75 pages, et déjà l'envie de pleurer sous le coup d'une forte émotion. Quelques pages plus loin, une charge d'une violence jusque-là inédite contre la religion, contre toutes les religions. Et une position indéfendable pour les détracteurs. Dès son premier quart, le nouveau King part sur des bases très élevées.
La charge en question est déclamée par un prêtre méthodiste lors de son dernier sermon, quelques jours après que le camion d'un paysan épileptique lui ait enlevé à jamais l'amour et la présence de sa femme et de son fils âgé de neuf ans. Une séquence terrible.
Puis nous passons en accéléré la vie de Jamie Morton, lequel a connu le révérend Jacobs quand il était petit, et le recroisera plus tard, lorsque Charles Daniel Jacobs s'est reconverti en prêcheur évangéliste apposant d'étranges appareils sur les indigents pour les guérir. Un pouvoir qui va titiller la curiosité de Jamie, persuadé qu'il s'agit d'une supercherie. Mais ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard, au seuil de la vieillesse, qu'il va croiser une dernière fois la route de Jacobs, pour le sceau de leurs destins respectifs.
Religion, musique, électricité... Tout cela se croise et s'entremêle dans le dernier Stephen King (enfin le dernier sorti en France, puisque deux autres le sont déjà -ou presque- aux Etats-Unis à l'heure où j'écris ces lignes : Finders Creepers, suite de Mr Mercedes, et The Bazaar of Bad Ddreams, recueil de nouvelles, alors que End of Watch, fin de la trilogie amorcée par Mr Mercedes, est annoncée pour juin 2016. Pfiou.). Le tout est très légèrement fantastique, on est un peu dans la même veine que Joyland, auquel il fait d'ailleurs un peu référence, et que j'ai trouvé meilleur. Car après la centaine de pages initiales d'un haut niveau, l'écrivain du Maine connaît un gros trou d'air, d'environ 250 pages, jusqu'à la partie finale, où cela remonte en régime, sans toutefois atteindre des sommets. Il y a toujours cette faculté à raconter des histoires, des destins hors du commun mais invisibles pour le commun des mortels. King emprunte cette fois à HP Lovecraft, dans un hommage un peu timide. A noter également qu'il se passe à Harlow, ville créée par King.
Un King qui, s'il n'est pas désagréable à lire, n'en est pas moins mineur.
Spooky