On pourrait croire qu’on est dans un hardboiled classique. Un agent du FBI sur le déclin, trop doué pour être utilisé à bon escient. On pourrait croire qu’on est dans un thriller classique.
Un meurtre violent dans une ruelle et une enquête qui piétine. On pourrait croire qu’on est dans un récit fantastique classique. Un flic qu’on surnomme « Ghost », comme sorti d’un mauvais rêve, d’une hallucination aux relents d’alcool mal digéré. On pourrait. Mais ce serait se faire confiance et penser que dans Ghost, on a le droit de se fier à ce qu’on croit, plutôt qu’à ce qu’on VOIT.
Attention aux faux-semblants.
Contrairement à ce que peut laisser croire le titre, on n'est pas dans une bluette vaguement fantastique avec Demi Moore pétrissant sensuellement de l'argile. Ni même dans un récit de zombies, comme semble le suggérer la couverture.
Mais plutôt dans un récit policier bien crade, avec un flic "à l'ancienne", bien loin des canons bien proprets et scientifiques dont nous abreuve la télévision actuelle. Loi des laboratoires, John Ghostman traîne le fantôme d'une ancienne bavure dans ses petits boulots de privé. Mais lorsque le FBI fait appel à ses talents d'ancien profileur classique, il ne peut s'empêcher de replonger...
Andrea Mutti nous montre une autre facette de ses talents graphiques, avec un dessin plus "brut", "jeté" que dans Section financière, il montre à quel point un polar peut être sale. Dimitri Fogolin, qui a travaillé sur Alim le tanneur, y apporte une palette de couleurs maladives, glauques, qui collent bien à l'ambiance. On se rapproche un peu de Nero, en termes d'ambiance.
Dans ce polar très bien mené, à la conclusion plutôt surprenante (je n'ai rien vu venir), l'amateur de polar classique prendra certainement son pied. C'est poisseux, c'est glauque, c'est suintant, c'est sombre. Un vrai polar, quoi.
Spooky.