"Notre avenir est aux mains du passé", telle est la devise des agents ukroniens. Leur mission est de protéger l'Histoire des modifications que pourraient causer les voyages dans le temps et, le cas échéant, de lui redonner un déroulement le plus proche possible de l'histoire officielle, afin que l'avenir de l'humanité ne soit pas compromis.
Mais c'est un métier dangereux et les pertes sont parfois importantes. Du coup, quand le général responsable du centre de contrôle découvre que Christophe Colomb s'est fait tuer en débarquant en Amérique et que commence une uchronie dans laquelle l'Amérique n'est pas découverte, il ne dispose, pour redresser le cours de l'histoire, que d'un agent caractériel, aux arrêts de rigueur, et d'un débutant.
Une fine équipe qui va devoir convaincre Martin Alonzo Pinzòn, second capitaine de l'expédition Colomb, de retenter l'aventure.
Moi je suis assez bon public pour ce type de BD, populaire, enlevée, rigolote et maîtrisée.
Car je ne trouve pas que le récit s'embourbe dans une rationalisation quelconque. Kris prend simplement un peu de temps -mais cela lui permet de boucler son premier récit en deux tomes, pas fou- pour poser les bases de l'univers de ces Brigades du Temps. Cela permet de cerner un peu les deux personnages, bien que Montcalm garde sa part d'ombre à la fin du premier tome.
La quatrième de couverture laisse présager, si le succès est au rendez-vous, une série plus longue, tout en espérant que les auteurs sauront s'arrêter à temps. Mais il est bien sûr trop tôt pour en discuter, même si le potentiel est infini.
En ce qui me concerne, je me suis vraiment régalé. D'abord devant la profusion de détails, la science de la mise en scène de Bruno Duhamel, dont la rigueur graphique n'égale que le potentiel comique. Je me suis marré aussi, le récit étant parsemé de touches d'humour comme je les aime. Le boulot de Laurence Croix sur les couleurs est très intéressant, conférant des ambiances très diversifiées mais réussies, aussi bien sous l'éclairage clinique d'une station spatiale que dans l'obscurité totale qui peut régner dans une caravelle du XVème siècle. J'aurais peut-être vu plus de couleurs vives sur la scène "aztèque", mais ce n'est pas bien grave.
Enfin Kris diversifie nettement ses scenarii, versant franchement dans l'aventure tous publics, sans toutefois verser dans le gag à répétition ou le cucul à outrance. Sa maîtrise du récit m'a surpris sur ce coup-là, j'ai hâte de voir ce que va donner la suite. Et ça m'a fait marrer de le voir apparaître en guest-star. Duhamel s'est peut-être aussi représenté, mais je n'ai pas trop fait attention...
Si ces trois-là gardent ce panachage, je veux bien faire un bout de chemin avec eux...
Spooky