torche et tous deux partirent à l’exploration.
Le boyau s’élargissait au bout de quelques mètres, et les deux jeunes gens débouchèrent dans une vaste salle, dont ils ne pouvaient voir les parois. Ils se rappelèrent que leur logis était accolé à une falaise haute d’une cinquantaine de mètres. Mais leur plus grande surprise se trouvait en contrebas. En effet le sol de la grotte était jonché d’ossements gigantesques. Se rapprochant, ils purent évaluer la taille des créatures, entre deux et quinze mètres pour la plupart, queue comprise. Les animaux avaient une tête énorme, une longue queue mais aussi des excroissances sur le dos, comme des… ailes. Mais le plus surprenant était le sort réservé à ces excroissances. Elles étaient toutes coupées, car les ossements qui les prolongeaient se trouvaient à terre. Et les uns comme les autres étaient coupés, et de façon nette. Visiblement on avait sciemment mutilés ces animaux étranges… Pourquoi ?
Juste au moment où ils se posaient la question, le sol se mit à trembler violemment. Tous deux perdirent l’équilibre, et Julien entendit son compagnon gémir lorsqu’il heurta l’un des énormes squelettes. Quant à lui, il fut projeté dans un recoin obscur de la grotte, et des grosses pierres se mirent à dégringoler sur lui. Bien sûr la torche avait été perdue, et vite éteinte par la chute d’une pierre. Une autre lui écrasa littéralement la jambe. Le tumulte ne dura que quelques secondes, mais cela lui sembla des heures, avec sa douleur qui menaçait à tout moment de le faire sombrer dans l’inconscience. Lorsque le calme fut revenu, Julien appela son compagnon. Aucune réponse ne lui parvint. Il essaya de se rappeler où Stéphane se trouvait avant le tremblement de terre, et tenta de le rejoindre en rampant. Sa jambe n’était que douleur. Après plusieurs minutes de tâtonnements, entrecoupés de halètements et d’appels de moins en moins assurés, il finit par retrouver le corps de son compagnon. Un projectile avait eu raison de sa tête. Au bout d’un moment, surmontant son chagrin, il décida de sortir de ce caveau. Mais ce fut peine perdue. Il se vidait de son sang par la jambe, et malgré le garrot qu’il avait réussi à faire avec sa chemise, ses forces déclinaient rapidement. Et il ne trouvait aucune issue, le boyau par lequel Stéphane et lui étaient arrivés avait dû être bouché. Il se sentit envahi par le désespoir. Il allait mourir à son tour, mutilé, comme son compagnon, comme les dragons qui l’entouraient.
Mais soudain il entendit un rugissement… Une lueur aveuglante… Puis tout devint