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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Résultat pour “le seigneur des anneaux le retour du roi

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films


Initiée en 2000 par Bryan Singer, la franchise X-Men est devenue l'une des plus rentables de l'histoire du cinéma. Après trois films reprenant les aventures du célèbre groupe de super-héros, la "Maison des idées" (surnom de l'éditeur Marvel) ainsi que son partenaire 20th Century Fox ont décidé de décliner l'univers avec une série de spin-offs, c'est à dire des longs-métrages dans le même univers, concentrés sur un personnage particulier. C'est donc Wolverine, le plus populaire, qui s'y colle en premier.

L'Australien Hugh Jackman, auquel ce rôle a apporté une gloire planétaire, revêt donc pour la quatrième (et certainement pas la dernière) fois le marcel ultra-moulant et les "griffes" en adamantium de Wolverine. Comme le titre l'indique, nous remontons aux origines du personnage, un mutant né au coeur du 19ème siècle, qui tue par erreur son père en utilisant pour la première fois des os qui lui poussent entre els doigts. Avec son frère Victor, doté de "talents" similaires, James Creed traversera les époques, et surtout les guerres puisqu'il combattit sous les couleurs des Etats-Unis, de la Guerre de Sécession à celle du Vietnam. Une guerre à l'issue de laquelle il est repéré par un officier étrange, le Coloner Stryker, qui lui propose d'intégrer (avec son frère toujours) une unité de super-soldats dévoués aux missions à haut risque. Mais lassé des tueries sans justification, James décide de déserter. On le retrouve quelques années plus tard, dans les Rocheuses canadiennes, employé comme bûcheron et filant le parfait amour avec une institutrice. Mais celle-ci, ainsi que les anciens coéquipiers de Jimmy, est tuée sauvagement par son frère, dont le goût pour le sang n'est pas éteint, loin de là. Décidé à se venger, celui qui souhaite désormais se faire appeler Wolverine va à nouveau croiser la route de Stryker, qui va lui proposer le moyen de vaincre son frère, en participant à l'expérience Weapon X (X pour 10).

Autant le dire tout de suite, je n'attendais pas grand-chose de ce spin-off. La franchise X-Men s'étant déjà asséchée avec le troisième volet, dont le réalisateur Brett Ratner n'était qu'un gamin qui faisait joujou avec des effets spéciaux. Ce qui m'intéressait le plus lorsque je lisais ces comics étant adolescent, c'était l'effet de groupe, la concaténation des pouvoirs des mutants composant les X-Men. Bryan Singer avait brillamment su saisir cette alchimie dans ses deux premiers films. Mais comme la Fox voulait exploiter le filon, elle a lancé les chantiers de diverses adaptations sur les personnages les plus forts. On est donc face à du commercial pur jus, plus dans l'artistique. Devenu "ultra-bankable" malgré l'échec international d'Australia, ils ont confié à Hugh Jackman le soin de chapeauter lui-même ce spin-off. Malgré toute l'admiation que m'inspire le comédien, la sympathie de l'homme, je ne suis pas sûr de faire confiance au producteur exécutif Hugh Jackman. Certes, il maîtrise son personnage de mutant exorché vif, mais de là à lui laisser la main mise sur le casting, le choix du réalisateur... Je crois qu'en l'occurrence il a voulu un jeune auteur sur lequel il pourrait exercer son influence, il fallait donc un "yes-man" qui fasse plus "auteur" que "clippeur". De nos jours Jean-Luc Godard pourrait être engagé sur un remake de Conan le Barbare, ça ne changerait pas grand chose puisque 80% des plans seraient filmés sur fonds bleus avec des effets rajoutés en post-prod. C'est donc Gavin Hood, réalisateur du remarqué mais un peu méconnu Mon nom est Tsotsi, qui fut choisi. Celui-ci ne montre pas d'appétence particulière pour les films d'action avec des morceaux d'effets spéciaux dedans, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande en fait. Il a juste à crier "action !", à être derrière le combo et à se balader sur les plateaux télé pour faire la promo (et encore, là c'est Jackman qui s'y colle).

Le film est truffé d'incohérences, dont la moindre n'est pas le pouvoir de la petite amie de James, devenu Logan puis Wolverine, dont les effets varient suivant les besoins du scénario. La réalisation est assez molle, le scénario relativement creux. Pourtant le film est loin d'être de la daube en boîte. Parce que Hugh Jackman est tout de même un très bon acteur, qu'il a en face de lui Liev Schreiber dans le rôle de son frère haï. Même s'il est sous-exploité, on sent qu'il y a un véritable acteur dans cet être mi-homme mi-félin qui doit faire gaffe à l'endroit où il plante des doigts quand il se nettoie les coucougnettes. Oui, Dents-de-Sabre a le poil soyeux, l'oeil vif, mais lui aussi veut ressembler à Hugh, bordel ! Par contre le reste du casting est assez inconsistant. Entre un Stryker au charisme d'amibe (Danny Huston) et un Gambit passe-partout (pratique pour un prochain film, prenez un brun aux cheveux longs, et ça passe !), sans parler de la copine de Logan, la très mignonne Lynn Collins, qui a trois lignes de dialogues. Bon ok, il y a aussi Dominic Monaghan, incontournable dans Le Seigneur des Anneaux et Lost, mais on a du mal à le voir en mutant. Et puis il y a des scènes ou des éléments inutiles, même dans l'éventualité d'autres films, comme ce combat de boxe entre Wolverine et le Blob.

Je vous énumère des défauts, mais pourtant je n'ai pas détesté ce film ; je l'ai trouvé honnête, on va dire dans une tranche peu exigeante en matière de films de super-héros. Peut-être parce que malgré tout, malgré ses poses un peu théâtrales parfois, j'apprécie Wolverine et les barreaux de chaise qu'il fume dès qu'il peut, ses grimaces de dur à cuire et le fait qu'il ne roule pas des mécaniques malgré son côté balèze. Parce que je ne connaissais pas Gambit, et que j'aimerais le revoir en action par la suite, tout comme Deadpool, le tueur de mutants, dont le principe m'intéresse pas mal. Parce que c'est du pur divertissement, qu'il faut le prendre comme tel, sans chercher à le mettre sur le même niveau que les deux premiers films de la franchise, et tout cela malgré de nombreuses incohérences.

Spooky.


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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

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Comme il fallait s'y attendre, le film n'a pas grand-chose à voir avec le roman dont il est officiellement adapté. Il reste le contexte, une invasion zombie à l'échelle de la planète, ainsi que quelques personnages secondaires. Les différents volets de l'histoire sont ainsi liés par le personnage de Gerry Lane (Brad Pitt), ancien enquêteur de l'ONU, lequel se retrouve avec sa famille en première ligne lors d'une attaque de ce qui s'avère être des morts-vivants à Philadelphie. Ayant négocié la mise à l'abri de ses proches, il reprend du service afin de trouver la source du fléau.

 

Mon avis est partagé au sujet de ce blockbuster. J'étais curieux de voir comment le très bon roman de Max Brooks allait être adapté, mais je savais que son essence, le recueil de témoignages après les évènements, avait été complètement bouleversée par les scénaristes du film, lesquels ont d'ailleurs changé plusieurs fois au cours de la production. Le film était précédé d'une aura de film difficile, avec des tensions sur le tournage, des scènes retournées, des problèmes d'effets spéciaux... La sortie du film s'est faite 7 mois après la date initialement prévue. Mais les bandes-annonces laissaient penser que le spectacle était tout de même au rendez-vous.

 

Il y est, incontestablement. Pendant la première heure, on en prend plein les yeux, les zombies vont plus vite que Lance Armstrong dans l'ascension du Ventoux, le scénario, épais comme du papier à cigarette, avance à peu près bien. A tel point que je me suis dit que l'équipe créative avait vu et revu 28 jours plus tard, incontestable réussite du genre. L'histoire nous emmène un peu partout dans le monde, et même si les tournages se limitent à Glasgow et à Malte au lieu de Philadelphie, la Corée du sud et Jérusalem. On échappait aux sempiternelles images de télévision à la Roland Emmerich, nous montrant la Tour Eiffel, la Statue de la Liberté ou la Place rouge assiégés par les méchants zombies. La musique, elle aussi inspirée par le score de John Murphy sur le film de Danny Boyle, distille une atmosphère de tension assez palpable. Pour nous montrer l'ampleur de l'attaque, on n'hésite pas à utiliser le logiciel Massive, pour -entre autres- une scène qui semble directement inspirée par celle de la bataille du Gouffre de Helm dans Le Seigneur des Anneaux. Les zombies sont traités, en termes de comportement, comme des insectes, des créatures qui agissent en conscience partagée. Bref, de bonnes références, une réalisation impeccable, malgré un réalisateur, Marc Forster, plutôt novice dans le genre et les gros moyens. Seul Quantum of Solace, avant-dernier opus de la série James Bond, émarge dans cette catégorie au sein de sa filmographie.

 

Tout ça semble très positif, me direz-vous. Sauf que... sauf que lorsqu'on bascule dans la deuxième partie du film, lorsque Gerry n'enquête plus sur les traces du virus, mais doit fuir Jérusalem devant l'invasion subite des zombies, qui escaladent un mur qui avait tenu jusque-là, ça dérape... Une accélération de la menace due... aux chants des Palestiniens recueillis dans l'enceinte de Jerusalem. Auparavant le virus semble avoir été apporté à l'Occident par... des Nord-Coréens. Lorsque Gerry et une soldate israëlienne traversent un village gallois après un spectaculaire accident d'avion, la population ne lève pas le petit doigt pour les aider. Voilà pour le rayon clichés maladroits.

 

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Parlons maintenant des incohérences. Il y en a toujours dans ce genre de film, me direz-vous. Mais dans la deuxième partie elles envahissent le film, alors que les zombies sont moins nombreux (mais toujours bien présents). Je ne vais pas forcément les cataloguer, mais s'enfermer dans un laboratoire au milieu des zombies, en laissant sa seule arme au-dehors, c'est complètement con. Boire un soda dans ce même laboratoire, ça ne le fait pas non plus. Le Pays de Galles est un petit pays, d'accord, mais trouver l'établissement que l'on cherche après un accident d'avion dans la pampa, sans personne pour vous renseigner, ça relève de l'exploit impensable... Pensez-vous que dans un avion de la compagnie Belarus Airways, TOUT soit écrit en anglais ? L'équipage, alors que tous ses passagers est visiblement en pleine panique, doit-il ouvrir sa cabine à un inconnu qui frappe à la porte ? Le réalisateur passe un peu trop de temps sur le faciès de certains zombies, au point de les rendre presque risibles, alors que le but était de renforcer leur caractère inquiétant. Du moins je l'espère... Et puis dans la première partie, on nous montre un personnage de scientifique, qui a priori va tenir un rôle important. Pour, cinq minutes plus tard, le faire mourir de la façon la plus conne que j'aie vue depuis longtemps...

 

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Bon, ça fait grosse charge. Mais que voulez-vous, ces illogismes m'ont un peu gâché la fin du film, même si celle-ci tient grosso modo la route. Je ne sais pas quel contrôle Forster avait sur son montage (probablement pas grand-chose), mais lors de la première heure il s'est montré assez à l'aise avec les différents types de scène : violentes, intimistes, avec effets spéciaux, sans... Brad Pitt, seule star du casting (avec David Morse, excellent acteur de série B qui n'a hélas que 5 minutes de présence à l'écran), propose une partition sans grand relief, mais pas désagréable. Il n'est pas maquillé, ou si peu, et paraît presque son âge (oui, mesdames et mesdemoiselles, il aura 50 ans à la fin de cette année). Pas grand-chose à dire des autres comédiens, dont le temps de présence est peu important.

 

World War Z restera donc comme l'un des plus gros ratés artistiques de cette année 2013. Vraiment dommage, car il y avait matière à faire un excellent film, et le début en prenait la voie.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

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1881. New York. Un jeune homme fort élégant est appelé au domicile de son oncle, John Carter, car celui-ci est décédé brutalement, et l'a désigné comme seul héritier. Sur place Edgar Rice Burroughs (oui oui, lui-même) trouve un tombeau qui ne s'ouvre que de l'intérieur, ainsi qu'un journal qui va lui raconter une bien étrange histoire...

 

Tout commence 13 ans plus tôt, lorsque le Capitaine John Carter, lassé de participer à des guerres absurdes, décide de déserter de l'armée américaine et de chercher de l'or. Rattrapé par la patrouille, puis par les Indiens Cheyennes, il se réfugie avec un officier gravement blessé dans une grotte, où il voit des peintures étranges. Un homme habillé bizarrement se matérialise auprès de lui, et l'agresse. Carter l'abat par réflexe, et étreint l'étrange médaillon que serre l'étranger dans sa main, en murmurant "Barsoom...". Carter se retrouve propulsé dans un monde totalement différent, peuplé par des créatures étranges, au milieu de deux peuples qui se font une guerre sans merci, mais dont l'issue est proche. Sauf que John Carter, avec ses aptitudes physiques exceptionnelles décuplées par la faible gravité de la planète Mars (la fameuse Barsoom), va perturber ces tractations...

 

Tout est beau dans ce film. Il s'agit d'une adaptation, a priori fidèle, du roman La Princesse de Mars, premier de la saga du Cycle de Mars écrite par Edgar rice Burroughs (oui, le neveu de notre héros, enfin disons qu'il s'inclue dans l'histoire avec un procédé à l'efficacité éprouvée), sorti en feuilleton en... 1912. Un siècle plus tard (le film date de 2012), c'est donc Andrew Stanton, connu pour avoir réalisé certains des plus beaux films du studio Pixar : 1001 pattes, Le Monde de Nemo et Wall-E), qui se colle à la réalisation. Oui, vous ne rêvez pas, on a confié à un réalisateur spécialiste de l'animation (avec beaucoup de bonheur) la mise en scène d'un blockbuster produit par Disney. Un blockbuster qui a fait un flop commercial, pour des raisons sur lesquelles je reviendrai plus tard.

 

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Car le film m'a enchanté quasiment de bout en bout. D'abord la réalisation est très efficace, complètement au service du spectacle, sans toutefois en rajouter. Les décors, dont une partie sont naturels (tournés dans l'Utah) sont somptueux, mais là encore le réalisateur ne s'attarde pas sur ce qui est mis à sa disposition. Il est au service d'une histoire, lauqelle met en scène un soldat du XIXème siècle aux prises avec des machines volantes et des créatures exotiques : les Tharks mesurent trois mètres de haut, sont verts et ont quatre bras (ils ont d'ailleurs été joués en vrai sur le plateau par des acteurs juchés sur des échasses), des grands singes blancs (visibles sur l'affiche du film), sans oublier Woola, une sorte de gros chien de garde ultra-rapide et à l'allure vaguement pénienne. Sans être un virtuose, Stanton, qui a participé au scénario avec Michael Chabon et Mark Andrews, gère bien ces différents éléments pour nous livrer un film sans fausse note technique, et visuellement époustouflant par moments. On comprend d'ailleurs pourquoi le film a été comparé à Star Wars et au Seigneur des Anneaux, car les possibilités offertes par cet univers promettent beaucoup.

 

Stanton, pour donner un peu plus de cachet à son histoire a décidé de ne prendre que des seconds couteaux, voire des inconnus dans son casting. Et ça marche. Dans le rôle-titre, Taylor Kitsch (c'est quoi ce nom ?) qui a continué la même année avec Battleship (oui bon, là, il s'est planté), après avoir été Gambit dans X-Men origins: Wolverine (oui bon ok, là il s'était déjà planté) ; dans le rôle de la princesse martienne qui est tout sauf une potiche, Lynn Collins (Silver Fox dans ce même film mettant en scène Wolverine), ou encore Mark Strong, en méchant destructeur de monde polymorphe. Parmi les acteurs "masqués", on remarquera James Purefoy, Samantha Morton, Willem Dafoe et Thomas Haden Church. Difficile de parler de leur jeu, mais dans l'ensemble cela passe assez bien, même si les deux acteurs principaux ne sont pas les plus charismatiques de leur génération. Mais là encore, ils sont au service d'une histoire, d'une vision, et de ce qui restera sans doute un grand film, point de départ d'une franchise juteuse, qui ne se fera probablement jamais.

 

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Car John Carter a fait un four au box-office. Peu de promotion de la part de Disney, une distribution qui a vite confiné le film au niveau d'un film français de troisième zone, ça a suffi à tuer la poule aux oeufs d'or dans l'oeuf. Pourquoi cette tactique de production me direz-vous ? Eh bien lorsque le film a commencé à être tourné, début 2010, Disney y croyait beaucoup. Mais entre-temps la firme de l'oncle Walt a racheté Lucasfilm, puis Marvel, avec l'obligation, quelque part, de continuer les franchises déjà engagées par la Maison des Idées : Star Wars, X-Men, Avengers... Et la concurrence avec Star Wars aurait été trop directe. Du coup lorsque le film est sorti deux ans plus tard, ce fut presque dans l'anonymat. Vraiment dommage, car il y avait de quoi faire de très belles choses autour de John Carter...

 

EDIT du 27/10/2014 : suite à la cession des droits aux héritiers de l'auteur, une (ou des) suite(s) seraient à nouveau envisageables...

 

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En plus ça m'a donné envie de lire le Cycle de Mars !

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

La planète Mars a nourri l'imaginaire de générations entières d'auteurs de romans, de scénaristes de cinéma, et d'auteurs de bande dessinée, les uns adaptant parfois les autres. Ne serait-ce qu'au cinéma, sur ces 15 dernières années, on pourrait citer Ghosts of Mars, Red Planet, Mission to Mars... Voici donc Seul sur Mars, dernière réalisation en date de Ridley Scott.

 

Le moins que l'on puisse dire est que j'étais circonspect, pour ne pas dire méfiant. L'imposture artistique que l'on appelle aussi Prometheus (et qui va connaître une suite encore plus proche d'Alien... soupir) m'avait convaincu qu'il n'était plus dans le coup, qu'il sucrait sévèrement les fraises. Rappelons qu'il aura 78 ans dans quelques jours, quand même. Pourtant on ne peut pas oublier le réalisateur "visionnaire" du premier Alien, de Blade Runner, de Legend ou de Thelma et Louise. Du côté des déceptions, citons 1492, Christophe Colomb, G.I. Jane - A armes égales, Gladiator (mais oui !) ou Kingdom of Heaven. Et je ne cite là que les films que j'ai pu voir. Non que son génie filmique soit remis en cause, mais comme le signale un ami, Scott est juste incapable de discerner un bon scénario d'un mauvais, le résultat tient donc de la loterie en termes d'histoire...

 

Lors d’une expédition sur Mars, l’astronaute Mark Watney (Matt Damon) est laissé pour mort par ses coéquipiers, une tempête les ayant obligés à décoller en urgence. Mais Mark a survécu et il est désormais seul, sans moyen de repartir, sur une planète hostile. Il va devoir faire appel à son intelligence et son ingéniosité pour tenter de survivre et trouver un moyen de contacter la Terre. A 225 millions de kilomètres, la NASA et des scientifiques du monde entier travaillent sans relâche pour le sauver, pendant que ses coéquipiers tentent d’organiser une mission pour le récupérer au péril de leurs vies.

 

Ma deuxième crainte, en voyant l'affiche (Seul sur l'affiche aussi) et des bouts du synopsis, était qu'on aie une sorte de Seul au monde (avec Tom Hanks) sur Mars, c'est à dire un mec qui est naufragé et finit par discuter avec son ballon de basket qu'il appelle Jean-Louis. Ce n'est pas le cas. Bien sûr, Matt Damon est présent pendant 80% du film, et seul la plupart du temps, mais le script laisse aussi une part non négligeable à son équipe en route pour la Terre, ainsi qu'aux gens de la NASA, qui oeuvrent pour sa récupération. Entre parenthèses il commence à coûter cher à l'administration américaine Matt Damon, après Il faut sauver le soldat Ryan et Interstellar. Ça serait bien qu'il revienne tout seul la prochaine fois, Obama n'a pas que ça à faire. Bref, pour ceux qui aiment bien Jessica Chastain, Jeff Daniels, Chiwetel Ejiofor ou Michael Peña (presque à contre-emploi), on les voit un peu et ils sont aussi choyés que la méga-star qui remplit toute l'affiche. A noter que la NASA a collaboré à la conception des scaphandres spatiaux et à certains décors.

 

Parlons-en un peu, de la NASA, tiens. Il est intéressant de voir qu'il ne s'agit pas ici d'un organisme totalement dévolu au pouvoir, ni intéressé uniquement par les annonces-choc. La sobriété avec laquelle Jeff Daniels interprète son directeur y est pour beaucoup. Certains comportements de ses cadres, s'ils sont surprenants, n'en seront pas moins suivis de résultats et de sanctions... Et l'agence spatiale américaine ne pourra pas s'en sortir sans un coup de pouce extérieur... En cela j'ai retrouvé le sérieux de certains romans de Stephen Baxter.

 

Ce côté "cohérent", pour ne pas dire "crédible", on le retrouve un peu partout dans le film : dans le comportement de Watney, absolument seul pendant plus d'un an, qui craque par moments mais essaie de trouver une solution avec ses compétences et ses facultés d'adaptation (une constante chez les astronautes). De même, alors que certains en auraient profité, Scott n'en rajoute pas dans le registre "regardez, c'est bôôôô tous ces paysages et ces vaisseaux dans l'espace" ! On en retrouve pas trop sa patte, mais l'ensemble est très correctement filmé. Bon, bien sûr, il y a, comme dans la plupart des films de SF, des petites incohérences sans lesquelles l'histoire ne tiendrait pas : du chatterton magique, un vent martien qui peut tout casser sauf un cosmonaute en scaphandre, la liste peut être plus longue. Mais le summum ayant été atteint avec Prometheus, je pense qu'on peut parler de film hautement crédible en proportion. :)

 

The Martian (en VO) est donc l'adaptation du roman éponyme d'Andy Weir. C'est Drew Goddard, scénariste de Cloverfield et World War Z, qui devait le scénariser et en réaliser l'adaptation. Scott est arrivé entre-temps. Le réalisateur a voulu Damon pour le rôle principal, et a posté ses caméras en Jordanie pour les tournages en extérieurs, et en Hongrie pour certains plans intérieurs.

 

A noter un clin d'oeil amusant au Seigneur des Anneaux, puisque la réunion improvisée à la NASA pour trouver une solution est surnommée le Conseil d'Elrond, et se fait en la présence de Sean Bean, qui rappelons-le a assisté à ce fameux Conseil dans le prmier film de Peter Jackson dans le rôle de Boromir.

 

Et donc, contre toute attente, Seul sur Mars est un bon film. Pas un chef d'oeuvre, non, Scott en a réalisé deux il y a plus de trente ans, c'est déjà plus que l'immense majorité des réalisateurs. Seul sur Mars est le moins pire qu'il ait fait depuis une vingtaine d'années.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Totalement par hasard (mais si, mais si, croyez-moi), je suis tombé sur la page d'éditeur consécrée à la nouvelle traduction de Bilbo le Hobbit, premier roman de JRR Tolkien, et considéré (oui, je fais des raccourcis) comme le prologue du Seigneur des Anneaux. Et là... c'est le drame. Voici en effet l'argumentaire :

Le hobbit Bilbo Bessac mène une vie tranquille, sans grande ambition, s'aventurant rarement au-delà de son logis, à Cul-de-Sac. Son existence se trouve soudainement perturbée par l'arrivée du magicien Gandalf qui, accompagné de treize nains, l'entraîne dans un long et improbable périple en direction de la Montagne Solitaire. Ils ont en effet pour dessein d'aller dérober le trésor de Smaug le Puissant, un énorme et très dangereux dragon...

 

Attendez une minute...

 

Bilbo BESSAC ? Où est passé le Bilbon Sacquet que tous les lecteurs francophones connaissent depuis 1969 grâce à Francis Ledoux ? Certes, une nouvelle traduction, révisée, était nécessaire, ne serait-ce que pour corriger les nombreuses incohérences de la première. A cet effet les Editions Christian Bourgois avaient mobilisé un groupe de lecteurs, chargés de signaler ces soucis, avant de demander à Daniel Lauzon de retravailler l'ensemble, sous la supervision de Vincent Ferré. Mais de là à changer les noms, il y a un gouffre... Du coup j'ai un peu secoué le cocotier sur facebook, mais aussi fureté du côté de certains forums spécialisés.

 

Voici par exemple l'extrait d'un témoignage de Daniel Lauzon (le "nouveau" traducteur, donc) :

Pour répondre à la question qui a été posée, et faire suite au message concernant la quatrième de couverture publiée sur le site de C. Bourgois, je confirme que la nouvelle traduction du Hobbit proposera des noms francisés.

On se rappellera que Tolkien, à l'époque des premières traductions du SdA, s'était opposé à ce que les toponymes de la Comté soient traduits, afin de conserver « l'anglicité », proposition que les traducteurs n'ont pas retenue, à tort ou à raison. Tolkien a alors changé son fusil d'épaule et produit un Guide à l'intention des traducteurs, très bien fait, quoique incomplet. Partant du principe que les noms anglais sont en fait une traduction du parler commun (voir l'Appendice F du SdA), Tolkien invite le traducteur à trouver un équivalent dans la langue cible en tenant compte des origines étymologiques de chaque nom ; il spécifie également les noms à ne pas traduire (ceux d'origine elfique, naine – ou rohirrique, représentés par le vieil anglais). Ce principe ouvre une voie très intéressante que la plupart des traducteurs (à ma connaissance) ont suivie. Sauf, justement, Francis Ledoux dans sa traduction du Hobbit. (On montré que, pour le SdA, Ledoux a suivi le Guide produit par Tolkien.)


Personnellement, quand je pèse le pour et le contre, la francisation des noms, malgré toutes les difficultés qu'elle soulève, l'emporte haut la main. La traduction de Ledoux le prouve. « The Hill » devient « La Colline », évidemment ; « Lake-town » devient « Lacville », mais « Bag End » reste « Bag End ». Une note du traducteur est d'ailleurs nécessaire, lors de la conversation avec Smaug, pour expliquer ce que signifie « Bag End ». La stratégie de traduction est loin d'être claire.
Et dans le cas du SdA, les noms anglais sont si nombreux qu'il devient difficile de résister à la francisation. « Dans le Shire », « en Westernesse », « dans les Trollshaws », « sur les Barrow-downs », « en Middle-earth » ? Vraiment ?
Ces noms n'ont ni plus ni moins de signification que « Bag End » et il serait difficile de tracer une ligne entre ce qui doit être traduit et ce qui ne doit pas l'être. Les incohérences s'invitent et les migraines commencent. L'utilisation de l'anglais à toutes les sauces est un phénomène relativement récent qui est une affaire de mode.  L'anglais vend. Mais si Tolkien écrivait en tchèque ou en chinois, vous conserveriez les noms ?

 

Pour en savoir plus, je vous invite à aller sur le forum de tolkiendil.com, où une discussion s'est engagée entre les fans et l'équipe de traduction et d'édition.

 

Le plus étonnant c'est aussi que Bourgois ne sort pas une nouvelle édition, mais... trois. En effet une édition comportant des annotations de Douglas A. Anderson (traduites également par Lauzon) et une autre comportant des illustrations d'Alan Lee vont sortir presque simultanément, entre août et octobre de cette année...

 

Un autre élément à connaître : Pour pouvoir retraduire Le Hobbit, Daniel Lauzon était obligé de changer les noms qui ne sont pas "transparents". Apparemment, le droit français, à la différence d'autres pays, considère une traduction comme une création originale sur laquelle le droit d'auteur s'applique, et utiliser tout ou partie d'une traduction n'est par conséquent pas possible. Sacquet et les autres noms, non-transparents, sont des éléments originaux de la traduction de Ledoux, difficile alors de les utiliser en dehors d'une révision.

 

Au moins, ainsi on aura les poèmes avec un respect de la métrique et des rimes, et les passages oubliés par Ledoux seront réintégrés. De plus les noms seront cohérents avec la volonté de Tolkien, qu'il a exprimée dans le Guide to the Names in The Lord of the Rings (dont je suis entré en possession, je vous en parlerai prochainement).

 

Enfin, les plus exercés d'entre vous remarqueront que cette nouvelle édition s'appelle Le Hobbit, et non plus Bilbo le Hobbit... Cette évolution avait été amorcée dans les rééditions précédentes toutefois.

 

Bon, honnêtement je suis un peu "bouleversé" par cette évolution, j'étais très attaché à Sacquet et Mirkwood, par exemple. La bonne nouvelle de tout ça c'est que je vais me relire l'ancienne édition, acheter la nouvelle (probablement annotée), et relire également la bande dessinée...

 

Spooky

 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films

DEPRIM-MAN

Tout commence fin décembre 2003, je suis assis dans la salle de cinéma, attendant de voir enfin le Retour du Roi quand les bandes annonces se mettent à défiler. Rien de bien folichon… Master and Commander mouais bof sans moi… Paycheck euh non sans façon… et là… Peter Parker et Mary-Jane Watson apparaissent, attablés dans un café, elle lui demande de l'embrasser, il s'approche, il va le faire et tout à coup le temps semble s'arrêter, le sens d'araignée de Peter lui permet tout juste d'anticiper le danger qui arrive par derrière. Il plonge sur MJ et la sauve in extremis de la voiture qui vient de traverser la vitrine du restaurant, projetée par les tentacules surpuissantes d'un Docteur Octopus plus qu'impressionnant !

C'était le premier teaser du second volet de Spider-Man. Le début d'une longue attente aussi. Et me voici le 14 juillet, jour de sortie de Spider-Man 2, assis dans la même salle qu'en décembre, prêt à voir les nouvelles aventures cinématographiques de mon arachnée favorite.

J'avais adoré le premier film, voir évoluer sur un grand écran le héros qui avait bercé ma jeunesse et mes lectures strangesques m'avait procuré des sensations très fortes. J'étais redevenu un gamin pendant deux heures, et ça m'avait fait un bien fou. Le problème c'est que les suites des films à succès sont souvent l'objet de beaucoup d'attentes et de pas mal de déception à l'arrivée. Et bien cette inquiétude a été balayée très vite, dès les premières images du film. Spider-Man 2 est un film riche, jouant sur plusieurs niveaux, et chose rare dans les adaptations super-héroïques, conserve parfaitement l'esprit du comic d'origine.

Le FOND
Peter Parker a grandi, il a appris à mieux gérer sa condition de héros, ce n'est plus le jeune homme du premier film qui découvrait ses pouvoirs en même temps que le spectateur. Il a quitté le lycée pour devenir étudiant en sciences, et tente tant bien que mal de concilier ses études, ses petits boulots pour gagner de quoi vivre, et sa double identité de super-héros… Comme d'habitude pour Peter rien n'est simple, et sa vie privée ne fait pas bon ménage avec son costume d'homme-araignée. C'est tout l'enjeu du film : la position que va adopter Peter, les choix difficiles qui l'attendent, et son pire ennemi, celui que son sixième sens n'avait pas détecté, le doute.

En ce sens, Spider-Man 2 est surtout et avant tout l'histoire de Peter Parker. Certains apprécieront cette façon d'aborder le film, pour la profondeur que cela apporte au personnage-titre et tout l'aspect émotionnel qui renforce l'attachement et l'identification à Spidey. D'autres se sentiront peut-être trompés sur la marchandise, car ce ne sont pas les scènes d'actions qui prennent le pouvoir dans ce film, mais bel et bien les motivations des personnages, les liens et les relations qui les unissent. Ça ne veut pas dire que le film manque de scènes d'action, ou que celles-ci soient mauvaises, bien au contraire. Simplement elles ne sont pas l'intérêt principal de Spider-Man 2.

Comme pour souligner que l'on assiste à une histoire humaine avant d'être sur-humaine, Spider-Man ôte souvent son masque au cours du métrage. Au premier abord d'ailleurs, cela m'a assez étonné, habitué que je suis à lire ses aventures où l'un des principaux risques qu'il court est justement de se faire démasquer. Mais quand il tombe le masque dans le film de Sam Raimi, c'est toujours pour une bonne raison. Raison pratique : son masque est endommagé ou à moitié brûlé, il le gêne plus qu'autre chose. Raison plus émotionnelle : lorsqu'il se démasque devant Harry, faisant d'un coup avancer la relation amitié/haine entre les deux jeunes hommes, et créant comme un électro-choc chez Harry, ce qui loin de le remettre d'aplomb, semble le plonger un peu plus loin dans la folie vengeresse. Mais de façon plus générale, toutes les scènes où Peter apparaît costumé mais sans masque révèlent un point important : Peter Parker et Spider-Man sont une seule et même personne. Cela paraît bête à dire comme ça, et pourtant … ce n'est pas si anodin que cela. On est loin d'un Superman qui "joue le rôle" de Clark Kent dans le civil, ou d'un Bruce Wayne qui se “déguise" en Batman pour laisser place à sa violence limite schizophrénique. Non, Peter Parker n'est pas schizo, jamais. Il ne triche pas, d'ailleurs le mensonge le ronge intérieurement : il le coupe de MJ, il le culpabilise face à Tante May. Logique donc qu'il adopte la solution la plus "héroïque", du moins celle qui demande le plus de courage : dévoiler sa double identité. Une sorte de coming-out arachnéen finalement…

Autre séquence plutôt étonnante du film, celle du métro aérien. Du point de vue action tout d'abord, elle est tout bonnement époustouflante. D'aucuns diraient exagérée, car effectivement Spider-Man arrête tout de même un train lancé à pleine vitesse !! Du point de vue de ses relations avec les new-yorkais ensuite… la scène où il est porté et protégé par la foule passe beaucoup mieux selon moi que dans le premier film quand la foule défend Spider-Man face au Bouffon Vert. D'abord parce que ce gamin vient de les sauver d'une façon plutôt impressionnante, normal que les gens prennent fait et cause pour lui. Ensuite parce qu'ils s'étonnent en découvrant son visage de sa jeunesse… on peut imaginer un certain sentiment de honte des adultes face au gamin qui fait preuve de tant de courage. Et cerise sur le gâteau : là où le Bouffon était fragilisé par cette rebellion de la foule, Octopus n'en a cure et envoie tout le monde valdinguer comme si de rien n'était avec une belle ironie.

J'ai lu et entendu dans les réactions face au film sur internet ou à la sortie de la salle un reproche que j'ai trouvé injuste. Le film, et plus particulièrement Peter Parker ont souvent été qualifiés de "naïf". Je crois qu'il ne faut pas confondre être gentil et être naïf. Le cynisme empêche parfois de faire la part de choses. Les "bons sentiments"… ça devient presque une expression insultante ! Spidey ne tue pas, Spidey est bon et il a une certaine morale. Le mot est lâché : la morale donne des boutons à beaucoup de gens parce qu'elle est très souvent associée au contexte judéo-chrétien, à la religion. Il fait ce qu'il croit juste sans en faire un dogme, et surtout se pose des questions perpétuellement sur ce qu'il fait. Ce type de morale réfléchie et non refermée sur elle-même ne me choque pas. En cela, Spider-Man est très humain, et c'est même une de ses qualités premières : il sait se remettre en question. Alors ceux qui trouvent le film trop guimauve, trop bon enfant, trop naïf, je les renvoie à la lecture de Spider-Man. Que ce soit dans les tous premiers épisodes de 1963 ou ceux d'aujourd'hui, Peter Parker a toujours été un "gentil". Le personnage est comme ça, si on aime Spider-Man je crois que c'est aussi pour son côté idéaliste quoi qu'il arrive. C'est donc un faux procès qu'on peut faire au film, selon moi le caractère des personnages principaux est vraiment bien respecté par Sam Raimi.

Les PERSONNAGES
Comme pour le premier film, Tobey Maguire incarne un Peter Parker extrêmement convaincant, proche de l'homme de tous les jours (donc auquel on peut s'identifier facilement, et pour lequel on a naturellement de la sympathie), jouant sur le registre de la comédie, des sentiments et de l'action avec une crédibilité égale. Kirsten Dunst, dans le rôle de Mary-Jane a évolué depuis le premier épisode. Plus posée, plus adulte, elle reste cependant le point faible selon moi du film. Pas par la prestation de l'actrice, mais tout simplement par ce qui a été fait de son personnage. La MJ du comic et celle du film sont très différentes. Cela provient à mon sens surtout du fait que dans le film on a "mixé" deux personnages du comic en un seul à l'écran : Mary-Jane Watson et Gwen Stacy. Mary-Jane y a perdu en force de caractère et en joie de vivre par rapport à ce qu'elle représente dans la BD.
Alfred Molina en Doc Ock est tout bonnement excellent ! Il est remarquable aussi bien en scientifique sympathique qu'en ennemi impitoyable du tisseur. Et Octopus en action enterre définitivement le Bouffon (bien nommé) qui était selon moi la fausse note du premier film. Le savant fou est vraiment impressionnant. Au point qu'on en vient à regretter son faible temps de présence à l'écran, j'aurais aimé le voir un peu plus. Encore une fois le méchant incarne d'une certaine façon " l'image du père " comme c'était déjà le cas de Norman Osborn. Ce thème a toujours été l'un des plus importants dans les histoires de Spider-Man, Peter l'orphelin a toujours eu des relations contrariées avec les hommes à l'image paternelle (Oncle Ben dont il se rend responsable de la mort et qui lui a légué sa maxime "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités", leitmotiv du héros, Norman Osborn qui le prend sous son aile ainsi que Otto Octavius modèle du scientifique humaniste dont Peter se sent très proche).

Quant à tante May, elle est au centre de deux scènes totalement à l'opposé l'une de l'autre.
1. Son discours dans le jardin sur le héros qu'on a tous en nous, sa fierté de Peter, les sous-entendus surlignés au marqueur fluo pour lui faire comprendre qu'elle a changé d'avis sur Spider-Man (et qu'elle n'est pas dupe… tout laisse à penser qu'elle a fait le rapprochement avec Peter) : long, trop appuyé, moralisateur à outrance (dans le mauvais sens du terme cette fois-ci).
2. La scène pleine d'émotion où elle donne à Peter 20 dollars pour son anniversaire alors qu'elle a de graves problèmes d'argent : touchant, simple, profondément humain, vraiment émouvant. Des deux scènes la première m'a plutôt gêné, alors que j'ai trouvé la seconde complètement réussie… on oscille entre l'envie de l'adorer et de la fuir cette vieille tante !!

Les CLINS D'ŒIL
Sam Raimi a truffé son film de clins d'œil amusants à découvrir, en voici quelques uns comme ça au passage… À tout seigneur tout honneur… Stan Lee a évidemment droit à un caméo d'une demie-seconde, comme cela avait déjà été le cas dans le premier Spider-Man (pour info c'est le vieil homme qui sauve une petite fille lors de la scène de l'enlèvement de May par Doc Ock, quand des débris du bâtiment tombent sur les passants). Un autre acteur déjà "de passage" dans le premier opus : Bruce Campbell, vieil ami de Raimi, incarne avec un certain humour le vigile à l'entrée du théâtre de MJ, celui qui refuse de laisser entrer Peter arrivé en retard pour le début de la pièce. Rappelez-vous, c'était déjà lui qui tenait le rôle du présentateur du match de catch il y a 2 ans … Outre le fait que Campbell était le personnage principal de la trilogie Evil Dead de Sam Raimi, le réalisateur propose un autre clin d'œil de choix à ses films d'horreur pour ses fans : la scène du réveil de Octopus à l'hôpital a l'air toute droiet sortei de Evil Dead ! Les bras mécaniques qui font un vrai massacre avec les médecins et les infirmières, la tronçonneuse (drôle d'instrument chirurgical !!), les ongles de l'infirmière rayant horriblement le sol, le Doc Ock qui parle à ses tentacules vivantes … Raimi se fait visiblement plaisir ! Moins accessible au public français, dans la scène de l'ascenseur le réalisateur fait référence à la série télé gay "Queer as folk us". En effet Spidey partage l'ascenseur avec l'un des personnages principaux de la série, qui dans cette sitcom est un fan… de comics justement, et qui associe son amour pour les hommes à sa passion pour les super-héros. Spidey icône gay ?




D'autres clins d'œil émaillent le film, en rapport direct avec le comic book : on voit plusieurs fois le Docteur Connors (le professeur de biologie manchot de Peter) qui n'est autre que le Lézard (ennemi récurrent de Spider-Man), on aperçoit Betty Brant la secrétaire du Daily Bugle avec qui Peter a eu une relation amoureuse au tout début de la série, John Jameson, fils du rédacteur en chef et patron de Peter fait son apparition (il devient lui aussi un des ennemis du tisseur sous les traits d'un loup-garou… … et bien sûr le meilleur pour la fin : Jonah J. Jameson (incarné par JK Simmons), absolument parfait de ressemblance avec le personnage du comic. Dans l'excessif permanent, exactement comme on l'aime. Une très belle image également, tout droit sortie de l'épisode 50 de Amazing Spider-Man (1967) : quand Peter abandonne son costume de Spidey dans une poubelle, résolu à ne plus jamais être un super-héros… (cf. image)

SPIDER-MAN 3
Ce n'est pas une surprise, le troisième film est actuellement en route pour arriver au plus tôt sur nos écrans (2006-2007). Aujourd'hui, si le producteur Avi Arad a déclaré qu'il ne verrait aucun inconvénient à en faire une dizaine, on se dirige de plus en plus non vers une trilogie mais vers une franchise de 5 films. Il en est fortement question, bien que tout ceci reste tributaire de nombreux facteurs. Le premier étant l'engagement des acteurs. Ils avaient tous donné leur accord dès le départ pour 3 films dans l'éventualité d'un succès du premier. Tobey Maguire avec ses problèmes de dos (et oui, il n'y a pas que Jean Rochefort !) avait déjà fait planer des doutes sur sa participation au second film. Kirsten Dunst a pour sa part d'ores et déjà annoncé qu'elle ne désirait pas apparaître dans plus de 3 films. Quant à Sam Raimi, il a finalement rempilé pour la seconde suite mais à aucun moment il ne parle d'aller plus loin. Alors que peut-on envisager comme suite possible pour le prochain film ? La fin de Spider-Man 2 laisse imaginer Harry Osborn prendre le relais de son père, maintenant qu'il a découvert tout l'arsenal du Bouffon Vert. Les fans quant à eux espèrent l'arrivée d'un des ennemis les plus farouches de Spidey, et emblématique des années 90 : le symbiote Venom. Difficile cependant d'introduire ce personnage en gardant ses origines identiques à celles du comic. Venom est un costume-symbiote extra-terrestre (une espèce de parasite surpuissant en quelque sorte) que Spidey avait ramené d'une virée dans l'espace il y a bien longtemps. Le symbiote s'était associé au journaliste raté Eddie Brock (mentionné dans le premier film …) quand Peter l'a rejeté, et cela a donné le monstre Venom. Il faudrait donc modifier ses origines, et pourquoi pas l'associer à l'astronaute John Jameson qui a également une bonne raison d'en vouloir à Parker depuis la fin du second film… Mais Sam Raimi a depuis longtemps déclaré ne pas aimer le personnage de Venom, donc il y peu d'espoir de ce côté là. Par contre, le Lézard, alter-ego maléfique du Docteur Connors introduit dans le second épisode, semble être une bonne piste à suivre dans l'avenir… une association avec un nouveau Bouffon vert ne m'étonnerait pas plus que cela… et visuellement le Lézard serait un très bon choix si les effets spéciaux sont à la hauteur de ceux qui ont permis à Octopus de prendre vie. Quant aux héros, les scénaristes auront peut-être dans l'idée de se débarrasser du personnage de MJ (puisque Kirsten Dunst veut arrêter)… et dans cette éventualité pourquoi ne pas imaginer un triangle amoureux autour de Peter. Avec peut-être Betty Brant entraperçue dans le film, ou même un nouveau personnage issu de la BD : Gwen Stacy en personne… (le premier amour de Peter, tuée lors d'un combat contre le Bouffon Vert). Je penche même pour une fin de trilogie plus sombre, avec la mort de MJ, ce qui renverrait au mythique épisode de Amazing Spider-Man (#121) narrant la mort de Gwen.

Bref, Raimi et ses scénaristes n'ont que l'embarras du choix pour nous concocter le troisième épisode du tisseur au cinéma… Il n'y a qu'à puiser dans les 40 années d'histoires de Spider-Man ! Une chose est sûre : je ferai partie des spectateurs !!

Marv'.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Essais
SURVOL DE LA SCIENCE-FICTION




La science-fiction n’est pas une invention «moderne». On pourrait même dire qu’elle est née avec l’homme.

Déjà présente dans l’art pariétal des hommes de la préhistoire, on trouve dès 1638, dans L’Homme dans la Lune, de Francis Godwin, le souci de l’Homme d’aller vers le premier astre visible, qui a déclenché les plus vifs fantasmes depuis L’Histoire véritable de Lucien de Samosate (IIème siècle de notre ère).
Mais l’acte de naissance «officiel» du genre date de 1818, lorsque la poétesse anglaise Mary Shelley composa son Frankenstein ou le Prométhée moderne ; cette histoire d’un médecin suisse qui crée un homme à partir de tissus prélevés sur des cadavres va déclencher l’arrivée massive de récits prenant appui sur des faits scientifiques.
L’origine même de cette œuvre reste obscure : résultat d’un pari entre intellectuels, cauchemar terrifiant de l’auteur, roman écrit en réaction au courant gothique alors en vogue ?
Les progrès techniques dus à la Révolution industrielle vont permettre ce genre de production littéraire. Les deux auteurs majeurs de la fin du XIXème siècle seront le Français Jules Verne et l’Anglais Herbert George Wells.
Le premier, au travers de ses Voyages extraordinaires dans les mondes connus et inconnus, s’attachera à décrire les conquêtes de la science. Ses romans les plus intéressants restent Vingt mille lieues sous les mers, De la Terre à la Lune (1865), ou encore Voyage au Centre de la Terre (1864), des modèles d’anticipation scientifique, selon l’expression de l’auteur.
A cette rationalité répond la portée philosophique de H. G. Wells ; il interroge la société sur l’impact des avancées techniques sur le quotidien et le contexte social de ses contemporains. A ce titre, L’Homme invisible (1897) ou La Guerre des mondes (1898) sont de grands textes.

Au début du XXème siècle, les sciences et les techniques sont à la mode. Le développement des modes de transport facilite l’évasion et l’exploration des terres inconnues. Le faible prix du papier permet la multiplication des pulps, revues bon marché et de petit format de l’autre côté de l’Atlantique, qui vont publier des récits d’inconnus mêlant poésie, merveilleux, voyages et aventure.
J. H. Rosny Aîné, auteur de La Guerre du Feu (1909) et La mort de la Terre (1910), est l’auteur français le plus intéressant de cette période.
Côté anglo-saxon, les auteurs s’attachent plus à une vision pessimiste de futurs dominés par la technologie, pour notre plus grand malheur. George Orwell, avec son «Big Brother is watching you» de 1984 (1949) et Aldous Huxley avec Le Meilleur des mondes (1932) se posent surtout comme des porte-paroles de propagande antitotalitaire.
Le film Metropolis (1926), de l’Allemand Fritz Lang, se rattache à ce courant. Les années 1930 sont riches de films reprenant les grands mythes littéraires : Frankenstein (Whale, 1931), Dr Jekyll and Mr Hyde (Mamoulian, 1932), L’homme invisible (Whale, 1933).

Dans l’intervalle, Hugo Gernsback, éditeur de la revue Amazing Stories (créée en 1926), contribue à promouvoir la SF ; il inventa le terme de scientifiction pour synthétiser tous ces concepts.
Dans les années 50, le Prix Hugo sera créé par la profession des auteurs et éditeurs pour récompenser les meilleures oeuvres du genre (par réaction, les fans vont créer le prix Apollo). Le développement des pulps va permettre aux lecteurs de s’exprimer ; ce mouvement sera appelé fandom ; il sera à l’origine de réunions de fans, appelées conventions, qui sont aujourd’hui de grandes messes autant que des rendez-vous incontournables pour les auteurs qui veulent rester proches de leur lectorat.
Le second âge d’or de la SF au cinéma correspond à cette période, dont l’atmosphère est rendue lourde par la Guerre Froide. La vague des soucoupes volantes (Le Météore de la nuit, La Guerre des mondes, L’Invasion des profanateurs de sépultures, Planète interdite...) déferle alors sur les écrans.
C’est l’apogée des space opera grandioses, mais aussi de l’heroic fantasy, où des héros musclés luttent contre des forces occultes omnipotentes. Ce mouvement a été initié par Le Seigneur des Anneaux (Tolkien, 1954-1955, à noter que ce roman a été élu «Roman du siècle») et la série des Conan de Robert E. Howard (à partir de 1925).

Quel est l’âge d’or de la science-fiction ? Quatorze ans, répondit un jour Isaac Asimov. Les années 40-50, c’était l’âge d’or de la SF.

Les années 60 et 70 sont marqués par la Guerre Froide et le Vietnam. Les auteurs tournent résolument le dos au Sense of Wonder qui guidait les oeuvres auparavant. Un auteur comme Philip K. Dick est le plus représentatif de cette période. Centrée sur l’exploration des univers intérieurs de ses héros, son œuvre (Ubik, Le Dieu venu du Centaure) est profondément désespérée.
Le libéralisme triomphant est retourné systématiquement, procurant une atmosphère sombre et pessimiste aux productions de cette période.

Un autre mouvement, la new wave, cherche d’autres voies au travers d’une esthétisation, d’une expérimentation de l’écriture. Michael Moorcock, rédacteur en chef de la revue anglaise New Worlds, et J. G. Ballard sont les portes-drapeaux de cette génération. Le roman le plus marquant est Jack Barron ou l’éternité (1967), de Norman Spinrad, qui dénonce le pouvoir accru des médias et la prédominance de l’argent.
Le quotidien est source de malheur, de névrose, de déchéance. Le manifeste officieux de cette vision est le recueil Dangereuses visions (1967) coordonné par Harlan Ellison, où est utilisé le terme de speculative fiction. Véritable révolution, le livre ira même jusqu'à secouer la Chambre des communes britannique.

Stanley Kubrick lâche en 1968 une bombe dans le morne paysage du cinéma de SF : 2001, l’Odyssée de l’espace (adaptation d’une nouvelle d’Arthur C. Clarke) est une fable métaphysique aux ambitions messianiques ; le film inaugure l’ère de la SF «adulte». Kubrick recommencera 3 ans plus tard avec Orange mécanique, monument de réflexion sur le libre arbitre et ses limites.

En 1977 renaît le genre du space opera, où de grands vaisseaux fendent l’espace pour guerroyer dans des mondes très éloignés, grâce au film Star Wars : A New Hope de George Lucas. D’abord uni par une seule langue et une seule culture (comme dans Fondation, d’Isaac Asimov), l’univers est une mosaïque de cultures différentes, en butte à des luttes de pouvoirs (La Stratégie Ender, d’Orson Scott Card, en 1977, et Hypérion, de Dan Simmons, en 1990, sont des modèles de constructions de mondes entiers).

A côté de ces démiurges apparaît au milieu des années 80 une nouvelle tendance, qui s’appuie sur les progrès fulgurants des technologies numériques et optiques. C’est le cyberpunk, initié par Neuromancien, écrit par William Gibson en 1984. Ces techniques sont intégrées à la vie courante, et les héros sont des marginaux qui luttent contre les multinationales. Les films Total Recall (Verhoeven, 1990) et Matrix (Wachowski, 1998) rejoignent cette vision désenchantée.

Forts de toutes ces brèches ouvertes par les Anglo-saxons, les auteurs européens font leur apparition sur le marché global de l’édition de SF.
En France, Pierre Bordage réinvente le roman épique (Les Guerriers du silence, 1995), tandis que l’Allemand Andreas Eschbach se lance dans le space opera politique avec Des Milliards de tapis de cheveux (1995). L’Italien Valerio Evangelisti, avec les aventures de l’Inquisiteur Nicolas Eymerich (depuis 1993), mélange avec un talent fou les genres.
La dystopie, en déclin depuis de nombreuses années, retrouve un seconde souffle avec des auteurs aussi brillants que Gregory Benford (Un paysage du temps, 1980), Greg Bear (Eternité, 1988) ou David Brin (Marée stellaire, 1983), surnommés les Three B.
Parti de presque rien, le Français Bernard Werber mêle réflexion philosophique, entomologie et speculative fiction dans sa trilogie des Fourmis (1993-1997), grand succès public.


La science-fiction est plus qu’un genre artistique basé sur les fantaisies de savants fous.
C’est aussi et surtout une lame de fond qui interroge l’homme sur sa place dans l’univers et sur son époque, suscitant parfois les plus vives polémiques.

Mars 2001

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Si vous êtes des lecteurs assidus du présent blog (et si vous êtes encore là - ohoooooh ! Y'a quelqu'un ?), vous savez probablement que JRR Tolkien fut non seulement un grand écrivain, qui a posé les bases de la fantasy (pour le bien et le mal du genre), mais il fut aussi un philologue émérite, spécialisé dans les langues européennes nordiques. Ce qui l'a amené à se pencher sur des textes fondateurs du légendaire anglo-saxon et scandinave, lesquels l'ont, en retour, largement inspiré pour son oeuvre de fiction.

 

Parmi ces textes, plusieurs fragments d'une légende écrite en vieux norrois (dont l'origine date probablement du XIème siècle), racontant les exploits d'un jeune prince, Sigurd, dans une épopée mêlant amour et action. Cette Völsunga Saga étant dispersée (notamment dans l'Edda de l'Islandais Snorri Sturlusson, l'Anneau des Nibelungen et le Codex Regius) et fragmentaire, Tolkien s'est attaché (là encore, on ne sait pas vraiment quand, mais ce serait dans les années 1930) à reconstituer et traduire l'ensemble en anglais, tout en respectant une forme de mètre poétique particulier au vieux norrois et à l'anglo-saxon, le fornyrðislag, mais aussi à combler certains trous narratifs. Tolkien a donc traduit cette matière en vieil anglais plus exactement, ce qui m'a empêché de le lire intégralement en anglais. Heureusement l'édition française de Christian Bourgois (éditeur historique de l'auteur) et sa version en poche est bilingue, ce qui permet tout de même de faire quelques comparaisons. Comme pour l'ensemble des productions Tolkien depuis 35 ans (époque de la disparition du Professeur), c'est son fils Christopher qui s'est chargé de remettre en ordre ses notes et de les commenter. Il en ressort une longue introduction (reprenant en partie une conférence de son père sur le sujet), ainsi que des commentaires a posteriori très fournis, accompagnés de deux autres courts poèmes ayant trait à la même légende. A la Tolkien, finalement... A noter que cet ouvrage est paru en version originale en 2009, et l'année suivante en version française. Il s'agit donc d'une oeuvre posthume, à 99%.

 

http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782266214377.jpg

 

L'ouvrage est en fait composé de deux lais en vers. Le premier lai est intitulé « Völsungakviða en nýja » (« Le Nouveau Lai des Völsungs » en vieux norrois) et sous-titré « Sigurðarkviða en mesta », « Le Plus Long Lai de Sigurd ». Il comprend neuf sections, plus une introduction, totalisant 339 strophes.

 

Le deuxième poème s'intitule « Guđrúnarkviða en nýja » (« Le Nouveau Lai de Gudrún » en vieux norrois). Il est sous-titré « Dráp Niflunga » (« La Mise à mort des Niflungs ») et compte 166 strophes.

 

Je me suis permis de reprendre le résumé de mes camarades de Tolkiendil :

La première partie, « Le Nouveau Lai des Völsung » retrace l’histoire de Sigurd, le grand héros qui s’empare du trésor de Fáfnir le dragon après l’avoir abattu. Il raconte également comment Brynhild, la Valkyrie qui sommeilla au milieu d’un cercle de feu, est réveillée par Sigurd. Enfin, il rapporte comment Sigurd entre à la cour des grands princes, les Niflungs (ou Nibelungs), avec qui il devient frère de sang. Dès lors surgissent amours et rancœurs attisées par les pouvoirs de la sorcière, la mère des Niflungs, qui maîtrise la magie, la métamorphose... Scènes spectaculaires, identités troublées, passions contrariées, conflits amers… La tragédie de Sigurd et Brynhild, et de Gudrún, sa sœur, aboutit au meurtre de Sigurd par les mains de ses frères de sang, au suicide de Brynhild et au désespoir de Gudrún.

Le second lai, « Le Nouveau Lai de Gudrún », raconte l’histoire de Gudrún après la mort de Sigurd, de son mariage forcé avec Atli, le chef des Huns qui tue ses frères, ainsi que de sa monstrueuse vengeance. 

 

En ce qui me concerne, cette lecture n'a pas été vraiment facile ; j'ai du mal avec l'oeuvre poétique en général, et même si c'est Tolkien qui en écrit, ça ne changera pas trop mon avis. Par ailleurs l'introduction de Christopher Tolkien est beaucoup trop longue, et gâche un peu le plaisir de la découverte du travail de son père. Le versant philologue n'est pas ce que je préfère dans son oeuvre, et pour le coup c'est presque un pensum. Dommage, car le lecteur assidu de Tolkien pourrait discerner pas mal de figures narratives qui ont inspiré son oeuvre de fiction.

 

Je vous ai mis en illustration les deux couvertures des éditions françaises. La première, proche de l'originale, reprend un détail du portail de l'église de Hylestad, en Norvège, datant du XIIe siècle et conservé à l'Institut archéologique de l'université d'Oslo. Elle représente le cheval de Sigurd, Grani, chargé du trésor de Fáfnir, avec les deux oiseaux qui préviennent Sigurd de la trahison de Regin. La seconde est un fragment d'une peinture de John Howe, baptisée Door of Heorot, Heorot étant le palais de Beowulf, autre héros de légendes nordiques ayant inspiré Tolkien ; mais pour le coup, malgré sa beauté, elle est plus éloignée de l'esprit de l'ouvrage, qu'en pensez-vous ? Un seul regret, que la version en poche (celle que j'ai achetée et lue, donc) n'ait pas repris les illustrations de Bill Sanderson de l'édition originale.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

http://s.tfou.fr/mmdia/i/63/1/citesdorroman-3d-sticker-10869631vyrhd.jpg?v=1

 

 

2013 semble être une année particulière pour les Mystérieuses Cités d'Or. Après une réédition intégrale en DVD et blouré haute définition, la diffusion d'une "suite" se déroulant en Chine (que je n'ai pas vue, si vous avez des avis dessus, je suis preneur), ainsi qu'un jeu video disponible sur iTunes et Google Play. La bande-son a aussi été ressortie récemment.

 

Pour ceux auxquels ce nom ne dit rien, je vous recommande ce tour sur mon ancien site.

 

C'est aussi l'occasion de revenir aux racines, c'est à dire le roman de Scott O'Dell, la Route de l'Or, qui a lui aussi été réédité -par Kazé, dont il me semble que c'est la première publication non-mangaïque. Lequel a donc inspiré le dessin animé. "Inspiré" est le terme le plus approprié, car les différences sont énormes. Esteban, le héros, n'est plus un orphelin sauvé d'un naufrage par le fourbe Mendoza, mais un adolescent, issu de la bourgeoisie, qui le lendemain de l'obtention de son diplôme de cartographe, s'embarque pour le premier bateau en partance pour le Nouveau Continent.

 

Nous sommes en 1540, et le réalisme s'embarque aussi. Exit les faire-valoir à vocation comique. pas de Grand Condor ou d'autres moyens de transport de taile démesurée. En fait, seuls le contexte historique (l'exploration du Nouveau Monde à la recherche de Cibola, l'une des sept Cités d'Or) et trois personnages sont présents ; hormis Esteban de Sandoval, Mendoza est un capitaine de marine, uniquement intéressé par l'or, et Zia est une jeune Indienne qui sert de guide et d'interprète à Mendoza et son groupe.

 

Car les intentions de celui-ci sont vite découvertes par son commandant d'expédition, lequel le débarque sous un faux prétexte en Californie, avant qu'une mutinerie éclate à son bord. Esteban, trois musiciens (!) et un prêtre un peu illuminé sont également du voyage. Guidés par la jeune Zia et les rumeurs colportées par les différentes tribus d'Indiens rencontrées en chemin, les fugitifs essaient de trouver ces fameuses cités pavées d'or...

 

Le récit est partagé entre deux trames narratives. D'une part le récit de cette expédition, vouée à l'échec ; d'autre part le récit du procès d'Esteban, qui a lieu l'année suivante, à Veracruz (actuel Mexique), accusé d'avoir soustrait à la possession du Roi d'Espagne un trésor amassé dans ces cités indiennes. Après avoir été mené en bateau par Mendoza, Esteban est là encore manipulé, par son geôlier qui le presse de ne rien dire au tribunal auquel il est confronté. A noter que le titre original est The King's Fifth, ce qui évoque directement cette fameuse part d'un cinquième qui revenait alors au Roi d'Espagne lors de la découverte d'un trésor sur les terres conquises.

 

Je ne sais pas si la traduction est récente, mais un élément m'a fait tiquer. Etant donné que l'espagnol (enfin, le castillan) est la langue du narrateur, et que l'auteur est Américain, pourquoi avoir gardé dans le texte de nombreuses locutions espagnoles, qui ont leurs équivalents en français ? Pour les unités de mesures, cela ne se discute pas, ce sont celles de l'époque, mais pour d'autres termes, je reste circonspect.

 

Autre petit défaut, et là c'est l'éditeur qui est en cause ; les dialogues et les passages descriptifs sont parfois collés ; ou bien la parole d'une même personne est hachée, avec des retours à la ligne intempestifs parfois. Ces défauts ne constituent pas la majeure partie du livre, mais si l'enjeu était de "gagner deux ou trois pages", cela me laisse pantois.

 

La Route de l'Or est un roman sérieux de bout en bout. Le style de Scott O'Dell est très sec, factuel, laissant finalement peu de place à l'introspection du héros (sauf dans la partie judiciaire). L'ensemble baigne dans un réalisme sombre, montrant avant tout la cupidité des Conquistadores... Du coup la lecture n'est pas très plaisante, même si on se demande, à la fin de chaque chapitre, ce qu'il va arriver à nos marginaux.

 

A noter que la partie "passée" d'Esteban fait référence à une expédition réelle, celle du gouverneur Francisco Vasquez de Coronado -auquel Oo'Dell fait plusieurs clins d'oeil dans le roman- qui essaya lui aussi de trouver les sept Cités d'or durant deux ans.

 

En 1972 Scott O'Dell a reçu -pour l'ensemble de sa carrière d'auteur- le prix Hans Christian Andersen, lequel est décerné par l'Union internationale pour les livres de jeunesse (IBBY), en reconnaissance d'une "contribution durable à la littérature pour enfants".

 

 

Spooky

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Publié le par Spooky
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Il y a quelques mois, à la suite d'une conversation avec le camarade Superjé, je m'étais un peu replongé dans l'univers des Livres dont vous êtes le héros. 2012 semble être l'année de résurrection de ce principe, puisque Gallimard a décidé de rééditer certains titres historiques de la collection, et de publier des inédits. Apprenant cela, j'ai écrit à l'éditeur pour lui signaler mon article, un contact qui s'est soldé il y a quelques jours par la réception en service de presse de la première salve, c'est à dire 8 rééditions ainsi qu'un inédit. Je vais donc vous en parler dans les prochains jours/semaines.

 

Et pour patienter, veuillez noter qu'un petit éditeur de bandes dessinées, Makaka, a sorti début juin une BD sur le même principe, Chevaliers. Je vous mets ci-desous mon appréciation.

 

An de grâce 1012, terres du royaume du bon roi Louilepou. Trois frères rêvent d’appartenir à l’ordre des chevaliers de la royauté : des chevaliers sans peur et sans reproche, capables de parcourir de folles distances, d’occire le plus dangereux des voleurs et de défendre le valeureux paysan. L’un de ces trois frères, c’est vous !!!


Mais la route est longue avant de devenir chevalier ! Vous devrez parcourir l’immense étendue des terres royales en quête de bracelets de bravoure. Montagnes enneigées, lacs hantés, sombres forêts… Vous tomberez, sans nul doute, nez à nez avec un troll, un vieux sorcier ou un guerrier ! Il vous faudra résoudre des énigmes, découvrir des cases cachées, apprendre des techniques de combat, ramasser des objets magiques. Votre réussite dépendra de vos choix, car le héros, c’est vous !

 

Lorsque j'ai eu cet album entre les mains, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une sorte d'énième album d'humour sur les chevaliers, une parodie de plus.

Mais en fait le principe est vraiment différent, et va réveiller des souvenirs dans l'esprit de nombre de trentenaires et de quadras. Vous vous souvenez des Livres dont vous êtes le héros ? Ces livres-jeu où vous incarniez un personnage, qui partait à l'aventure suivant ses choix (parmi un éventail proposé) dans des univers de médiéval fantastique, d'Histoire, de fantastique ou de SF ? J'adorais ça. J'en ai encore chez moi. Et je ne pensais pas revoir ce principe remis au goût du jour en BD, après des tentatives mi-figues mi-raisin dans les années 1980 (voir le thème associé à cet album pour en savoir plus).

 

BD Chevaliers


Bref, Shuky s'est remis dans cette ambiance, et avec l'aide de Waltch, nous a concocté un chouette album reprenant ce principe. Nous sommes dans une classique quête d'artefacts (ici, des bracelets), avec des étapes à franchir, des renvois d'une page à l'autre (souvent d'une case à l'autre) avec près de 400 cases concernées. Si l'on n'atteint pas l'ampleur et le talent littéraire des bouquins écrits par Steve Jackson, pour reprendre l'un des grands noms de ces Livres dont vous êtes le héros, le plaisir de se plier à l'exercice, le dessin sympathique de Waltch (soutenu aux couleurs par Novy) permettent de passer un très agréable moment, et même plusieurs, puisque vous pouvez recommencer la quête après être mort.

Ca m'a redonné envie de me replonger dans ces bouquins, et rien que pour ça, je dis merci aux auteurs.

 

Spooky

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