Lorsque son mentor se fait enlever, l’agent du Mossad Eytan Morgenstern doit faire équipe avec sa rivale. Enrôlé de force dans un combat qui n’est pas le sien, il devra tout tenter pour mettre fin aux agissements d’un mystérieux groupuscule entré en possession d’armes de destruction massive. Quand vos ennemis d’hier deviennent vos meilleurs alliés, quand l’humanité semble prête à répéter les erreurs du passé, que peut bien faire un homme contre la folie qui ne va pas manquer de suivre…
Chroniquer le roman d’un auteur devenu un ami est toujours quelque chose de difficile. Doublement quand le roman en question est la suite d’un polar qui avait su me scotcher à mon siège d’un bout à l’autre (même si je n’étais pas le seul à avoir éprouvé cette sensation à la lecture du Projet Bleiberg). Après avoir acheté Le Projet Shiro à l’occasion d’un trajet professionnel sur Paris, j’ai enfin eu l’occasion de me plonger dedans. Et passées les premières pages, le constat s’impose d’emblée : le succès du Projet Bleiberg n’était pas un hasard. Parce que ce Projet Shiro soutient sans hésitation la comparaison avec son prédécesseur.
On retrouve avec plaisir le style de Davis S. Khara, son sens de la mise en scène et sa scénarisation ultra-dynamique. Car il faut bien avouer une chose, on ne s’ennuie pas un instant dans cette suite. Une suite que j’ai lue d’une traite, 2h30 sans pauses, happé par le récit, la maitrise du flashback de son auteur, qui arrive à s’appuyer sur des références historiques sans jamais sombrer dans le rébarbatif. Délaissant cette fois-ci l'Allemagne nazie, c'est davantage dans le Japon de la deuxième guerre mondiale que l'auteur va planter les racines de son récit, s'immisçant dans l'échiquier politique post-Hiroshima. Alors que dans le premier opus, la place d’Eytan Morg prennait de l’importance au fil des chapitres, ici c’est d’emblée le personnage central. Un changement qui va permettre de davantage rentrer dans la tête du kidon, et découvrir quelques nouveaux pans de son passé (notamment sa rencontre avec son mentor, dans les mois qui suivirent la fin de la seconde guerre mondiale).
J’avais apprécié le Eytan des débuts de Bleiberg et sa puissance de destruction, j’apprécie tout autant le personnage contrasté qui se dessine de plus en plus au fil des tomes. Un personnage certes dangereux, rompu à tuer, mais qui n’éprouve cependant pas de plaisir à ôter la vie. Un être totalement à part, sans réelles attaches, mais pour autant prêt à tout pour défendre celles qu'il a pu nouer durant sa vie. Ce qu’il y a de bien avec le style de David S. Khara, c’est que la progression est constante depuis Les Vestiges de l’Aube. Une sympathique entrée sur la scène littéraire, nettement dépassée avec Bleiberg, et sur la lancée duquel poursuit ce Projet Shiro.
Les amateurs de polar intelligent, dont l’histoire joue avec l’Histoire (sans tomber dans les théories absconses d’un Dan Brown) ne pourront qu’apprécier cette suite à sa juste valeur. Et les autres (dont je suis, n’étant pas vraiment un lecteur compulsif de polar), pourraient fort bien se prendre (à nouveau) une belle claque.
Vladkergan.