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Darren et Steve sont les meilleurs amis du monde. Ces deux adolescents de 14 ans sont comme le jour et la nuit : Darren vit dans une famille modèle, est bon à l'école, tandis que Steve est de la graine de voyou, délaissé par ses parents... Un beau jour le second propose au premier d'aller assister à la représentation d'une galerie de Freaks. Cela se passe dans un théâtre miteux au coeur du quartier interlope de leur ville. Les deux garçons sont émerveillés par l'homme-boa, la femme à barbe, l’homme-loup... Steve croit même reconnaître en Larten Crepsley, dompteur d'une tarentule, un vampire célèbre. Mais une descente des autorités de la ville, avec à leur tête l'instituteur des deux garçons, met fin au spectacle. Darren réussit à se cacher dans la loge de Crepsley, et à lui dérober Mme Octa, sa tarentule rouge et bleue. Le lendemain celle-ci sème la panique dans le collège, et plante son dard dans la joue de Steve, le blessant mortellement. Pour sauver son ami dans le coma, Darren retourne voir Crepsley, qui en échange lui demande de devenir son assistant, et accessoirement un semi-vampire...
Le Cirque du Freak est l'œuvre à succès de Darren O'Shaughnessy, alias Darren Shan, jeune auteur britannique qui écrivit ce premier roman plus pour s'amuser qu'autre chose. 12 livres plus tard, sa légende est bien vivace, et le place aux côtés de JK Rowling (auteure des Harry Potter) et Stephenie Meyer (qui a commis Twilight). Il n’est donc pas surprenant de voir débouler cet adolescent hyper-populaire sur les écrans, dans un sillon qui marche du feu de dieu… Optionnée depuis belle lurette par Universal et Lauren Shuler Donner (productrice des X-Men mais aussi des crétineries les plus récentes de son mari Richard Donner), la franchise mit pourtant du temps à voir le jour. C’est à Brian Helgeland (LA Confidential, Mystic River, Créance de sang… y’a bon) qu’est confié le soin d’adapter les trois premiers romans en un long-métrage. Mais son script étant jugé trop noir, Paul Weitz (American Pie, Pour un garçon… y’a moins bon) prend le relais afin d’en réaliser une version plus édulcorée.
Je ne connais pas du tout l’univers de Darren Shan, mais quelques informations glanées ici et là m’ont permis d’y voir un peu plus clair. Il y a donc 12 romans (en réédition et nouvelle traduction chez Hachette Jeunesse) dans cet univers, une série de mangas équivalente en termes de tomes (dont le premier est déjà sorti, les suivants vont venir à un joli rythme d’un par mois) ; et donc maintenant un film qui sera sans doute suivi de 3 ou 4 autres si la franchise est rentable. Pour cela les producteurs surfent, comme je l’ai déjà dit, sur la vague du succès en se rapprochant des deux franchises qui cartonnent. Regardez l’affiche du film, ça ne vous fait pas penser au « look » de certains Harry Potter ? Les points communs avec Twilight sont légions : des vampires bien sûr, une histoire d’amour impossible entre créatures dissemblables, même le look du héros finit par être plaqué sur celui du héros des films adaptés de l’œuvre de Stephenie Meyer… La coupe sage de Darren devient presque de la gomina en arrière façon Draco Malefoy à la fin du film… Le choix de Paul Weitz n’est pas anodin : il s’agit d’un réalisateur/scénariste de peu d’envergure, méconnaissant le genre, interchangeable à volonté et prêt à se plier aux desiderata des studios… L’intention est claire : réaliser un film visible par tous, politiquement correct, avec des effets spéciaux bon marché…
Tiens parlons-en des effets, ils sont assez basiques, les scènes de combats hyper-rapides des vampires se résument à des traînées de feux multicolores dans des boules floues (on se croirait dans un Tex Avery), tandis que les maquillages sont des plus discrets. Le casting est lui aussi taillé pour plaire à tous les publics : des jeunes, des vieux, de la Mexicaine (la toujours jolie Salma Hayek, malgré la barbe qui orne son menton), de l’asiatique (Ken Watanabe, absolument ridicule monté sur ses échasses –mais je vais y revenir) et du Black rigolo, avec Orlando Jones en bonhomme-plus-maigre-que-lui-tu-es-une-allumette. Je ne sais pas si ces personnages sont tels quels dans les bouquins, mais je trouve qu’ils manquent d’un peu d’imagination… Et les acteurs ne sont pas forcément mis en valeur par la façon dont ils sont filmés. Prenons par exemple le joli minois de Jane Krakowski, qui m’avait fait craquer en secrétaire nymphomane dans Ally Mc Beal et qui là passe quasiment inaperçue (d’accord elle n’a que deux petites scènes, mais bon…). Revenons deux secondes sur Ken Watanabe, considéré comme un demi-dieu au Japon (enfin, c’est ce qu’il y a marqué dans le dossier de presse) ; son maquillage est abominable, et comme je l’ai dit, il est censé faire 3 mètres de haut, mais pour ne pas recourir à des trucages numériques, on ne le voit jamais de pied à proximité d’un acteur de taille normale, mis à part aux deux tiers du film où on le voit boitiller sur ses échasses ; effectivement, il eût mieux valu le planquer pendant tout le film. Et puis son interprétation me semble inutilement théâtrale, empesée, alors que son personnage est assez direct dans ses interventions en tant que patron du cirque où échoue Darren. En tête d’affiche se trouve John C. Reilly, probablement l’un des acteurs les plus doués et les plus discrets du cinéma américain, capable de jouer absolument tout, de l’acteur porno au mari trompé, du pompier, flic, gangster… Ici il campe le vampire qui prend sous son aile (de chauve-souris ah ah je m’étonne toujours avec mes jeux de mots que je ne vois même pas venir) Darren et va l’aider à maîtriser les pouvoirs qu’il sent monter en lui.
Un peu emprunté d’ailleurs le Darren, dès qu’il s’agit de se bouger les miches pour sauver sa copine ou botter le derrière des méchants vampires, les Vampiryks… Il faut dire que quand il essaie d’utiliser la supra-vitesse (le « vziit »), il se paye un panneau « stop », ce qui ne fait probablement rire le réalisateur. Les scènes d’action, présentes dans une assez bonne proportion, sont réalisées de façon très plate, sans aucun savoir-faire. Ah si, il y a juste une sorte d’« atterrissage » de Darren et son mentor qui est bien cadrée… Laquelle est bientôt suivie par un affrontement à la mode western, d’un ridicule achevé. Il faut s’appeler John Carpenter pour réussir une audace pareille… Autre scène ratée, la représentation des « freaks » au début du film. C’est d’un niais que ne renierait pas Steven Spielberg… à 8 ans. La mise en scène s’améliore quelque peu par la suite, mais sans atteindre des sommets non plus. On se croirait dans un aimable téléfilm du dimanche après-midi sur M6…
L’une des attractions de l’histoire originale, me semble-t-il, est une tarentule qui se balade avec Crepsley et qui fait preuve d’une certaine intelligence, voire d’une véritable tendresse pour Darren, qui le lui rend bien. Dites-moi, ceux qui ont lu les bouquins, elle est bleue et rouge fluo la Mme Octa ? Parce que là, ces couleurs, c’est d’un ridicule achevé… Les scènes la montrant sont d’ailleurs assez bien faites, mais de loin, par terre, parce que dès qu’on la voit de près on pense au Chat Potté dans Shrek 2… Moi qui suis arachnophobe, je n’ai ressenti aucun frisson à la vue de cette chose… Peut-être que ça passe bien dans un roman pour adolescents, mais pas en film…
Côté casting, ça ne se passe pas trop mal avec les acteurs principaux. John C. Reilly assure sans cabotiner, ce qui n’était pas évident avec un personnage pareil ; Salma Hayek, malgré son petit rôle, n’en fait pas des masses du côté sensuel, jouant plutôt la carte de l’exotisme dans les paroles et de sourire naturel. Les deux adolescents qui tiennent le haut du pavé sont quant à eux assez convaincants, Chris Massoglia (Darren) montant en puissance au cours du métrage face à Josh Hutcherson (Steve), plus expérimenté (il a notamment joué dans le très surfait Voyage au centre de la Terre avec Brendan Fraser, mais aussi Zathura, Le secret de Terabithia…) qui prend visiblement du plaisir à devenir une sorte de double maléfique de son ex-meilleur ami. A noter aussi la présence de Willem Dafoe et de la jeune Jessica Carlson, dont on reparlera si les petits cochons ne la mangent pas…
A noter pour les aficionados, les geeks et les vampirophiles, un morceau très particulier au cours d’une scène d’exhumation : Red right hand, par Nick Cave and the Bad Seeds, malheureusement tronqué pour laisser la place à un score hystérique pour « coller » à une scène de bagarre entre vampires (toujours en train de se chamailler ceux-là). Tiens d’ailleurs, puisque j’ai quasiment tout démoli dans ce film, je l’achève avec mon avis sur la musique : inutile, trop bruyante pendant les moments de calme, trop symphonique dans les scènes d’action. Je ne suis pas sûr que les intentions de la production étaient de produire des décalages comiques, mais si c’est le cas, c’est réussi et cela place le métrage dans une veine définitivement cucul. J’ai même préféré Eragon, c’est vous dire…
En résumé, je n’ai pas été enthousiasmé par cette adaptation d’un énième succès littéraire pour adolescents, que j’ai trouvée trop lisse, trop maladroite, trop frileuse, malgré les efforts louables des différentes générations d’acteurs. Et puis quand même, faire un film vampirique sans une seule goutte de sang, c’est une performance !
L’Assistant du vampire sort le 2 décembre.
Spooky.
