DES MILLIARDS DE MONDES
En science-fiction, l’un des concepts fétiches des critiques et des commentateurs est celui de livre-univers. Il recoupe l’idée de création intégrale d’une mythologie, une histoire, une culture entièrement inclus dans un seul ouvrage, voire une série de romans ou de recueils de nouvelles. Suivant cette terminologie, on peut qualifier Des Milliards de tapis de cheveux de l’allemand Andreas Eschbach (je vous ai déjà parlé du polémique Jesus Video dans un précédent numéro d’Ansible) de livre-univers. En effet, à partir d’un simple fait de société (des hommes qui passent leur vie à tisser des tapis avec les cheveux de leurs femmes et filles), le roman confine à une véritable saga historico-cosmique (à l’instar de Fondation, j’assume !) aux implications infinies. Le roman se présente comme un recueil de longues nouvelles faussement indépendantes ; on change à chaque fois de personnage principal, ce qui oblige le lecteur à faire un effort de concentration, avec pour seul fil rouge cette trame de tissage de cheveux.
Eschbach ne prend pas son lecteur pour un idiot, lui qui a conçu ce premier roman comme un puzzle bariolé, avec des pièces de taille et d’aspect variables, et dont la cohérence n’apparaît qu’une fois l’ensemble complété, à la fin de l’ouvrage.
Les “nouvelles” sont toutes différentes, allant du simple (sic) tableau impressionniste saisissant (le Palais des larmes) à l’épopée guerrière.
Au fil des pages, il apparaît que la préoccupation de l’auteur est de lancer un grand cri d’amour à la liberté, au droit à la liberté. Mêlant habilement planet fantasy et récits intimistes, voici une oeuvre à découvrir de toute urgence !