LE VIL AGE
Fait rare : je ne sais pas si j’ai aimé ce film. Si si, je vous assure, je ne sais pas quoi en penser. Du calme, Spooky, calme-toi, respire, re-mate-toi le premier épisode des X-Files et ça va aller. Bon alors, le Village... Ca raconte l’histoire d’un village (jusqu’ici tout va bien), visiblement dans les années 1890, dont les habitants ont peur des bois environnants. Lesdits bois contiendraient des créatures terrifiantes avec lesquelles les villageois ont établi une trêve. Une autarcie qui commence à poser de graves problèmes aux habitants de Covington, car les malades, faute de soins et de médicaments adéquats, meurent les uns après les autres, ce qui fait gravement réagir Lucius Hunt (Joaquin Phoenix, vu dans Signes et The Yards), qui décide de traverser les bois pour aller chercher des remèdes à la ville. Mais il rebrousse vite chemin. Dès lors, de drôles d’événements secouent la communauté : on trouve des chiens sans les poils, et les bois semblent anormalement agités...
Un soir, une des créatures franchit même la lisière des bois, et vient rôder aux abords des habitations. Lucius Hunt est l’un des rares qui reste dehors, pour protéger sa fiancée, Ivy Walker, la fille du chef, qui malgré sa cécité, se révèle l’une des personnes les plus sensées de la communauté. Garçon manqué, elle passe beaucoup de temps avec Noah Percy (Adrien Brody, Le Pianiste), l’idiot du village. A l’annonce des fiançailles d’Ivy avec Lucius, il devient fou et poignarde Lucius. Ivy, folle de chagrin, décide à son tour de traverser des bois pour trouver des médicaments, seul espoir de sauver son fiancé... Voilà un pitch pas inintéressant. Traité par Shyamalan, l’auteur remarqué de Sixième Sens, Incassable et Signes, cela part dans des directions inattendues. Car la double révélation du film peut agacer, intriguer, fasciner. je n’en révèlerai rien, car même si le film peut être une effroyable daube si on le prend comme un épisode foutraque de La petite Maison dans la prairie, il révèle tout de même un énorme travail d’écriture, un appui fort sur la symbolique (des couleurs notamment, mais ceux qui ont vu les précédents films de Shyamalan y sont habitués), et une ambiance réussie.
Car le film est très oppressant dans sa globalité (la musique de James Newton Howard y est pour beaucoup) ; on sursaute à plusieurs reprises, et les créatures sont accompagnées d’un sentiment de gêne, ce qui est un atout pour un thriller psychologique. Notons également un casting réussi, avec des seconds rôles prestigieux (Sigourney Weaver : et j’ai crié, crié-é... Alien ! pour qu’il revienne ! ; William Hurt, acteur remarquable mais sous-exploité...), et une vraie révélation : Bryce Dallas Howard, fille du réalisateur Ron Howard (Apollo 13, Un Homme d’exception...). En aveugle débrouillarde, elle éclabousse l’écran, bénéficiant en outre d’un physique assez agréable.