Voici un texte, destiné au concours trimestriel de nouvelles de la communauté de blogs Autres-Mondes. le texte est arrivé 4ème au concours (mon meilleur résultat depuis le début, d'ailleurs). Merci à pierig, mon premier relecteur et conseiller.
22h40 – Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort…
Tout était calme dans les couloirs…
Mais dans l’un des laboratoires où se trouvent quelques animaux, dormant dans des cages, le silence venait d’être rompu. Au fond de l’une d’elles, Pepito, Labrador chocolat de deux ans. Il avait été emmené dans l’Ecole car son cas échappait à tout diagnostic. Pepito est chien d’aveugle depuis deux mois, mais après une courte fugue, il avait été retrouvé sur le pas de la porte de son maître, en catatonie. N’ayant pu le réanimer, son vétérinaire attitré l’avait emmené à l’Ecole.
Le corps sombre de l’animal était secoué par des soubresauts et des bruits étranges, comme s’il était en train de tousser violemment. Son corps fut soudain pris de convulsions pendant plusieurs minutes, puis s’affaissa, les membres en désordre. L’animal était cliniquement mort. Puis soudain ses narines frémirent, ses yeux morts s’ouvrirent. Il releva la tête, la tourna vers la porte en grillage qui fermait l’accès à la cage. Un faible grognement partit du fond de sa gorge, et s’amplifia jusqu’à réveiller tous les autres animaux présents dans la même pièce. La plupart poussèrent des gémissements, même les gros chiens, car ils sentaient que Pepito ne devrait pas être vivant. L’animal s’arc-bouta, figé dans la position du bond imminent, et sauta sur la grille, tous crocs dehors. Bien sûr, celle-ci résista, et Pepito en fut quitte pour quelques meurtrissures. Mû par une rage surgie des plus bas instincts, il recommença. Cette fois quelques croisements plièrent. Les animaux voisins étaient tous effrayés, et la plupart tentaient de se fondre dans l’obscurité de leurs cages pour échapper au spectacle effrayant qui s’offrait à eux ; pleurs, cris et aboiements commençaient à enfler. La bête recommença, encore et encore. Bientôt l’animal réussit à creuser une brèche dans le grillage, et elle fut vite agrandie. A ce moment la cacophonie dans le chenil était assourdissante.
C’est le moment que choisit le veilleur de nuit de l’établissement pour entrer dans la pièce, alerté par le bruit. Sans réfléchir, il se servit d’abord de sa lampe-torche pour éclairer les lieux ; il lui fallut quelques secondes pour trouver la cage dévastée, et constater l’absence de l’animal qui devait s’y trouver. Ce temps suffit à Pepito pour contourner l’allée et le nouveau venu, tout en évaluant sa masse et sa taille. Un grognement sourd prit naissance dans sa gorge. Lorsque le gardien décida d’appuyer sur l’interrupteur pour mieux inspecter la pièce, il était trop tard. Une masse énorme et meurtrière lui sauta à la gorge, le faisant tomber à la renverse contre la cage d’un épagneul qui se mit à aboyer comme un fou. Sous le choc, sa cage s’éventra et l’animal se tassa dans un coin, de peur de recevoir des pans de grillage. Pepito, qui avait déjà dévoré la moitié du visage du gardien et une partie de sa poitrine, se tourna soudain vers l’autre animal. Sans prendre le temps de recracher les lambeaux de chair sanguinolente qui pendaient de sa gueule, il s’avança et vint lui mordiller l’échine.
L’épagneul se raidit soudain, le poison se diffusant rapidement dans son sang. Puis il se mit à tousser violemment, comme pour expulser quelque chose, mais cela n’arriva pas, et pris de tremblements irrépressibles, il se mit à gémir, avant de s’effondrer, mort. Pepito, que le spectacle n’intéressait pas vraiment, avait entre temps entrepris de démolir une autre cage à proximité, qui protégeait un berger allemand des agressions extérieures. Lorsque l’épagneul revint à la vie, le labrador avait déjà mordu le berger allemand. L’épagneul alla à son tour transmettre son virus à l’occupant de la cage voisine. Bientôt tous les chiens présents dans la pièce furent libérés de leurs cages, tués puis ressuscités. Tous étrangement silencieux, après leur « mort ».
Ils se répandirent bientôt dans tout l’établissement, répandant la dévastation et la non-mort sur tous les êtres vivants qu’ils pouvaient croiser. Deux autres gardiens de nuit firent les frais de cette rage sans nom, mais contrairement aux animaux, ils ne se relevaient pas. Vers 6h30 du matin, le concierge entra dans l’école, et n’eut même pas le temps d’allumer les lumières avant d’être déchiqueté par plusieurs chiens, chats, perroquets, souris… un lapin-zombie rongea joyeusement les orteils boudinés. Ses restes connurent le même destin que ceux des gardiens de nuit. Quelques enseignants et chercheurs, arrivés en avance, ne furent pas plus heureux.
8h30
Les premiers étudiants arrivent…
Spooky