Au cinéma, les films de science-fiction se partagent souvent entre deux catégories : les gros films à l’action omniprésente, avec une part belle aux effets spéciaux, et au combats. A l’autre bout de la chaîne, vous trouvez les fables philosophiques, où les intrigues laissent la part belle à la réflexion (Bienvenue à Gattaca, Cube, par exemple). Et souvent les fans du genre se disputent sur les intérêts et les mérites des deux écoles. Les Chroniques de Riddick se réclame de la première catégorie. Il y a cinq ans, un petit film débarquait sur les écrans pour nous faire découvrir un personnage hors normes dans la paysage de la SF. Ce film s’appelait Pitch Black. Et le personnage principal Riddick. Un authentique rebelle, un gars qui n’aime personne, un dur de dur qui voudrait vivre tranquille, avec ses propres règles. Cet asocial nyctalope fut obligé de s’allier à ses ennemis pour survivre à des monstruosités sans nom.
Cinq ans plus tard, Riddick est la proie de chasseurs de primes payés par les dirigeants d’une lointaine planète. Cette planète est sur le point de tomber sous le joug de moines-guerriers qui asservissent sans répit des planètes entières. Leur nom ? Les Nécromongers. Leur Guide suprême est allé dans l’Underverse, et en est revenu avec d’immenses pouvoirs, ainsi que le sentiment d’un devoir messianique. Mais une prophétie dit que seul un habitant de la planète Furia pourrait faire tomber les Guides suprêmes, et, de ce fait, arrêter le pélerinage sanglant de ses disciples. Car le refus de conversion d’une planète provoque sa destruction complète. C’est pourquoi les Nécromongers ont détruit sans répit toute trace de vie sur cette planète. Mais Riddick, qui ne sait rien de ses origines, pourrait bien être l’un des derniers survivants de Furia. Seulement voilà, il s’en fiche, le Riddick. Jusqu’au moment où un imam, sauvé dans Pitch Black, et devenu l’un des amis de Riddick, meurt sous ses yeux face aux Necromongers. De plus, une jeune fille que le Furian a connu cinq ans plus tôt, Jack, a été enlevée par des chasseurs de primes pour être emprisonnée sur une lointaine planète hospitalière...
Vous l’aurez compris, le film est très dense. Trop même. C’est son principal défaut. On a l’impression de changer de décor, de sauter des centaines d’années-lumière sans transition. Les événements s’enchaînent très vite, trop vite parfois, pour qu’on aie l’impression de fluidité que l’on peut avoir dans Alien, par exemple. Certes, les effets spéciaux sont impeccables, l’aspect visuel du film est extrêmement soigné, ce qui donne envie au spectateur d’en découvrir plus sur cet univers. Vin Diesel (xXx, Fast and Furious...) est un brin poseur, mais que peut-on attendre d’un héros solitaire et ronchon ? Et puis, reconnaissons-le, le personnage de Riddick est l’un des plus intéressants du cinéma de genre, aux côtés de Snake Plissken. La distribution est convaincante (mention spéciale à Thandie “Mission Impossible 2” Newton, en femme manipulatrice à souhait, et surtout à Karl Urban -découvert dans Le Seigneur des Anneaux- sous-exploité en Vaako, l’un des chefs necromongers. On suivra avec intérêt la suite de la jolie Alexa Davalos, qui joue Jack/Kyra, et dont la photogénie est plutôt agréable. Les scènes d’action sont enlevées, mais on ne voit pas trop l’intérêt de faire une redite de la scène centrale de Pitch Black, même si elle est techniquement superbe... Twohy a bien sûr écrit le scénario avec les frères Wheat, qui avaient imaginé Pitch Black, mais avec le renfort de David Hayter (X-Men 1 et 2, Watchmen...), Akiva Goldsman (I, Robot, Peur Bleue, Lost in Space, et 2 des anciens Batman). Necromongers, Elementalistes, Furians, une géopolitique et une ethnologie comparable à celle de Star Wars se met en place. Baroque, épique, nerveux et sombre, les adjectifs excitants s’accumulent pour qualifier Les Chroniques de Riddick, malgré le côté confus et dense de l'intrigue.
On a hâte d’en savoir plus, surtout si David Twohy, le réalisateur, met à éxécution son plan initial de réaliser un quadrilogie, le prochain film nous parlant de l’Underverse, le dernier montrant le retour de Riddick sur sa planète natale. Pourquoi pas, si Vin Diesel reste dans le projet, et surtout si Twohy dépouille quelque peu son style narratif des redites et lourdeurs sans intérêt, car c’est un scénariste et un réalisateur intelligent, voire doué (on recite Pitch Black, mais aussi l’honnête The Arrival, et aussi Abîmes, histoire de fantômes en milieu clos). A noter, pour les amateurs, la sortie récente en video de Dark Fury, un court-métrage d’animation racontant une aventure de Riddick, réalisé par Peter Chang, qui a commis les meilleurs courts-métrages de Animatrix.