Après un excellent premier opus, qui avait placé le personnage de Riddick comme l'un des plus intéressants "badass" du cinéma américian, et un deuxième plus dense et somptuaire, David Twohy propose un troisième long-métrage, sobrement intitulé Riddick, allant ainsi à l'encontre des titrages de séries de films. Mais, contrairement à ce qui avait été annoncé lors de la sortie du deuxième film, celui-ci ne parle ni de l'Underverse, dimension parallèle où les Necromongers accroissent leurs pouvoirs, ni de la planète Furia, d'où est originaire l'anti-héros.
En fait ce film est une suite directe aux Chroniques de Riddick, puisqu'on le retrouve gravement blessé sur une planète inconnue, en proie à des créatures cauchemardesques. Ayant rejoint une base humaine abandonnée, il déclenche la balise de détresse afin de faire venir des chasseurs de primes (sa tête étant mise à prix) pour obtenir un vaisseau et s'échapper.
Le pitch est black, pour vous ? Vous n'avez pas tort. On a des chasseurs de primes, Riddick qui se bat contre des aliens, un prisonnier relâché, une scène d'assaut sur un refuge, un jeu du chat et de la souris... Twohy a tout repompé sur son propre premier film, y compris en nous faisant le coup de la vengeance du père de... Non seulement c'est du foutage de gueule, mais le scénario est truffé de stupidités. Riddick, après s'être fait piéger connement par son ennemi Vaako, est gravement blessé au début du film, mais réussit à revenir en pleine forme en se plantant des vis dans les jambes (!). La façon dont il se débarrasse des premiers aliens rencontrés est... risible, sans parler de sa rencontre avec un dingo dingue (oui, les traducteurs se sont amusés), un chien sauvage et monstrueux. Riddick trouve le relais abandonné lorsque son toutou lui amène... une balle de golf ! J'ai failli tout arrêter à ce moment-là.
Ce prologue dure 30 minutes, on passe ensuite à plus de personnages avec ces chasseurs de primes qui débarquent, deux groupes différents qui ne tardent pas à se chamailler. La première victime est une prisonnière -dont on ne sait pas ce qu'elle fait là, sans doute pour faire un clin d'oeil au premier film, ou tout simplement pour offrir un rôle à une chanteuse de RnB copine de la star- qui meurt d'une façon tellement théâtrale que Marion Cotillard apparaît extrêmement douée en comparaison. Alors bien sûr, on a droit à un concours de testostérone, y compris chez la seule femme du groupe, même si elle a une scène de douche. Et en face de tout ça, Riddick le poseur, que ses adversaires n'osent pas truffer de plomb quand il leur fait face (pourtant il est plus précieux mort que vivant), et qui se laissent tranquillement décimer par lui. Il faut dire que lorsque les aliens attaquent leur refuge, notamment par une ouverture du toit, ils calfeutrent toutes les fenêtres, mais PAS l'ouverture du toit. Les aliens sont tout aussi cons, ne profitant pas de cette aubaine pour sauter par cette ouverture et finir leur quatre heures. On a beau râler sur les incohérences des films de Ridley Scott, mais son Alien à lui n'aurait pas hésité. Et pour finir le dialogue final, se déroulant entre deux vaisseaux en vol stationnaire, est prétentieux et insipide. La porte reste ouverte à une suite (toujours annoncée pour 2016), mais ça fait peur...
Après l'échec commercial du deuxième film, Vin Diesel, qui détenait les droits de cet univers (je me demande bien pourquoi), a dû hypothéquer sa maison pour financer ce troisième opus. Du coup l'équipe technique a investi un coin désert du Canada, a rajouté des décors peints à la va-vite, et des effets spéciaux en post-prod, mais ç'aurait été bien, les mecs, de faire des efforts. C'est cheap au possible. Les costumes sont également assez ridicules, seul Riddick semble à l'aise dans ses bottes et son marcel. Les scènes avec des effets spéciaux ne sont pas nombreuses, celle de la poursuite en motos volantes est plutôt bien gérée, mais c'est à peu près la seule qualité du film, les acteurs étant eux aussi en roue libre.
Là où Pitch Black brillait par son inventivité, son dynamisme et son sens de la narration, Riddick se caractérise par un manque criant de moyens, un scénario -répétitif- réduit en lambeaux et une mise en scène pitoyable.
Riddick-ule.
Spooky