Dire que ce nouvel opus de la saga Avengers est attendu est un euphémisme. Le premier épisode, sorti il y a trois ans, avait rapporté un milliard et demi de dollars de recettes, ce qui en a fait le troisième succès mondial de tous les temps, derrière les cartons intersidéraux de James Cameron. Il a avit surtout réussi à faire la synthèse convaincante de l'ensemble des films du multiverse Marvel sortis jusque-là.
Depuis, 4 films sont sortis (Iron-Man 3, Thor: the Dark world, Captain America: the Winter Soldier, et Les Gardiens de la Galaxie) et Marvel devait bientôt boucler cette seconde boucle. Place donc, après Loki, au deuxième super-méchant de la franchise, Ultron. Créé par Banner (Hulk) et Stark (Iron Man) -et non pas par Henry Pym, lequel n'apparaîtra que dans le prochain Marvel, Ant-Man- comme une intelligence artificielle destinée à protéger la paix dans le monde, celle-ci se réveille et estime que la paix ne sera pas possible tant que les Avengers seront encore actifs. Dès lors, s'incarnant dans un modèle de robot fabriqué par Stark et s'insinuant dans internet, elle va s'échapper et va tout faire pour les détruire, s'associant avec deux jeunes gens, des jumeaux originaires d'un petit pays d'Europe de l'Est qui sont des humains "augmentés", fruits des expériences secrètes d'Hydra et du S.H.I.E.L.D.
Ces deux nouveaux venus, Pietro et Wanda Maximoff, sont donc intégrés à l'univers -comme dans les comics- sans toutefois porter de surnoms... Pour l'heure. Une pirouette narrative permet d'ailleurs aux scénaristes Marvel de ne pas empiéter sur le territoire de ceux des X-Men, puisque Pierto, alias Vif-Argent, y apparaît aussi. Par contre leur origine est totalement différente (exit leurs origines mutantes, ce sont des vitimes des manipulations de l'Hydra à présent), ce qui permet à Marvel et Fox de ne pas interagir. Il y a aussi l'arrivée d'un personnage très important dans l'histoire des Avengers ; son origine est respectée, mais son positionnement stratégique pas vraiment. Il faut dire que l'unité de l'équipe de super-héros se craquelle franchement : Hulk pense à nouveau à se terrer à mille lieues, même s'il y a cette femme qui... ; il y a encore une rivalité entre Iron Man et Captain America, laquelle devrait culminer dans le prochain opusconsacré au super-soldat ; et en filigrane l'amitié toute particulière qui lie la Veuve noire et Hawkeye, qui va trouver un tournant inattendu au cours de ce segment. A noter que Vif-Argent (Quicksilver en VO) est interprété par Aaron Taylor-Johnson, interprète du rôle-titre de Kick-Ass. C'est Elizabeth Olsen qui interpète sa soeur Wanda, alors que les deux acteurs étaient mari et femme dans le dernier Godzilla en date.
Je dois dire que j'ai trouvé un plaisir moindre dans ce deuxième épisode que dans le premier. Certains personnages, notamment Iron-Man et Thor, sont plus en retrait ; à l'inverse, on a droit à un peu plus de Clint Barton (Hawkeye), de Hulk et de Natasha Romanoff (la Veuve noire). Mais du coup, et malgré encore quelques scènes pleines d'humour, on n'a plus ce leadership de Tony Stark, ou ce charme gouailleur de Loki (qui, paraît-il, apparaîtra dans la version longue). Et ce qui faisait le charme et l'intérêt de la franchise, ce sont les dissensions internes des Avengers. Ici elles sont curieusement étouffées, à peine esquissées. Au contraire, [SPOILER] à la fin de l'épisode les Avengers se dispersent dans le calme, certains quittant le service actif, d'autres membres arrivant.[/SPOILER]
Et ce n'est pas la seule incongruité narrative. Le récit part un peu dans tous les sens, il y a plein d 'allusions, de clins d'oeil, qu'on ne peut pas saisir si on n'a pas lu une grande partie des sagas Avengers sur papier, mais aussi TOUS les films précédents, ainsi que la série TV Agents of S.H.I.E.L.D... Ce qui devient compliqué même pour les fans hardcore.
De même, l'intrigue de fond concernant les Gemmes de l'Infini (et à laquelle fait écho la traditionnelle scène post-générique ici) avance un peu, faisant écho à ce qu'il s'est passé dans le premier Avengers et Captain America (le Tesseract), dans Thor: The Dark World (avec l'Ether) et les Gardiens de la Galaxie (et l'Orbe).
Bien sûr, sur le plan visuel et technique, c'est encore de la classe, du haut niveau, mais on a encore trop de "m'as-tu vu", lors de la scène d'entrée, une attaque par les Avengers d'une base d'Hydra, ou encore vers la fin, lorsqu'il font front avec leurs nouveaux alliés pour préserver une source d'énergie potentiellement explosive. Et on n'évite pas le Deus Ex Machina avec ce diable de Nick Fury (Samuel L. Jackson) qui survient toujours quand il faut et où il faut... Comme dans les comics me direz-vous...
Pour le reste, on est loin de la daube annoncée par certains et redoutée par beaucoup, et du chef-d'oeuvre claironné par d'autres. J'avoue, j'ai eu du mal à intégrer tous les éléments, le film est très dense dans sa première heure, trop peut-être. Une deuxième vision de la version longue quand elle sortira, me permettra peut-être de me sentir moins perdu.
Spooky