BONNET STRYGIEN
Ce septième tome d’une série culte, qui la relance dans un second cycle, appelle beaucoup de commentaires. ces observations vont êtr organisées de façon littérale, en suivant la pagination de l’album, sans toutefois vous dévoiler l’intrigue. Vous le verrez, je m’attache aux détails, car rien n’est gratuit chez les Stryges. Commençons donc par la couverture. On se rend compte que l’ensemble de l’équipe de création graphique a franchi un nouveau palier. Le titre de la série se présente désormais sur une ombre portée blanche, ce qui permet un impact plus grand. Auparavant la couverture présentait un ou plusieurs personnages très nets, avec d’autres en ombre ou en arrière-plan sombre. Ici, l’ensemble a été largement retouché par ordinateur ; l’ensemble est flou, pour un résultat mitigé. Pour ma part, j’aime moins l’Ombre que la stryge. mais le décor est planté. L’Ombre est toujours en guerre contre les mystérieuses ailées. L’un des points forts, côté marketing, du Chant des Stryges, est l’intérieur de la couverture. ce nouveau cycle ne déroge pas à la règle : on se concentre désormais sur Sandor G. Weltman et l’Ombre. A signaler le clin d’oeil aux maîtres du fantastique : le paquet de cigarettes “Love Kraft - Full Rich American Fear”. Le Reclus de Providence a donc inspiré nos auteurs, ce qui n’est un secret pour personne... On trouve également des coupures de presse concernant des pontes de l’organisation qui emploie l’Ombre, avec des photos, sans doute déformées des auteurs des Stryges : Corbeyran (scénario), Guérineau (dessin), Ruby (coloriste), ainsi que leurs complices de l’Atelier 49bees. Afin que l’intrigue et les enjeux ne soient pas perdus de vue, Corbeyran les résume en quelques mots dans un avant-propos, surmonté d’une image stylisée de l’Ombre, qui montre l’évolution graphique de Guérineau. On y trouve également une citation de Maurice G. Dantec, auteur des Racines du Mal ; citation pas si anodine que ça, comme nous le verrons plus loin. On retrouve donc Kevin Nivek, en gorille présidentiel, et l’Ombre, terminatrice professionnelle au service d’une organisation dont elle-même ignore quasiment tout, 7 ans après les événements relatés dans les 6 premiers albums, rattrapés par leur passé. Au passage, on remarquera que Nivek a adopté un look proche de celui d’Obiwan Kenobi dans Star Wars : Episode II (merci Rill@o) ; hommage de fan ? Nivek, retiré des affaires, a changé physiquement, alors que l’Ombre (dont la véritable identité nous sera révélée), qui entretient sa forme physique, reste dans le coup.
Deux nouveaux personnages, Jill et Grace, font leur apparition. Leurs relations saphiques ne réussissent pas à cacher le malaise qui les sépare. A la page 16, cette fameuse Jill inspecte des fichiers informatiques aux noms évocateurs : lawear (?), Moreno Bros. (qui collaborent avec Corb’ sur une quatrième série concernant les stryges, Les Hydres d’Harès), EA Putty (surnom de l’informaticien de l’atelier 49bees), 49 Bees (sans commentaires), et Corber (pour Corbeyran). Les pages 27 et 28 se démarquent résolument du reste de l’album. Elles représentent les figures virtuelles des 6 personnages déjà évoqués en pages intérieures de couverture. Une page collective certainement, Guérineau n’atant pas un fan de l’infographie, qui a visiblement été largement utilisée. Cette digression graphique se justifie tout à fait , même si elle surprend le lecteur. Petite digression : l’énigmatique Jill, appelée à jouer un rôle très important, nous gratifie de ses formes (au demeurant pas déplaisantes) dans deux séquences de l’album... C’est la première fois que Guérineau dévoile une de ses héroïnes (à l’exception de Winnie, dans le tome 2), soulignant son homosexualité, car elle ne se dévoile qu’en présence d’autres femmes (Grace, puis l’Ombre). A la page 40, Jill évoque le poison inoculé par un stryge comme étant “la racine du mal”. l’allusion au bouquin de Dantec est transparente : poison, aliénation, perte de repères...
Nos deux héros, (Nivek et l’Ombre) se retrouvent à la page 41, pour une sorte de bilan des 6 premiers tomes et des 7 années qui ont suivi. A l’instar d’une certaine frange de lectorat, l’Ombre considère que la fin du tome 6 ressemble à une vaste supercherie, et suggère de repartir sur de nouvelles bases, à l’assaut de celui qui pourrait être le véritable ennemi. Astucieuse pirouette de la part de Corbeyran, qui a su entendre les sirènes de son lectorat, qui s’est senti floué une fois le tome 6 refermé... Dernière remarque : Vampire, le chat de Josh, ami de Nivek, avait disparu au cours de la série... Une pétition lancée sur le site officiel (www.stryges.com) a eu raison de l’oubli des auteurs. Le félin amateur de sang frais fait donc une apparition (discrète, car Guérineau l’a rajouté en catastrophe), à la page 45. En conclusion, voilà un superbe album, une remise en question de ses auteurs, une relance totale de l’intrigue, avec certes quelques révélations mais aussi de nouvelles interrogations.