On n'avait pas vu Guillermo del Toro derrière une caméra depuis Pacific Rim. Le revoilà avec un film très différent, qui reflète la diversité de ses goûts et influences. Lors de l'écriture du scénario, il s'est inspiré des célèbres romans Les Hauts de Hurlevent de Emily Brontë, De grandes espérances de Charles Dickens, Rebecca de Daphné Du Maurier et Dragonwyck de Anya Seton car ils ont tous une part d'horreur correspondant à son histoire.
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants : son ami d’enfance, le docteur Alan McMichael ; et Thomas Sharpe, "baronet anglais" venu chercher des investisseurs de l'autre côté de l'Atlantique, après une tournée infructueuse en Europe.
L'intrigue est riche et complexe, car à la Ghost Story de facture relativement classique se mêle une romance à trois, voire à quatre qui rend les rapports entre les personnages compliqués. Le film est porté par un trio d'ateurs remarquables, entre Mia Wasikowska (l'Alice au Pays des merveilles de Tim Burton), Tom Hiddleston (découvert en Loki dans le premier Thor, mais qui est en train de devenir un acteur britannique de tout premier plan), et Jessica Chastain, tous dans des compositions très nuancées.
Le décor de la maison Sharpe est aussi un personnage à part entière, un manoir victorien qui tombe à moitié en ruines, ce qui donne une ambiance très particulière au film, tout comme la période hivernale dans laquelle se passe une partie de l'histoire. Le contraste est d'ailleurs frappant avec l'ambiance nettement plus joyeuse et colorée au début du film, qui se passait aux Etats-Unis.
Le titre du film est dû au message que délivre le fantôme de sa mère à Edith peu après sa mort, puis un autre revenant à cette même Edith dans un autre cadre... Elle apprendra bien sûr de façon fortuite la signification de ce nom, mais cette situation est plutôt bien amenée et permet au film d'acquérir un beau titre au passage.
Ce n'est probablement pas le meilleur film de Del Toro, mais il se dégage de celui-ci un parfum gothique assez gouleyant.
Spooky