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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Personnalités





J’aime beaucoup John Carpenter. Je trouve qu’il y a toujours des choses à dire sur ses films. J’ai découvert son œuvre il y a longtemps, par le biais de La Chose, probablement l’un de ses tout meilleurs films. Et puis, progressivement, j’ai découvert l’ensemble de son œuvre, que je trouve pas mal. Hier soir, par exemple, j’ai vu The Fog en entier (après un premier visionnage avorté il y a quelques mois). C’est donc l’occasion de faire une radioscopie de la filmographie du Maître.

 
En 1974, John Carpenter étudie le cinéma à l'Université de Californie du Sud où il réalise Dark Star, un film de science-fiction. Alors, Carpenter peut s'attaquer à de plus gros projets avec Assaut (1976), un remake moderne de Rio Bravo. Assaut deviendra également un classique, puisqu’un remake (assez réussi) sera réalisé par le français Jean-François Richet en 2004.



En 1978, il connaît son premier succès avec Halloween, La Nuit des masques en créant par la même occasion un nouveau genre horrifique, le slasher. Le film se transformera en franchise, puisqu'une dizaine de films a vu le jour jusqu’à présent. C’est aussi la révélation de Jamie Lee Curtis, considérée pendant longtemps comme une « scream-queen ». Il réalise ensuite deux téléfilms dont Le roman d'Elvis (1979) où il rencontre Kurt Russell, qui sera tête d'affiche de son New York 1997 (1981). Ce film est pour moi l’un des meilleurs que j’aie jamais vu. Une grande inventivité scénaristique et graphique, une musique envoûtante (Carpenter compose d’ailleurs lui-même la musique de la plupart de ses films). Et c’est aussi l’émergence d’un anti-héros emblématique, Snake Plissken, souvent copié.


En 1982, il réalise The Thing, toujours avec Kurt Russell. C’est un remake du film de Christian I. Nyby de 1951. Mais pour une fois, le remake surpasse amplement l’original. Carpenter insuffle une énergie, un génie visuel peu présents depuis dans cette œuvre crépusculaire et sans concession. Puis vient Christine (1983) d'après le roman de Stephen King. L’histoire, celle d’une voiture hantée, accroche le spectateur et ne le lâche plus. Le film, cependant, est un peu boudé par la critique et le public.

 

Starman (1984), nous fait suivre la trace d’un gentil extraterrestre (Jeff Bridges) qui tombe amoureux d’une jolie veuve. Touchant et sensible, Carpenter étonne -voire déçoit- son public avec ce conte fantastique. En 1986, Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin est un échec qui lui coûte sa crédibilité au sein des studios américains. Malgré la présence de Kurt Russell dans le rôle-titre, le film est incompris par de nombreuses franges de la critique et du public. Enlevé, fantaisiste, l’histoire mêle plusieurs genres : fantastique, comédie, thriller…

Il se tourne vers de plus petits budgets comme Prince des Ténèbres (1987). Carpenter s’attaque à l’épouvante dans ce film, où un prêtre et quelques étudiants essaient de percer le secret que renferme un coffret. Le propos de Carpenter étonne, sa maîtrise des effets spéciaux éblouit, malgré le budget réduit (entre 2 et 3 millions de dollars selon les sources). Moins malsain que l’Exorciste, mais tout aussi terrifiant, Le Prince des Ténèbres est un classique du genre. Invasion Los Angeles (1988) est une œuvre un peu méconnue du grand public. John Nada, ouvrier au chômage, découvre un étonnant trafic de lunettes. Une fois posées sur le nez, elles permettent de détecter d'épouvantables extraterrestres décidés à prendre le contrôle de la planète. Le film joue beaucoup sur l’angoisse, sur l’oppression, sur la paranoïa. Les années Reagan y trouvent un étrange écho sous couvert de science-fiction. Carpenter lance une violente diatribe à l’encontre des violences policières, des ravages du capitalisme sauvage et du peu de place laissé aux démunis dans la société. Ce film, que d’aucuns considèrent comme le meilleur du réalisateur, reste d’une troublante actualité, plus de vingt ans après. Cependant, le côté « fauché » de Carpenter est assez transparent : des effets spéciaux bâclés, quelques scènes mal montées, et un dernier tiers quelque peu décevant ont sans doute « plombé » la carrière du film…
 

Mais Carpenter devient de nouveau « bankable », et les studios lui redonnent des budgets conséquents avec Les Aventures de l'homme invisible (1992). Carpenter se mue alors en « yes-man », pour livrer un produit formaté, gentillet et répondant aux attentes des studios. La réalisation est impeccable, et les effets spéciaux honnêtes. Ce film, le moins personnel de Jean Menuisier, est peut-être le moins bon… Vient ensuite Le Village des damnés (1995). Il s’agit là d’un nouveau remake d’un classique des années 1950, traitant à l’époque de la Guerre Froide. Carpenter y insuffle donc une critique de l’insensibilisation de la société (et par là même, des enfants) face à la violence de notre société. A noter que le casting compte deux « has-been » du cinéma : Mark Hamill (Luke Skywalker dans la première trilogie Star Wars) et Christopher Reeves (inoubliable Superman). Mais l’indigence de l’histoire (ne se démarquant pas vraiment de l’original, en particulier) entraîne une désaffection d’une partie du public.
 

L' Antre de la folie (1995), une belle réussite sur le plan artistique lui permet d'obtenir à nouveau les faveurs des studios. Dans ce film, Sam Neill est un écrivain qui sombre peu à peu dans la folie. C’est un hommage à peine déguisé à la vie et à l’œuvre du pape du fantastique, Howard Phillips Lovecraft, devenu célèbre après sa mort. C’est un film de trouille, limite gore par moments, et avec une fin qui en déroutera plus d’un. Une franche réussite. Carpenter réalise pour un budget colossal Los Angeles 2013 (1996). Suite-remake de New York 1997, ce film nous montre encore Snake Plissken dans une nouvelle situation délicate. La comparaison est inévitable, et les avis sont très partagés. Les effets spéciaux, notamment, font un peu « cheap ». Mais l’ambiance des grands Carpenter est là, et certaines scènes, comme la fin, confinent à l’anthologie. Et le message politique est toujours présent.
 

En 1998, il réalise, lui qui est un grand amateur du genre, un western moderne, Vampires, avec James Woods. Comme son nom l’indique (presque), cela traite d’un groupe de chasseurs de vampires à notre époque. Original, politiquement incorrect et bourré de testostérone, James Woods incarne à merveille le film. Crépusculaire et « rock n’roll », c’est l’apothéose du style Carpenter.


En 2001, il se plonge à nouveau dans un univers futuriste, cette fois peuplé de spectres, dans Ghosts of Mars. Carpenter ne se contente pas de mélanger les genres, il divise aussi. Le film conte les aventures d’un groupe de policiers, venus transférer un criminel dangereux de la ville de Chryse, sur Mars (on est en 2176). Mais un groupe de guerriers s’adonne à de drôles de rituels à proximité… Encore une fois, le thème est la conquête de la liberté. Mais son film est baroque, déroutant, graphiquement très violent, baignant dans une drôle d’ambiance heavy metal. Mais le Maître a du mal à se renouveler. Utilisant l’auto-référentiel comme vertu cardinale, son opus est truffé de références à sa filmographie passée, mais aussi de décors « cheap » incompatibles avec le budget confortable que l’on a alloué à Carpenter. Le début du déclin de Big John ?
 

Il y a quelques années nous avons eu droit au remake du Fog du Maître, qu’il a scénarisé lui-même. C’est le jeune Rupert Wainwright qui le réalise, avec en tête d’affiche des stars montantes de la télévision et du cinéma de genre : Tom Welling (Smallville), Maggie Grace (Lost) et Selma Blair (Hellboy).
 
Depuis le Maître s'est fait plus discret : un segment de Cigarette burns, Fangland, un thriller vampirique, The Prince, sur un parrain de Las Vegas, un thriller carcéral avec Nicolas Cage, ou encore The Ward, sur un fantôme hantant un hôpital psychiatrique...
 
Voilà, en quelques mots, un rapide survol de l’œuvre de l’un des cinéastes qui auront marqué le cinéma de l’imaginaire. Touche-à-tout souvent inspiré (il cumule parfois les casquettes de réalisateur, producteur, scénariste, acteur, monteur et compositeur), il s’ingénie à explorer tous les genres (au sens noble du terme), brouillant les cartes, mais délivrant souvent un message politique destiné à ses contemporains. Souvent décrié, parfois incompris, il laisse rarement indifférent.

Spooky. 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

 

Je suis tombé par hasard sur ce petit album dans la rayon jeunesse de ma bibliothèque préférée... Voici ce que dit le quatrième de couverture:


Même les amateurs les plus fervents du Seigneur des Anneaux ne connaissent pas tous tous les chants de Bilbo le Hobbit. Voici un poème inédit de Tolkien, qui permet à Bilbo d'exprimer son regret de quitter la Terre du Milieu et son désir de répondre à l'appel du grand large et des Terres Immortelles.
L'illustratrice Pauline Baynes, grande spécialiste de Tolkien, tisse pour la circonstance une succession de tableaux merveilleusement détaillés. Aussi riches que des enluminures médiévales, les illustrations de ces vers jusqu'alors inconnus recèlent, pour les amateurs comme pour les novices, mille et une évocations de l'univers et de l'épopée du Seigneur des Anneaux.

 

Pauline Baynes, illustratrice anglaise née en 1922 et décédée en 2008, est connue pour avoir illustré des oeuvres de CS Lewis (Narnia) et surtout JRR Tolkien. C'est ce dernier qui la découvrit en allant un jour se plaindre à ses éditeurs de la piètre qualité des illustrations pour sa nouvelle le Fermier Gilles de Ham ; il vit alors sur un bureau certaines des esquisses de la jeune femme (nous étions alors en 1948) et demanda à ce qu'elle illustre désormais certaines de ses oeuvres. C'est le début d'une longue collaboration, et d'une belle amitié. Pauline Baynes a également peint la couverture des éditions britanniques en un et trois volumes du Seigneur des Anneaux de 1973 et 1981, sans parler des cartes grand format de ce roman et de Bilbo le Hobbit. La première édition de ce Bilbo's last song date de 1974, et les illustrations associées de Baynes de 1990.

 

Chaque double page est disposée comme suit : sur la gauche un fragment de ce poème inédit de Tolkien, et en-dessous un Bilbo qui se remémore ses aventures, lesquelles sont illustrées dans des petits dessins en bas de page (ici ...COMPLETER) ; et sur la page de droite, dans l'ordre chronologique, les dernières scènes du Retour du Roi, volet conclusif du Seigneur des Anneaux, lorsque [SPOILER] Frodo et Sam quittent leurs amis pour se rendre avec une partie des Elfes vers l'ouest, à bord de beaux navires...[SPOILER]. Une belle résonance donc, puisque le poème fait parler Bilbon qui, las de sa vie, souhaite lui aussi coingler vers le large, vers les vallons verdoyants du Valinor.


Le style de Pauline Baynes est élégant, très clair, et il rappelle un peu celui de Florence Magnin, l'une de nos illustratrices les plus douées et vénérables. La colorisation est basique, très classique, mais plutôt efficace. Sur certaines illustrations les personnages semblent bizarrement "penchés" vers la droite, ce qui est sans doute un "tic" d'illustrateur. L'ensemble donne un ouvrage élégant (j'ai lu la première édition française, datant de 1991), et même si elle comporte 32 pages, cela se lit très vite (le poème en lui-même ne comportant que 24 vers). A conseiller aux complétistes, car les "simples amateurs" de contes illustrés ne comprendront pas forcément les références.

 

 

Spooky.

 

PS : pour le plaisir, voici le poème en VO...

 

 

Day is ended, dim my eyes,



but journey long before me lies.



Farewell, friends! I hear the call.



The ship’s beside the stony wall.



Foam is white and waves are grey;



beyond the sunset leads my way.



Foam is salt, the wind is free;



I hear the rising of the Sea.





Farewell, friends! The sails are set,



the wind is east, the moorings fret.



Shadows long before me lie,



beneath the ever-bending sky,



but islands lie behind the Sun



that I shall raise ere all is done;



lands there are to west of West,



where night is quiet and sleep is rest.





Guided by the Lonely Star,



beyond the utmost harbour-bar,



I’ll find the heavens fair and free,



and beaches of the Starlit Sea.



Ship, my ship! I seek the West,



and fields and mountains ever blest.



Farewell to Middle-earth at last.



I see the Star above my mast!

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Publié le par GiZeus
Publié dans : #Livres

noctivores couv

 

Deuxième volet du triptyque Chromozone, Les Noctivores, paru en 2005 aux Editions La Volte, évolue dans la continuité de son prédécesseur. Pas de mauvaise surprise donc, on reste en terrain connu, malgré un début qui bouscule les repères qu’avait établis le premier opus.

Nous débutons en la compagnie d’un étrange garçon dénommé Cendre, considéré comme le messager du Divin dans sa petite communauté recluse. Cependant, le messie n’est peut-être pas celui des Soubiriens révélés, mais bien plus vraisemblablement celui de Khaleel ou de Peter, désormais ennemis après les événements survenus huit ans auparavant.


Premier constat après cette lecture, il apparaiî que certains défauts du premier tome, qui étaient passés inaperçus, sont ici cruellement exposés. Car en découvrant le nouvel aspect du monde, Stéphane Beauverger nous dévoile en même temps les éclaircissements des situations passées, qui, avouons-le, demeuraient malgré tout dans un certain flou. Cependant, et attention ça va spoiler sur le premier tome, la manipulation de Teitomo n’est pas suffisamment explicitée pour être convaincante [/SPOILER]. Et on patauge encore pendant quelques temps avant de découvrir le cadre temporel, alors que l’explication de la cause de la dévastation du monde était également poussive dans le premier tome.

La narration est un des grands changements de ce volet. Alors que nous naviguions entre chaque personnage dans le tome précédent, ici l’histoire est racontée de manière plus ou moins linéaire. Le récit est fragmenté en trois grandes parties, qui s’attachent chacune au devenir d’un protagoniste. Le début s’installe donc plus rapidement qu’auparavant, bien qu’on mette du temps à faire le lien avec les événements passés, mais perd le charme de la narration alternée. Ainsi, malgré une linéarité que Beauverger tente de rompre, je me suis surpris à m’ennuyer pendant certains développements du milieu (à mettre éventuellement sur ma faible motivation de lecture à ce moment). Certains passages semblent traîner un peu en longueur, paraissent moins denses, et hachent ainsi le rythme. Toutefois, les événements s’imbriquent logiquement les uns dans les autres, et malgré quelques questions en suspens - pas tellement négligeables -, qui font office de deus ex machina, la trame est maîtrisée.


Pourtant, on retrouve certains personnages qu’on avait laissés huit ans en arrière. Les épreuves les ont souvent transformés, alors que d’autres ont su résister aux affres du temps. Le messie, Cendre, est certainement le benjamin du panel de rôles, mais il bénéficie d’une personnalité somme toute joliment étudiée, bien qu’il soit le moins intéressant de l’histoire à mon avis. Dans l’ensemble, rien à redire sur ce point particulier, les personnages ne manquent pas d’épaisseur.

On retrouve encore une fois cet esprit grinçant, logiquement moins surprenant. L’ambiance reste toujours dans le post-apocalyptique, et la vie reste rude pour beaucoup de populations, ou presque. La géopolitique est bien étudiée, ne laisse pas grand-chose au hasard. Mais une fois encore, certains thèmes auraient mérité d'être approfondis, comme celui des Noctivores. Bien que traité par Asimov - je ne dirai pas où pour ne pas spoiler -, il aurait été agréable de voir les noctivores s'inscrire dans une réflexion de plus grande ampleur. A moins que l'auteur ne garde ses idées au chaud pour la suite.


Dans l’ensemble, Les Noctivores est un bon bouquin. Pas forcément une suite brillantissime, qui accuse les défauts de son prédécesseur tout en les exposant. Cependant, la série se renouvelle suffisamment pour présenter un réel intérêt. De plus, j’ai carrément été emballé par le dernier quart, qui clôt de façon trépidante ce volume. Il ne reste plus qu’à voir le dernier tome, qui nous dira si Beauverger propose des explications plus convaincantes, ou si les défauts évoqués sont bien irréversibles.

 

GiZeus.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

chromozone couv

 

Après Le Déchronologue du même auteur, qui m’avait légèrement déçu en regard de mes attentes, j’ai décidé de remettre le couvert avec Stéphane Beauverger avec la trilogie qui l’avait révélé, c’est à dire Chromozone. De plus, le sujet m’attirait. Moi qui n’avais jamais lu de post-apocalyptique, l’occasion était trop belle pour la laisser passer, d’autant plus que La Route, dans un autre registre, m’avait rapidement lassé.


Alors que je m’attendais à une sorte de survival, un témoignage d’une survie au quotidien, j’ai eu la surprise de pénétrer dans un monde en pleine reconstruction, après qu’un virus militaire, Chromozone, ait rendu tous les dispositifs informatiques obsolètes. Pour pallier à cet inconvénient, des méthodes de phérommunication – communication par l’odeur – ont été développées. Ces dernières sont d’ailleurs fortement utilisées, notamment par les sociétés formatives, des communautés qui n’hésitent pas à mixer programme social et religieux, mais dont le règne est souvent éphémère.


Nous suivrons divers protagonistes, au rôle obscur au départ, dans le sens où l’on se demande bien comment tous ces fils éloignés vont se rejoindre par la suite, comment la fusion s’opèrera. De Marseille à Berlin, en passant par la Bretagne, tous auront néanmoins un rôle déterminant à jouer, du plus infime au plus important. Cette lente synergie, qui trouvera son aboutissement à la fin de ce tome, peut donner l’illusion d’un rythme lent, posé. C’est en effet le cas, mais ce n’est pas pour autant que l’intrigue n’est pas étoffée, car l’ouvrage regorge d’une masse de détails qui n’en sont pas tellement. Et dans ce luxe de fausses contingences, se niche un fil directeur à moitié dissimulé au lecteur : si l’on croit sincèrement aux réactions des personnages, on a en revanche plus de mal à envisager la volonté sous-jacente de l’auteur, dans le sens où il n’y pas de fil directeur bien défini. C’est donc dans ce demi-flou, qui contribue fortement au maintien de la tension, que s’effectue une bonne partie de la lecture. Et finalement le puzzle éparpillé se reconstruit logiquement, naturellement, au point que les dernières scènes relèvent de l’évidence même. Y’a pas à dire, Beauverger maîtrise son sujet de bout en bout, et l’on sent clairement le métier de scénariste dans tout ça.


Le récit est parsemé de thématiques qui, à défaut d’être originales restent relativement intéressantes. On retiendra par exemple l’inversion des races dominantes, suite au chambardement des échelles de valeur dans un monde privé de cols blancs. L’occasion pour l’auteur d’exposer ses idées sur le racisme. Ca reste dans la tendance mais ce n’est pas désagréable. Ou encore une légère critique sur la protection à outrance de ses biens, à l’aide d’un néologisme explicite. De la même manière, on lira son idée sur les gouvernements dans l’expression qui les désigne, celui de « sociétés formatives », où se retrouve la notion de formatage social. Mais c’est surtout dans le titre en lui-même qu’il faut chercher le grand thème, celui de la « zone de couleur », qui désigne implicitement notre contrée, le cosmopolitisme qui règne en France et par extension en Europe et dans le monde. On pourra également y déceler une thématique communautaire que je trouve néanmoins peu exploitée, ou pas suffisamment.

Mais ce qui tranche avec le Déchronologue, c’est surtout le style. Tous ceux qui ont lu le quatrième roman de Stéphane Beauverger s’en souviennent, le narrateur jouait avec les termes d’antan pour nous ancrer dans son époque et créait un effet bonhomme délicieux. Ici, au contraire, la troisième personne se fait grinçante, parfois mordante, plus sobre et conventionnelle, sans pour autant être bâclée. L’ambiance post-apocalyptique est plutôt prenante, d’autant plus qu’on n’échappera pas aux divers affrontements des factions en lutte pour le pouvoir. On retiendra également un goût prononcé pour les jurons délurés, que l’auteur semble prendre plaisir à inventer.

Bref, en un mot comme en cent, ce premier tome de Chromozone est pour moi une réussite indéniable sur le plan de l’histoire. Pas linéaire pour un sou, un suspens qui nous tiraille tout au long de la lecture, des personnages charismatiques. De plus, le ton sait parfois se faire grinçant, et nous offre quelques passages parfois jubilatoires. Comme le dit Mathias Echeney, fondateur de La Volte, propagez Chromozone !

 

 

GiZeus.

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