Bon, on est d'accord, il a aussi fait des films à peu près regardables, tels Stargate, Moon 44, voire The Patriot. Mais ces films ont tous 10 ans ou plus. Depuis la plupart de ses longs métrages se caractérisent par un pro-américanisme lassant (alors qu'il est allemand) et des incohérences flagrantes. Son film précédent, 10 000 BC, était truffé d'inepties, malgré son cadre historique, la préhistoire...
2012 n'échappe pas à cette tendance. Très vite les scènes illogiques apparaissent dans le film. Le héros peut alerter le président -américain bien sûr, qui d'autre ?- en deux coups de fil, alors qu'auparavant il fallait passer par 36 intermédiaires pour qu'au final celui-ci ne le croie pas. Ici le Maître du Monde est au courant au bout de 5 minutes de métrage, et deux ou trois ans avant la catastrophe. Et bientôt, c'est la catastrophe elle-même : mais heureusement les voitures américaines (qui pourtant ne vont pas bien vite, croyez-en mon expérience) sont plus rapides qu'une secousse tellurique de grande ampleur. Et puis quand on décolle en avion juste à temps, c'est mieux de voler en rase-mottes pour éviter les immeubles qui s'effondrent, c'est plus fun que de se mettre à l'abri un peu plus en altitude...
Justement, en quoi consiste ladite catastrophe ?
L'activité du soleil ayant atteint un paroxysme, il y a une forte projection de neutrinos dans l'espace proche, et donc dans l'atmosphère terrestre ; ce qui provoque un réchauffement massif du noyau terrestre, et par conséquent provoque des tremblements de terre inouïs. Première visée, la Californie, avec sa faille de San Andreas qui s'ouvre à nouveau... Dit comme ça, on ne comprend rien, et on se dit que soit c'est vraiment plausible, soit c'est complètement con. Mais on s'en fout, et le réalisateur aussi. Ce qui l'intéresse c'est de montrer des images de catastrophes difficiles à surpasser, ainsi que des scènes qui feront chialer mémé dans sa chaumière.
Assez vite, on identifie les personnages qui vont être les héros du film : un géologue qui prend en main les opérations d'observation de la croûte terrestre, ainsi qu'un écrivain à sensation qui bosse comme chauffeur pour des milliardaires pour survivre et surtout continuer à voir ses enfants, dont la garde est confiée à son ex-femme. Emmerich fait aussi dans le politiquement correct/moderne : le scientifique noir, mais pas fantaisiste, la famille recomposée... Vraiment, quel homme attentif, ce Roland Emmerich. Et puis bon, pas de film catastrophe américain sans une bonne dose d'éléments bibliques. Je n'en dirai pas plus mais sachez que les gouvernements ont trouvé le moyen d'emporter un certain nombre de citoyens hors de portée (enfin, plus ou moins) de la catastrophe...
Le film est incroyablement naïf, spectaculairement mal filmé, et les acteurs, livrés à eux-mêmes, font ce qu'ils peuvent pour se composer des visages sérieux face à des écrans verts et des décors mal incrustés. Passons sur les Amanda Peet, Danny Glover, Thandie Newton et autres Oliver Platt, ainsi que les gamins sans aucune présence. Par contre, c'est dommage de voir John Cusack (Chambre 1408 ou encore Identity), Woody Harrelson (Tueurs Nés) et Chiwetel Ejiofor (Les Fils de l'Homme) se compromettre (ou finir leurs carrières) dans une daube pareille...
L'affiche dit "Nous étions prévenus" ; vous vous dites "Eh merde, j'me suis encore fait eu". Vous aimez les films-catastrophe ? Avec 2012, vous allez être servi. Ce film EST une catastrophe.