COMME DU BACON SANS OEUFS
Le savant fou du cinéma mondial, j’ai nommé Paul Verhoeven (Total Recall, Starship Troopers, Robocop, Basic Instinct, Showgirls…) s’est attaqué à l’un des mythes de l’imaginaire fantastique : celui de l’homme invisible. Il s’est attaché le concours d’une valeur sûre, Kevin Bacon (Footloose, L’Expérience interdite, La Rivière sauvage, Hypnose…), en clamant haut et fort qu’il ne fait pas un remake de la comédie de John Carpenter.
Bacon joue un physicien, Sebastian Caine, qui travaille pour le compte du Pentagone sur l’invisibilité. Après le succès de l’expérience sur un gorille femelle, il décide, malgré l’avis contraire de ses collaborateurs, de tester le sérum sur sa propre personne. Mais son métabolisme et son esprit sont irrémédiablement touchés et il ne peut redevenir visible. Sa nature dérangée se révèle alors au grand jour (si l’on peut dire !) : mégalomanie, concupiscence… pour préserver sa nouvelle condition, il décime ses collègues laborantins sans raison particulière, à l’intérieur du bunker. Les deux tiers du film se résument à une traque claustrophobique telle que sublimée dans Alien ; le monstre qu’est devenu Caine semble indestructible (grillé, électrifié, haché menu, il se relève toujours), et ce n’est que bruit et fureur.
Le film est lent, recèle peu de moments d’humour (sauf quand Kevin Bacon présente ses fesses à ses collègues juste avant de «partir») ; le scénario est minuscule et certaines scènes frôlent le ridicule : je veux qu’on m’explique comment fait Elizabeth Shue pour garder son pantalon sec et propre après s’être à moitié noyée, et baignée dans le sang ! Les acteurs sont transparents (ça, je l’ai piqué), et même Bacon n’a jamais eu aussi peu à jouer. Il faut dire qu’il a passé presque tout le tournage sous des masques ou des costumes verts ou bleus, effets digitaux obligent !
Parlons-en des effets : ils représentent les vrais attraits du film, en particulier lors des scènes où Bacon devient invisible. Leur texture fait encore un peu plastique, mais le résultat est impressionnant ! Après le morphing (Terminator 2), les logiciels reconstituant la peau et les écailles (Jurassic Park et Jumanji), le Bullet–time (Matrix), c’est un nouveau pas en avant. Les ordinateurs sont désormais capables de tout reproduire visuellement.
Spooky.