Terry Pratchett est un auteur britannique qui a marqué la fantasy. Ses Annales du Disque-Monde ont plu (et plaisent encore) par leur inventivité et leur humour débridé. Il est surprenant que le cinéma ne se soit pas emparé d'un tel succès ; peut-être parce que l'humour anglais n'est pas universel ? En tous les cas, après le Timbré que j'ai vu il y a quelques temps (et dont je n'ai pas parlé, curieux), la télévision britannique continue à exploiter le filon.
Voici donc un téléfilm de plus de trois heures, qui reprend grosso modo la trame du Huitième Sortilège et de La Huitième Couleur, les deux premiers romans du cycle. On y trouve Rincevent, futur pilier de Pratchett, un Mage totalement incompétent, de l'âme duquel un sortilège majeur (le huitième des huit contenus dans un grimoire magique, l'In-Octavo) s'est emparé. Viré de l'Académie Invisible, il est mis au pied du mur par le Patricien (l'équivalent du maire, ou du gouverneur) de la ville d'Ankh-Morpok, la capitale, qui l'oblige à servir de guide à Deuxfleurs, un touriste venu de l'autre côté de la mer. Parallèlement à cela, le Mage Trymon intrigue pour prendre la place de l'Archichancellier de l'Académie Invisible. Un peu plus loin, une communauté scientifique met sur pied une expédition pour savoir... quel est le sexe d'Atuin, la tortue géante qui porte sur son dos les quatre éléphants qui portent le Disque-Monde.
C'est dense comme introduction, n'est-ce pas ? L'essentiel du téléfilm nous raconte donc le voyage de Rincevent et de Deuxfleurs, qui vont renconrer -entre autres- la Mort (lui aussi -parce que c'est un homme- un personnage récurrent chez Pratchett), la légende vivante Cohen le Barbare, le Bagage... Tous des personnages pittoresques. Mais curieusement, et ce malgré les efforts de certains des acteurs, la magie n'opère pas vraiment. L'humour de Pratchett fonctionne mieux sur le papier. Les effets spéciaux sont assez médiocres, j'ai été déçu par la Tortue, moins par le Troll.
Il y avait un casting intéressant dans cet épisode ; Sean Astin, le Sam Gamegie du Seigneur des Anneaux, campe plutôt bien Deuxfleurs, avec son perpétuel air niais ; ici encore, il chevauche un ongulé de petite taille, en l'occurrence un âne. Ca doit être le destin. La Mort a la stature et la voix de Christopher Lee, pour le coup un excellent casting. Tim Curry, le clown de Ca, ne semble avoir que deux expressions à son répertoire : une moue dubitative et un rictus diabolique, sans doute pour amortir son dentier tout neuf. Dommage, le personnage de Trymon méritait mieux. Jeremy Irons cachetonne également avec ses deux scènes.
Bonus sur le DVD, une introduction par Pratchett lui-même de son univers, en expliquant quelle était sa démarche au début de l'écriture de cette saga.
Un téléfilm sans panache, sans relief, sans génie. Dommage.
Spooky.