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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


WHO’S WATCHING THE WATCHMEN ?

New York, 1985. Suite au vote d’une loi, les super héros ne peuvent plus exercer leur justice. Sur fond d’une guerre nucléaire menaçante, Edward Blake, alias « Le comédien », est retrouvé mort, assassiné. Rorschach, détective complètement psychotique caché derrière un masque aux formes mouvantes, soupçonne quelqu’un de vouloir éliminer les anciens super héros et part prévenir ses anciens compagnons… auprès desquels il ne rencontre qu’indifférence, incrédulité, hostilité. Et tandis qu’au fil des pages les aiguilles de l’horloge approchent de minuit, l’incroyable mécanique se révèle dans toute sa démesure.. Le génie a ceci de particulier qu’il est incomparable. Déjà avec “From Hell”, Alan Moore nous laissait époustouflé. Mais avec “Watchmen”, on reste hagard, assommé, ahuri. “Watchmen” dépasse de plusieurs ordres de grandeur l’écrasante majorité de tout ce qui existe actuellement en bande dessinée. Moore veut faire quelque chose ? Qu’à cela ne tienne, il se lance dedans corps et âme, et sans compromission réalise ce qu’il veut faire comme il le veut, le jet sur le papier d’un esprit démesuré qui brasse concepts et narration avec une aisance facile, comme si cela lui était naturel depuis toujours. De quoi rappeler à l’humilité beaucoup de créateurs, tous domaines confondus. (vous aurez compris que ceci est mon impression, pas nécessairement la réalité). Car “Watchmen”, c’est un monument. Rien que par la taille : à l’origine 12 livrets d’une bonne trentaine de pages, agrémentés à chaque fois d’un petit dossier complémentaire, le tout regroupé en une intégrale de 400 pages, cela promet une lecture longue. Très longue. “Watchmen” parle (entre autres !) de super-héros. Mais de super-héros vieux, usés, dépassés, à la retraite. De super-héros plus jeunes aussi, mais mis à l’écart, oubliés, soumis à la loi, et eux aussi perdus, désorientés. De super-héros humains, qui doivent faire de la musculation, s’entraîner incessamment pour rester en forme. De super-héros qui, comme Rorschach, n’ont rien de super-héroïque mais sont au contraire complètement humains. De super-héros qui malgré tout présentent une différence avec l’humanité, ce qui soulève immédiatement le problème de la différence, de la cohabitation, du rejet, thème qui est présent en toile de fond dans “Watchmen”. Ouvrage apparemment fondateur, le sujet a depuis été repris par bien d’autres (voir “Powers” et “Kingdom Come”, entre autres), preuve de l’originalité et de l’intérêt de la chose, comme pour Tolkien dans un domaine voisin. Malgré tout, l’intrigue principale paraît mince, a posteriori, et on pourrait même le résumer en quelques petites lignes. Car ce qui fait l’incomparable richesse de “Watchmen”, ce n’est pas le fil directeur de l’album, enquête certes bien menée, intéressante, mais finalement pas renversante. Non, ce qui fait cette richesse, c’est l’incroyable galerie de ces personnages absolument superbes, l’absolu cynisme d’Alan Moore, qui à travers ce livre nous jette à la face un regard froid et réaliste sur notre monde, sur la politique à grande échelle, sur nous en tant qu’humains, sur nos croyances et leurs raisons d’être. Sans entrer dans les détails, ce serait long et lassant, chacun des personnages principaux a une personnalité extrêmement marquée et marquante, symbolisant de façon parfois à peine couverte diverses notions pas du tout édulcorées (cf le Docteur Manhattan, quasi-omnipotent, et pourtant presque totalement impuissant, l’image même de Dieu, comme cela est suggéré tout du long). Moore, sous des dessous de fiction, la joue ici à la dure, à la réaliste, à la crédible, que même les meilleures saisons de X-Files peuvent aller se rhabiller. De plus, les petits dossiers à la fin de chaque chapitre (dont la lecture est largement dispensable la première fois) sont très intéressants. Adoptant le point de vue de différents personnages (le Nite Owl original, le professeur Milton Glass...), ou montrant des documents annexes (coupures de journaux, casier judiciaire de Rorschach...), ils permettent de creuser l’univers dépeint, de lancer de nombreuses pistes pour le lecteur intéressé, et tout simplement d’entrer encore plus dans l’œuvre et la réflexion associée.



Loin d’être superflus, ils sont réellement enrichissants. Rien que cela fait de “Watchmen” une lecture démesurément riche, trop en tout cas pour tout saisir en une seule fois. Mais ce n’est pas tout. Il y a la mise en scène... elle aussi d’une richesse impressionnante... Découpage (pourtant a priori très austère, basé sur un gaufrier 3 x 3), cadrages, symboles leitmotivs, scènes en arrière-plan, utilisation d’une thématique pour chacun des douze livrets (c’est particulièrement visible pour le chapitre 4, sur Docteur Manhattan), chevauchement de la narration pour deux histoires différentes (le comics que lit le gamin, où le héros essaie déséspérément de revenir à Davidstown, dont les textes s’appliquent également — mais avec une autre signification — à l’histoire en cours, et dont le final éclaire cette même histoire d’une lumière intéressante), doubles-sens en pagaille (graphiques et textuels), etc. Bref, au niveau de la composition, c’est là encore impressionnant... La facilité avec laquelle cela semble être fait rappelle d’ailleurs un peu David Lodge, qui n’hésite pas à utiliser allègrement à sa façon les genres littéraires existants. Les couleurs par contre, il faut bien le dire, sont absolument ignobles. Palette chromatique plus que limitée et pétante à déchirer les yeux, aplats massifs, c’en est presque repoussant. Et le dessin, pas mauvais mais très standard façon comics quelconque, n’arrange pas vraiment les choses. Si l’on devait noter cette œuvre, cela donnerait à peu près ceci :
- richesse de l’œuvre : 5/5
- mise en scène : 5/5
- dessin : 3/5
- couleurs : 1/5
- plaisir de lecture : 4,5/5


Un dernier mot, sur la comparaison qui semble être faite par certains de “Watchmen” et “Kingdom Come”. Les deux ont en commun une certaine thématique (l’intégration des super héros parmi l’humanité, avec tous les problèmes que cela comporte, aux niveaux personnel et politique), mais là où le premier présente une véritable richesse littéraire dans sa forme, rare même parmi les meilleurs romans, et profitant bien de la spécifité du médium bande dessinée, là où on sent l’esprit d’horloger d’Alan Moore avec un regard d’une profondeur fascinante, critique, cynique, décortiquant notre monde pour le retranscrire, le second — bien qu’à mon avis excellent — est très nettement plus terre à terre, plus premier degré... Mais à lire tout de même.

CoeurdePat

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


PAS PETER !

Peter Pan : un nom magique, qui évoque beaucoup de choses dans notre imaginaire collectif. Un imaginaire fortement teinté de Walt Disney, bien sûr… Quel est l'incongru qui a osé citer le très moyen Hook, de Steven Spielberg ? désormais il faudra compter avec le Peter Pan dessiné et adapté par Régis Loisel, aux Editions Vents d'Ouest. Loisel, le gars qui a relancé la BD d'heroic fantasy avec La Quête de l'Oiseau du Temps (scénarisé par Serge Le Tendre). Loisel, qui a su faire fantasmer toute une génération de lecteurs avec sa plantureuse et adorable Pélisse… La femme ultime, qu'on n'aura jamais… L'aventure à l'état pur, qu'aucun de nous ne vivra sans doute… Et un beau jour, à la fin des années 1980, Loisel s'attaque à un autre défi : adapter à son tour Peter Pan, œuvre de Sir James Matthew Barrie, monument de la littérature pour enfants, passé à la postérité, comme je l'ai déjà dit, grâce au roi de l'animation. Attention, je parle de vrais monuments, ceux qui ont traversé les âges, comme les histoires de Dickens ou Le Vent dans les Saules… Bref, une perle comme seuls les Anglais seuls savent les raconter. Mais il décide raconter cette histoire-là à sa manière, en y rajoutant de la roublardise, une nouvelle part de rêve, et surtout, son trait inimitable. Dès le premier tome, le public répond présent, adoptant ce Peter-là, pauvre gamin déshérité se réfugiant dans ses rêves et les partageant avec une bande d'orphelins gouailleurs. Un Peter qui ne veut pas grandir, se confronter au monde des adultes. Et un beau jour,euh non, un jour maussade comme les autres, une petite fée (que nous connaissons tous) vient le chercher, voyant en lui celui qui pourra sauver un monde. Ce monde, c'est celui des êtres de légende, des demis-dieux, des petites fées, des sirènes… des êtres qui se sont regroupés dans une île, qui menace à son tour de disparaître face aux assauts d'un méchant capitaine et de sa bande de pirates. Embarquement pour l'aventure avec un grand A !

Loisel nous emmène dans l'intimité de ces créatures, qui ne demandent rien d'autre que de vivre en intelligence avec leurs voisins, les Indiens, mais qui voient d'un mauvais œil ces pirates sans pitié ni vergogne. Un monde féerique, où les gens oublient ce qu'il s'est passé quelques jours plus tôt, où la notion du temps n'existe plus, bref, l'insouciance, l'oubli du Grand Gourmand, le bonheur selon Sir Barrie. Peut-être a-t-il raison, après tout.

Loisel a mis près de quinze ans pour réaliser ses six albums. La dernière planché a été réalisée en décembre 2003. l'attente des fans a enflé au fil des lectures, des relectures de ce roman illustré. Les suppositions, les théories ont eu le temps de s'échafauder sur l'acharnement du capitaine (que l'on n'appelle à aucun moment Crochet) à vouloir tuer Peter. Une forme de némésis ? peut-être.



Mais on a aussi des théories sur l'identité de Jack l'Eventreur, dont l'histoire apparaît en filigrane dans l'histoire. Car Peter est originaire de Whitechapel, quartier à l'histoire chargée, et il y revient régulièrement, selon ses besoins. Curieusement, chacune de ses incursions correspond à un meurtre sanglant… C'est un aspect, qui visiblement, n'apparaît pas dans le roman original, mais, dixit Loisel lui-même est la théorie de Pierre Dubois, spécialiste des lutins et autre féeries. Une thèse intéressante, pas entièrement affirmée par Loisel. Car il laisse planer le doute sur l'identité du plus célèbre serial-killer de l'Histoire.

Et c'est ça, la force de ce Peter Pan : laisser à chacun des lecteurs la possibilité d'inventer une explication qui lui conviendrait. Ne pas tout dévoiler. Peter pan est un roman qui laisse une part gigantesque à l'imaginaire. Loisel a habilement prolongé cette vocation en rajoutant des éléments qui viennent enrichir l'histoire, tressant inextricablement une toile dont on ne peut sortir. Certaines scènes du tome final, voire le tome lui-même, peuvent provoquer une certaine frustration chez le lecteur. Je l'avoue, arrivé à la dernière page, et malgré l'épitaphe de Loisel la suivant, j'ai cru qu'il y avait encore quelques pages à la suite. Mais Rien. Avec un grand R. Loisel nous laisse seul avec notre vécu, la lecture passée, des centaines d'images inoubliables, et des interrogations sans fin. Très habile. Attention, ce tome final est très noir, pessimiste.

Si l'on s'attaque au graphisme de l'œuvre, je dirais qu'il y a deux Peter Pan. Il suffit d'ouvrir les albums pour s'en convaincre. Du premier au troisième, Loisel utilise son style crasseux, granuleux, avec des couleurs falotes ; style qui me gênait un peu dans La Quête de l'Oiseau du Temps. Et puis, à partir du tome 4, on a un dessin plus épuré, plus " propre ", nettement plus agréable. C'est là, je dirais, que se situe la seule faute tactique de Loisel. Car j'aurais bien vu cette dichotomie chromatique pour différencier Londres et l'Ile. Une Londres merveilleusement bien rendue, avec son fog, ses ruelles informes, sa population anonyme et pouilleuse… Cette différence m'a sauté aux yeux en ouvrant le tome 4. Je me suis dit " ça y est, les horreurs des premiers tomes sont passées, on passe au temps de l'innocence, à l'oubli… Et paf ! Voilà que Loisel nous envoie en pleine figure un tome 6 extrêmement sombre, bourré de retournements incroyables… Avec toujours ce style très pur, très éclairé… Peut-être parce que les habitants de l'Ile continuent d'oublier, de vivre dans leur insouciance ? C'est peut-être une explication. Qui ne me satisfait pas. Cela dit, malgré ce bémol, ça reste une très belle BD, comme en témoignent certaines des couvertures : je vous recommande particulièrement celles des tomes 4 et 6. cette dernière est d'ailleurs très intéressante : scrutez le regard de Clochette. Quelles pensées se nichent-elles dans les profondeurs de son âme ? Vous ne le saurez qu'en lisant cette très bonne série.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


REVERIE

L’invitation au voyage commence dès la couverture. Un paysage dépouillé, où Lisa et William nous invitent à les suivre dans cet album exceptionnel. Une intention louable apparaît dès cette couverture magnifique : celle de l’humilité. Le nom des auteurs n’apparaît pas, laissant un maximum de place à la beauté intemporelle de l’image. Dargaud avait déjà fait le coup un an plus tôt pour le tome 1 de Kabbale, de Grégory Charlet. Alors on est intrigué, on aimerait savoir qui se cache derrière cette couverture à la fois spartiate et fascinante. Et on ouvre la BD. Une ambiance de vacances, un cadre enchanteur qui charmerait n’importe qui. L’ensorcellement agit à plusieurs niveaux. Le dessin, sans être exceptionnel, est empreint d’une poésie des formes, tout en rondeurs. La plupart des cases sont extrêmement travaillées, certaines sont incroyablement belles. Les corps ont subi l’influence de l’ »Ecole Vatine », comme je l’ai lu quelque part, c'est-à-dire une décontraction apparente dans le trait, qui dégage une impression primesautière, quasi enfantine. Les visages des personnages sont très expressifs, ce qui est logique, car Olivier Pont a fait ses armes dans la BD d’humour, chez Vents d’Ouest. Les décors sont à couper le souffle, comme en témoigne l’à-pic de la couverture. Rajoutons un travail très soigné sur les couleurs chaudes, des dégradés fort impressionnants, et l’on obtient un album à la picturalité incroyable. Le scénario. Sur fond d’histoire pagnolesque (des « étrangers » tentent de s’intégrer dans une petite communauté méridionale), on suit une intrigue doucement teintée de fantastique, avec des séquences oniriques –pour l’heure- absconses. Le récit coule de (Manon de la) source, on se laisse bercer par les couleurs chaudes, le rythme lénifiant, ces moments de pure joie enfantine sur les pas de Lisa et William. Mais les séquences (oniriques ?) dessinées dans un style plus brut et narrées de manière hachée ne peuvent qu’entraîner des interrogations : qui « rêve » ? Pourquoi l’acteur semble-t-il être une personne différente d’une fois sur l’autre ? Et, pour revenir à l’intrigue principale, quels sont les réels pouvoirs de Lisa ? D’où elle et son père viennent-ils réellement ? Où va-t-elle à la fin de ce premier tome ? Que signifie ce puma que voient les quatre enfants ? Que de questions alléchantes qui devraient trouver leur réponse dans le second tome, conclusif. Parlons du titre, à présent, et de sa… portée. A l’évidence, il désigne un lieu. Véritable, fantasmé, imaginaire ? S’agit-il, comme le suggère la couverture, d’un lieu simplement hors de vue, ou plus prosaïquement hors des bords (physiques) de la BD ? Ou s’agit-il du lieu où la mixture préparée par Lisa emmène les quatre enfants, un lieu où se trouve peut-être la clé de leur lien si particulier (et pourtant non encore dévoilé) ? Serait-ce le lieu où Lisa part, au-delà des mers ?



Un autre questionnement apparaît en arrivant à la fin de ce tome 1 ; à côté de la signature des auteurs se trouve la mention « 1999 ». Est-ce à dire que ceux-ci ont mis près de cinq ans pour trouver un éditeur ? Ou alors, ont-ils voulu peaufiner leur œuvre –jusqu’ici- maîtresse afin de la sortir dans les meilleures conditions éditoriales possibles ? Encore une question que j’aimerais poser aux auteurs… En bref, un pur bijou qui m’a inspiré ces modestes épîtres :
Ô toi Barellito
Petit port bien au chaud
Savais-tu qu’en ton sein
Se trouvaient des gamins
Nés le même jour
Liés en secret pour toujours ?
Des hommes au destin tragique
Des rites chamaniques
Des images chimériques
Autour de cette petite crique
Des hommes au grand cœur
Qui se rêvent pêcheurs
Finiront par partir
Dans la peau de martyrs
  Venez par ici Ô conteurs
En ces temps maussades
De bouffonnerie arlestonienne
Vous avez su enchanter
Nos yeux et nos goûts
Avec Lisa et William
Au cœur du drame
Nous irons jusqu’au bout
Laissant nos cœurs chavirer
Au fil de cette ballade italienne
Savourée à la régalade.
Du fond du cœur
Infiniment merci.

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Publié le par Ansible
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MILLE MAUX

Milmo a 10 ans. Alors qu’il a pris la mer avec deux de ses amis, il est arraisonné par un navire pirate. Dans le fol espoir de s’en tirer, il en appelle au légendaire Dragon du Lac. C’est alors que l’animal surgit des flots et s’en prend aux pirates, tandis que Milmo, déséquilibré, se retrouve projeté dans l’eau. Quand il refait surface, Milmo a 20 ans. Fils d’une fée et d’un Maître Noir, Milmo possède sans le savoir le pouvoir d’invoquer les légendes et de les faire renaître. Or, chacune de ses invocations le projette 10 ans dans le futur et le fait vieillir d’autant. Confronté à ce pouvoir, dont il ignore l’origine, l’étendue et les effets, Milmo va devoir décider de son destin et de celui des légendes. Mais sur le chemin de sa destinée, il va devoir affronter deux terribles ennemis : le temps et la mort. Ce qui frappe d’abord, c’est la couverture, très belle. Ensuite, lorsqu’on ouvre l’album, on se dit que ce n’est qu’une saga d’heroic fantasy de plus. Mais cette première impression ne résiste pas à la lecture. Car le sujet, l’invocation de légendes et le prix à payer (le vieillissement), incitent à se plonger plus profondément dans l’histoire.



Mais attention, il s’agit là d’un premier album, tant pour le dessinateur que le scénariste ou la coloriste. Ce qui explique les petits défauts aperçus ça et là. Des couleurs un peu fades, mais avec déjà de la recherche. Une dessin déjà assez maîtrisé, typique du genre, mais porteur de belles promesses, et déjà quelques audaces visuelles. Et enfin un scénario intéressant, mais un peu confus : il y a beaucoup de personnages tout de suite, et il faudra sans doute une deuxième lecture pour saisir toute la portée des déjà nombreuses péripéties des personnages. Et dernier point, positif celui-là, la restriction à 3 (ou 4, suivant la densité de ce qu’il reste à réaliser) albums dès le départ, évitant par-là même la maladie actuelle de la BD consistant à tirer sur la corde. Une série à suivre, en tout cas.

Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


J'AI PAS LE TEMPS

Paris, 1893. Benjamin Kergalec est un jeune dilettante qui patauge dans une petite carrière de journaliste, plus alimentaire qu’autre chose. C’est au cours d’une de ses visites au manoir, alors qu’il fouille dans le grenier, que Benjamin tombe sur une boîte renfermant d’étranges souvenirs : une photo de 1848 où apparaît son père avec d’autres hommes, une horloge, et des poèmes. Il s’aperçoit par accident que l’horloge n’est pas ordinaire. Elle arrête le temps... Benjamin va dès lors se transformer.



Vieux fantasme que celui de pouvoir arrêter le temps et déambuler à son aise alors que les autres restent figés. Les auteurs ont repris cette idée pour en faire une bande dessinée complètement atypique, renversante la plupart du temps, étonnante de bout en bout. Loin des redites, faisant fi des convenances et des grosses ficelles, il nous livre un récit à la fois très fin, pas tout à fait linéaire, et surprenant. Quant au dessin d’Audibert, proche de celui d’Alfred et de Pedrosa, il est très maîtrisé (étonnant d’ailleurs pour un "premier" album, mais il est vrai qu’Audibert a déjà œuvré sur des collectifs chez le même éditeur...). Le traitement des couleurs est impressionnant, surtout au moment des "stases" provoquées par l’horloge de Benjamin. La BD évite l’écueil des paradoxes temporels, pour se concentrer sur les conséquences directes des "arrêts" provoqués par l’horloge. A lire à toute heure.


Spooky

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