Pour ma première participation à Ansible, je voudrais vous parler du jeu d’aventure qui a le plus marqué ma vie de joueur, du monde virtuel le plus abouti et le plus cohérent jamais créé, du chef d’œuvre des frères Miller, bref, je voudrais vous parler de Riven.
Sorti en 1997 sur Mac et PC, la suite de Myst avait fait l’effet d’une bombe dans le milieu des aventuriers à souris. Jamais un jeu n’avait offert une telle immersion dans un monde virtuel aussi réaliste. Les raisons ? Elles sont nombreuses.
Jamais un univers de jeu vidéo n’avait été décrit avec autant de précision et de cohérence. C’est bien simple, quand on se promène sur les différentes îles de l’archipel de Riven, jamais on ne doute de leur existence. On peut se promener dans le village local, visiter l’école en bordure de lac, flâner sur les magnifiques plages de sable ou s’enfoncer dans les forêts denses et étouffantes. Il est possible de rentrer dans la plupart des bâtiments, et d’en explorer toutes les pièces. Toutes les machineries sont superbement représentées, et surtout toujours logiques, il est possible de comprendre leur utilité et leur fonctionnement simplement en les observant. La faune et la flore ne sont pas en reste, avec une variété incroyable d’animaux, plantes et fleurs en tout genre. Les frères Miller ont d’ailleurs reconnu après coup que de représenter un monde aussi grand à un tel niveau de détail était peu raisonnable, et qu’ils sont passés plusieurs fois au bord de la crise de nerfs. Ils se sont promis de ne plus jamais recommencer.
Le 2eme aspect important du jeu est sa non-linéarité. Il est possible d’accéder à la quasi-totalité du monde très tôt dans le jeu. Dans Riven, pas de barrières artificielles à débloquer avant de pouvoir progresser, vous pouvez vous promener et aller où bon vous semble.
Mais ce qui fait de Riven un chef d’œuvre ultime, ce qui n’a jamais été égalé depuis à mon avis, même pas par ses suites (Myst 3, Myst 4…) est le fait que les énigmes font partie intégrante du monde visité. On peut d’ailleurs difficilement parler d’énigmes. L’archipel en elle-même est une seule grosse énigme qu’il faut observer et comprendre. Dans beaucoup de jeux, vous vous promenez dans de beaux décors, puis soudainement vous arrivez à une porte fermée, avec une énigme à résoudre. Une énigme posée sur votre chemin de façon totalement artificielle. Dans Riven, l’énigme est tout simplement de comprendre votre environnement. Vous devez activer une pompe ou une chaudière ? Comprenez son fonctionnement. Les jauges affichent des caractères inconnus ? Des nombres peut-être ? En flânant dans l’école du village, vous découvrirez un jouet éducatif pour apprendre aux enfants à compter… en le manipulant suffisamment, vous apprendrez les nombres locaux, et les jauges de la chaudière n’auront plus de secret pour vous… Tout est lié, tout est cohérent et logique, tout a son importance. Jamais on n’a l’impression qu’un objet ou une machine est disposé artificiellement à tel ou tel endroit, pour les besoins du jeu.
Enfin, comment ne pas parler du graphisme et du son, véritables bonds en avant pour l’époque. Les vues du jeu étaient tellement détaillées et en avance sur leur temps qu’elles paraissent toujours magnifiques 8 ans après ! Alors oui, tout est statique (à part quelques petites animations comme les vagues sur la mer ou le passage d’animaux sauvages), mais bon Dieu que c’est beau ! La nature (plantes, eau, rochers…) est parfaitement modélisée, et les architectures sont absolument magistrales, quelle créativité, quel talent. Je vous invite à découvrir les quelques photos d’écran disponibles sur le site officiel du jeu (lien en fin d’article). Le son participe parfaitement à l’expérience, avec de superbes bruitages d’ambiance et des musiques adaptées.
Tiens, je me rends compte que je n’ai pas encore parlé de l’histoire. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’histoire en elle-même n’est qu’un prétexte. Vous êtes sur Riven pour sauver une femme des mains d’un méchant mégalomane. Une histoire assez terre à terre donc.
Mais qu’importe. Jamais un jeu ne m’a fait un tel effet. C’est bien simple, après l’avoir terminé, le manque était tel que je retournais régulièrement m’y promener pour le plaisir ! Faire du tourisme dans un jeu, folie ultime du rêveur geek ? Peut-être… quelle importance. Allez, vous raconter tout ça m’a donné l’envie de retourner me perdre dans les forets de Riven… j’espère vous y rencontrer, à l’occasion…
Pour plus d’info et quelques photos d’écran : http://www.riven.com
Note technique :
Riven marche sur tout PC (ou Mac), récent ou plus vieux, et s’étale sur 5 CD-Rom.
Par contre évitez les versions console (PS1 et Saturn), à cause de graphismes moins fins, de temps de chargement interminable et d’absence de souris.