Il va se passer beaucoup de choses dans ce film. Les séquences s'enchaînent sans temps mort, et les habituelles petites séquences contemplatives qui font l'essence de la série sont réduites à une portion congrue. Le Joker est un personnage qui sort de nulle part, mais qui incarne, selon le réalisateur, l'anarchie et le chaos absolu, l'anti-Batman par excellence. Et en effet son action va provoquer une panique sans précédent dans la ville, ce qui procure à Nolan l'occasion de filmer des mouvements de foule en cinémascope, un format largement utilisé, pour notre plus grand plaisir, en filmant les bâtiments cyclopéens de Gotham City. Le film comporte bien sûr son lot de gadgets high-tech : un nouveau costume, plus léger et plus maniable, mais aussi un bat-pod, une moto qui se réduit presque à deux roues. Bruce Wayne, son alter ego civil, conduit quant à lui une magnifique Lamborghini Murcielago, ce qui signifie en italien... chauve-souris. Les moyens sont visibles à l'écran, avec notamment une poursuite d'un gros camion, qui se conclue par un tonneau vertical. Le film débute cependant par une scène de braquage de banque extrêmement maîtrisée, inspirée par Heat de Michael Mann, une référence en termes de film d'action et de tournage de fusillade. Dans cette séquence apparaît l'excellent William Fichtner, habitué aux seconds rôles.
Un casting haut de gamme, qui joue son rôle de façon presque parfaite. La révélation du film est Heath Ledger, avec une prestation exceptionnelle. Il a su apporter au Joker toute la démesure, la dimension tragi-comique que le personnage requiert. Pour se préparer au rôle, il s'est enfermé plusieurs jours dans une chambre d'hôtel, inscrivant dans un carnet toutes les idées noires que pourrait avoir le personnage. Une implication dont on dit qu'elle aurait fait basculer l'interprète dans une folie paranoïaque, et aurait amené son décès (suicide ?). Heath Ledger rejoint ainsi d'autres légendes du cinéma fantastique, telles que Brandon Lee et Bela Lugosi, morts alors qu'"habités" par leurs personnages fétiches (The Crow pour le premier, Dracula pour le second). Le Joker avait déjà été incarné par Jack Nicholson dans le premier Batman, mais il a l'air d'un aimable cabotin de bac à sable à côte de Heath Ledger. Christian Bale est comme d'habitude impeccable dans son rôle de milliardaire philanthrope et de justicier névrosé. Il est très bien entouré, et le film se déroule dans une ambiance musicale symphonique réglée par Hans Zimmer et James Newton howard, des pointures en ce domaine.
Je l'ai dit, le film est très intense, et je ne vous livre là que quelques scènes, pas forcément les plus importantes. Le métrage dure 2h30, il se passe beaucoup de choses. Des personnages apapraissent, d'autres disparaissent, des choses ne sont plus (à la fin de Batman Begins le Wayne Manor a d'ailleurs été détruit), des positionnements apparaissent... Le film est quand même noir, très noir, mais ne perd en aucune manière sa dimension épique, avec par exemple des récitatifs anthologiques en fin de parcours. On peut désormais parler de franchise, puisque la fin est une nouvelle fois ouverte, et que de nouveaux adversaires apparaissent pour l'homme chauve-souris... Un film de haute volée, très dense, mais qui comporte une forte dose d'action et de thématiques fortes.