1881. New York. Un jeune homme fort élégant est appelé au domicile de son oncle, John Carter, car celui-ci est décédé brutalement, et l'a désigné comme seul héritier. Sur place Edgar Rice Burroughs (oui oui, lui-même) trouve un tombeau qui ne s'ouvre que de l'intérieur, ainsi qu'un journal qui va lui raconter une bien étrange histoire...
Tout commence 13 ans plus tôt, lorsque le Capitaine John Carter, lassé de participer à des guerres absurdes, décide de déserter de l'armée américaine et de chercher de l'or. Rattrapé par la patrouille, puis par les Indiens Cheyennes, il se réfugie avec un officier gravement blessé dans une grotte, où il voit des peintures étranges. Un homme habillé bizarrement se matérialise auprès de lui, et l'agresse. Carter l'abat par réflexe, et étreint l'étrange médaillon que serre l'étranger dans sa main, en murmurant "Barsoom...". Carter se retrouve propulsé dans un monde totalement différent, peuplé par des créatures étranges, au milieu de deux peuples qui se font une guerre sans merci, mais dont l'issue est proche. Sauf que John Carter, avec ses aptitudes physiques exceptionnelles décuplées par la faible gravité de la planète Mars (la fameuse Barsoom), va perturber ces tractations...
Tout est beau dans ce film. Il s'agit d'une adaptation, a priori fidèle, du roman La Princesse de Mars, premier de la saga du Cycle de Mars écrite par Edgar rice Burroughs (oui, le neveu de notre héros, enfin disons qu'il s'inclue dans l'histoire avec un procédé à l'efficacité éprouvée), sorti en feuilleton en... 1912. Un siècle plus tard (le film date de 2012), c'est donc Andrew Stanton, connu pour avoir réalisé certains des plus beaux films du studio Pixar : 1001 pattes, Le Monde de Nemo et Wall-E), qui se colle à la réalisation. Oui, vous ne rêvez pas, on a confié à un réalisateur spécialiste de l'animation (avec beaucoup de bonheur) la mise en scène d'un blockbuster produit par Disney. Un blockbuster qui a fait un flop commercial, pour des raisons sur lesquelles je reviendrai plus tard.
Car le film m'a enchanté quasiment de bout en bout. D'abord la réalisation est très efficace, complètement au service du spectacle, sans toutefois en rajouter. Les décors, dont une partie sont naturels (tournés dans l'Utah) sont somptueux, mais là encore le réalisateur ne s'attarde pas sur ce qui est mis à sa disposition. Il est au service d'une histoire, lauqelle met en scène un soldat du XIXème siècle aux prises avec des machines volantes et des créatures exotiques : les Tharks mesurent trois mètres de haut, sont verts et ont quatre bras (ils ont d'ailleurs été joués en vrai sur le plateau par des acteurs juchés sur des échasses), des grands singes blancs (visibles sur l'affiche du film), sans oublier Woola, une sorte de gros chien de garde ultra-rapide et à l'allure vaguement pénienne. Sans être un virtuose, Stanton, qui a participé au scénario avec Michael Chabon et Mark Andrews, gère bien ces différents éléments pour nous livrer un film sans fausse note technique, et visuellement époustouflant par moments. On comprend d'ailleurs pourquoi le film a été comparé à Star Wars et au Seigneur des Anneaux, car les possibilités offertes par cet univers promettent beaucoup.
Stanton, pour donner un peu plus de cachet à son histoire a décidé de ne prendre que des seconds couteaux, voire des inconnus dans son casting. Et ça marche. Dans le rôle-titre, Taylor Kitsch (c'est quoi ce nom ?) qui a continué la même année avec Battleship (oui bon, là, il s'est planté), après avoir été Gambit dans X-Men origins: Wolverine (oui bon ok, là il s'était déjà planté) ; dans le rôle de la princesse martienne qui est tout sauf une potiche, Lynn Collins (Silver Fox dans ce même film mettant en scène Wolverine), ou encore Mark Strong, en méchant destructeur de monde polymorphe. Parmi les acteurs "masqués", on remarquera James Purefoy, Samantha Morton, Willem Dafoe et Thomas Haden Church. Difficile de parler de leur jeu, mais dans l'ensemble cela passe assez bien, même si les deux acteurs principaux ne sont pas les plus charismatiques de leur génération. Mais là encore, ils sont au service d'une histoire, d'une vision, et de ce qui restera sans doute un grand film, point de départ d'une franchise juteuse, qui ne se fera probablement jamais.
Car John Carter a fait un four au box-office. Peu de promotion de la part de Disney, une distribution qui a vite confiné le film au niveau d'un film français de troisième zone, ça a suffi à tuer la poule aux oeufs d'or dans l'oeuf. Pourquoi cette tactique de production me direz-vous ? Eh bien lorsque le film a commencé à être tourné, début 2010, Disney y croyait beaucoup. Mais entre-temps la firme de l'oncle Walt a racheté Lucasfilm, puis Marvel, avec l'obligation, quelque part, de continuer les franchises déjà engagées par la Maison des Idées : Star Wars, X-Men, Avengers... Et la concurrence avec Star Wars aurait été trop directe. Du coup lorsque le film est sorti deux ans plus tard, ce fut presque dans l'anonymat. Vraiment dommage, car il y avait de quoi faire de très belles choses autour de John Carter...
EDIT du 27/10/2014 : suite à la cession des droits aux héritiers de l'auteur, une (ou des) suite(s) seraient à nouveau envisageables...
En plus ça m'a donné envie de lire le Cycle de Mars !
Spooky