À notre époque, à Rio de Janeiro, la télé réalité règle ses comptes avec le gardien de but responsable de la défaite de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde en 1950. Marcelina, la productrice de l’émission, est sur le point de devenir la cible d’une conspiration séculaire et implacable.
En 1732, au plus profond de la forêt amazonienne, un missionnaire jésuite, à la lame aussi affûtée que l’esprit, est sur la piste d’un prêtre hérétique et sanguinaire qui fait régner la terreur.
En 2032, à São Paulo, un jeune homme rêve de sortir de sa favela sordide. La mégalopole est étroitement surveillée par des mouchards électroniques, mais l’arrivée sur le marché noir des technologies quantiques pourrait changer la donne. Pour le meilleur ou le pire…
3 époques, trois visions éclatées d'un pays qui -en principe- fait rêver pas mal de gens. Un pays où la mixité est une richesse, où des stars naissent dans la rue, un pays où la forêt rongée par la modernité est devenue le symbole de l'agonie de notre monde, un pays dont l'économie fut florissante, le plaçant parmi les Etats émergeants. On eût pu croire que le roman de Ian Mc Donald -qui n'a aucun rapport avec le film presque éponyme de Terry Gilliam, bien évidemment- aurait creusé ces éléments, qui sont peut-être des portes ouvertes, mais il a choisi de se baser sur des éléments parfois un peu obscurs de la culture brésilienne. Comme la capoeira, un art martial autant qu'une danse. Comme une grenouille qu'on ne trouve que sur les bords des aflfuents de l'Amazone, la faune si particulière de cette région. Et a décidé de truffer ses récits -surtout le contemporain- de termes portugais pour faire plus branché. Ah, et il y a aussi du football, enfin une drôle d'utilisation de ce sport, mais j'y reviendrai peut-être.
Car avec moi ça n'a pas marché. Comme je l'ai dit, mettre des termes typiquement brésiliens dans chaque phrase ne fait que l'alourdir, même si un lexique est présent en fin de volume. Parce qu'assez vite, j'ai décroché des histoires, non pas parce que le lien entre elles était capillotracté, mais parce qu'individuellement le rythme en est trop haché, inconstant, indolent. Je me suis senti plus à l'aise, dans un premier temps, dans le récit prenant pied au XVIIIème siècle, avec l'impression de me retrouver dans une histoire à la Nicolas Eymerich, avec un soupçon d'Au coeur des ténèbres (adapté au cinéma dans le célèbre Apocalypse Now). Mais hélas, le récit s'englue dans un n'importe quoi nonsensique qui m'a plutôt dérouté. Et j'ai décroché encore plus tôt des deux autres, les personnages n'ayant ni saveur ni épaisseur, et le récit là encore s'orientant ou plutôt se perdant dans des considérations pseudo-philosophiques ou psychanalytiques. Mais l'auteur ne va pas au bout de ces possibilités, et le lecteur décroche.
Les possibilités offertes par la notion de multivers, ou d'univers coexistants sont très peu exploitées par celui-ci, ou seulement dans des scènes de combat sans grande maîtrise elles non plus. Bref, un récit à tiroirs vides.