Clarissa est une jeune femme qui travaille dans les services administratifs d'une université, à Bristol (Angleterre). Un soir elle assiste à une fête dans une librairie où Rafe, un collègue, dédicace son roman nouvellement paru. Eméchée, elle accepte qu'il l'accompagne chez elle. Là, après un ultime prise d'alcool (coupé par autre chose ?), ils couchent ensemble. Mais au réveil, Clarissa est malade, et accuse Rafe d'avoir abusé d'elle. Dans les jours qui suivent, l'homme se met à la suivre, à lui envoyer des messages, à se comporter de façon totalement déplacée. Lorsque Clarissa apprend qu'elle doit être jurée lors d'un procès pour viol, elle est soulagée car elle pense que cela va l'éloigner de son travail, et donc de Rafe. Mais c'est sans compter avec son acharnement et sa perversité...
Vous l'aurez compris, le sujet du roman, le premier de Claire Kendal, professeure de littérature en Angleterre, est le harcèlement sexuel. Le roman alterne entre deux points de vue : celui de Clarissa, qui tient une sorte de journal à l'intention de Rafe, et un point de vue plus classique, à la troisième personne. L'atmosphère est donc très particulière, chargée en menaces sourdes, en situations limites. On voit l'éventail du harceleur, entre victimisation, culpabilisation, manipulations en toutes sortes... Cela fait peur, très peur...
Le roman est d'autant plus intéressant que le procès auquel participe Clarissa lui renvoie en miroir sa propre situation, et lui permet, ainsi qu'avec l'aide de brochures sur le sujet, d'éviter de donner du grain à moudre à son harceleur. Enfin, la plupart du temps. Car bien sûr, avec toutes les aides du monde, Clarissa est isolée, et n'ose pas s'imposer, aller vers les autres pour leur donner des soucis supplémentaires. On n'est pas rationnel quand on perd ses repères...
Tout cela, Claire Kendal le démontre très bien, dans son roman qui fait figure d'exemple ultime du harcèlement sexuel. Un roman tétanisant, glaçant.
Spooky