Une semaine après la conférence consacrée à Tolkien père et fils, la BNF a proposé un autre rendez-vous, cette fois-ci dédié à l'invention des langues. L'intervenant était Damien Bador, membre du Bureau de l’association Tolkiendil, qui œuvre à la promotion de l’œuvre littéraire de Tolkien et il est le co-auteur de L’Encyclopédie du Hobbit et du Monde des Hobbits aux Editions Pré-aux-Clercs. Il a également collaboré au Dictionnaire Tolkien publié aux éditions du CNRS (réédité chez Bragelonne) sous la direction de Vincent Ferré.
Des aléas de transports ne m'ont pas permis d'arriver au début de la conférence, mais à mon arrivée Damien était en plein dans l'explication de l'évolution des langues elfiques, les plus développées au sein du Légendaire de Tolkien. Il a donné l'exemple du Seigneur des Anneaux, dans lequel les langues étaient au service du récit. Pour donner un exemple précis, jusqu'à l'apparition de Gimli (dans la scène du Conseil d'Elrond), les Nains étaient jusque-là nommés uniquement par leurs noms elfiques, le dévoilement de leurs noms "véritables" étant une preuve de confiance absolue envers son interlocuteur, ce que la peuplade naine était généralement peu, voire pas encline du tout, à faire. Cette disposition est en fait un stratagème pour Tolkien, qui n'avait alors pas le temps de réfléchir à un système de noms propres aux Nains (car il aurait dû, pour cela, élaborer un système long et fastidieux). Tolkien "s'amuse" également au sujet du nom des Ents, dont on nous dit que la langue est très complexe, et que leur retranscription est très approximative.
Parmi les autres créatures "intelligentes", on notera que les langues des Wargs (des loups monstrueux, alliés des orcs) et des créatures arachnoïdes ne sont pas du tout présentes. probablement fatigué après le travail qu'a constitué son épopée, Tolkien a cessé de modifier ses alphabets après sa publication. Cela ne l'a pas, en revanche, découragé d'inventer des nouvelles extensions à son Légendaire, et donc à trouver des nouveaux noms.
Damien Bador a ensuite effleuré l'onomastique, en indiquant par exemple que le nom de Frodo était tout sauf un hasard. Puisqu'il était en partie dérivé du nom du dieu nordique Freyr, qui représente l'abondance et la paix. Car c'est là le destin, ou du moins l'action de Frodo à la fin du roman...
La conférence, qui a duré plus d'une heure, laisse un goût d'inachevé et de frustration. Car en effet Damien Bador n'a fait qu'effleurer la surface de l'histoire des langues chez Tolkien, et l'a abordée d'une façon qui, si elle est érudite, n'en était pas moins un peu... aride, dans le sens où certains des noms ou des termes techniques qu'il a pu utiliser n'étaient pas à la portée de tou(te)s. Il semblait parfois s'adresser à des personnes ayant une connaissance avancée de l'oeuvre de Tolkien ou de la linguistique, voire les deux. L'un des désavantages d'avoir écrit son intervention à l'avance. Cette impression a été en partie corrigée par les réponses aux questions posées ensuite par le public, où il s'est montré nettement plus accessible, et même plein d'humour. La soirée fut tout de même passionnante.
Pour les curieuses et les curieux, le replay de la conférence est par ici.
Spooky.