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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Résultat pour “chattam

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Bienvenue à Carson Mills, petite bourgade du Midwest avec ses champs de coquelicots, ses forêts, ses maisons pimpantes, ses habitants qui se connaissent tous. Un véritable petit coin de paradis… S’il n’y avait Jon Petersen. Il est ce que l’humanité a fait de pire, même le Diable en a peur. Pourtant, un jour, vous croiserez son chemin. Et là…

Réveillera-t-il l’envie de tuer qui sommeille en vous ?

 

Maxime Chattam continue son exploration des tréfonds de l'âme humaine, des racines du Mal. Mais à côté de ses romans simili-victoriens, comme Léviatemps ou sa suite le Requiem des Abysses ou plus récents, mettant en scène Ludivine Vancker (la Conjuration primitive, la Patience du diable), il déplace cette fois-ci son périscope vers les Etats-Unis, pays qui a vu fleurir les tueurs en série, pour nous parler de l'un d'entre eux, Jon Petersen. Un garçon chez lequel les graines du Chaos commencent à éclore dès l'enfance, lorsqu'il fait subir de nombreuses souffrances à des animaux. Il aurait pu ne pas aller plus loin si un camarade, sous forme de brimade, n'avait détruit son dérivatif. Dès lors la noirceur du garçon n'aura pas de limite, et va s'exprimer auprès de ses proches, puis d'autres habitants de Carson Mills, et au-delà. L'issue ne pourra qu'être dramatique...

 

Avec ce roman Chattam est monté d'un cran dans cette quête du noir absolu. Jon Petersen est un personnage absolument haïssable, dont la perversité provoque un dégoût presque absolu. Et on souhaite très vite qu'il soit arrêté, mais dans les thrillers cela ne se passe pas forcément ainsi. L'auteur décrit donc la montée en sève du tueur, qui signe ses forfaits par un coquelicot rouge, en même temps que l'enquête, qui piétine, du chef de la police locale. Jusqu'à un renversement de posture aux trois quarts du bouquin, qui, je l'avoue, m'a laissé un peu désarçonné, me demandant de quoi les 80 dernières pages allaient être faites. Et c'est là que Chattam a fait fort : son récit révèle plusieurs niveaux, dont le moindre n'est pas la signification du titre, qui entre en résonance avec pas mal d'éléments du roman.

 

Sur le plan de l'écriture, Chattam me semble progresser à chaque fois (c'est tout de même son 21ème roman), mais il a encore quelques petits défauts à corriger, comme une certaine tendance à paraphraser certains passages, sans véritable besoin. Sa langue est riche, mais utiliser tous les homonymes d'un mot ou d'une expression dans un même paragraphe n'est pas utile. Malgré ce défaut, j'ai été bien pris dans le récit, on sent bien l'influence de Stephen King dans les motifs (petite ville américaine, présence de la religion, traumatismes de l'enfance...) ainsi que dans les "trucs" narratifs. C'est vraiment plaisant.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Une véritable épidémie de meurtres ravage la France. D’un endroit à l’autre, les scènes de crime semblent se répondre. Comme un langage ou un jeu. Plusieurs tueurs sont-ils à l’œuvre ? Se connaissent-ils ? Très vite, l’Hexagone ne leur suffit plus : l’Europe entière devient l’enjeu de leur monstrueuse compétition. Pour mettre fin à cette escalade de l’horreur, pour tenter de comprendre, une brigade pas tout à fait comme les autres, épaulée par un célèbre profiler.

 

Maxime Chattam s'affirme de plus en plus, au fil des tomes, comme le chef de file du thriller à la française. Pas un défenseur acharné de l'intrigue avec des bérets et des baguettes dedans, je tiens tout de suite à rassurer nos amis américains, mais comme un véritable écrivain, qui sait allier une efficacité dans l'écriture avec des idées, un univers qui s'affirment au fil des romans.

 

J'ai dévoré ce roman, sur 95% de sa longueur. Pourtant sa construction, son sujet, la plupart des éléments qui le composent n'ont rien de spécialement original, mais la maîtrise est là, entre la découverte des différents meurtres, la psychologie des personnages, les processus techniques, juridiques et scientifiques utilisés par les enquêteurs. Ayant fait des études de criminologie, on peut supposer que l'auteur sait de quoi il parle.

 

Mais plutôt que de nous servir une histoire classique, où l'enquêteur s'en sort sans une égratignure, ou alors en extirpant les éclats de verre des pieds en rigolant, Chattam nous balance en plein milieu du bouquin un renversement de posture. Juste après, si j'ose dire, une scène qui vient un peu comme un cheveu (ou un poil pubien) sur la soupe, mais qui du coup justifie la suite. Le lecteur, du coup, doit s'adapter à cette nouvelle posture, une psychologie réellement différente. Et puis peu avant la fin, on est passé à deux doigts d'un autre bouleversement... Il n'y a que la fin qui m'ait un peu déplu, une sorte de deus ex machina qui permet à l'auteur de rattacher cet opus à d'autres de ses romans, ce procédé lui permettant de développer une théorie globale sur le crime. Pourquoi pas, mais je reste un peu sceptique quant à la légitimité de ce rattachement entre romans.

 

J'ai également apprécié le fait que ce soient des gendarmes (et non des policiers) qui soient mis en avant, comme c'est le cas dans 99% des histoires de ce type.

 

Un bon point -de plus- est le fait qu'on voyage pas mal dans ce roman ; du Val d'Oise au Lot-et-Garonne, en passant par la Pologne, l'Ecosse et le Québec, Chattam nous fait découvrir des lieux parfois fascinants et des pans d'Histoire méconnus, plaçant La Conjuration primitive un cran au-dessus du thriller de qualité.

 

Spooky

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

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Après le retour de Bernard Werber dans mes lectures, voici la découverte d’un autre auteur français, émargeant presque dans le même genre et chez le même éditeur. C’est donc de son dernier roman que je vais vous parler.

 

Léviatemps nous emmène dans le Paris de 1900, en pleine Exposition universelle. Une Paris en pleine mutation, avec l’arrivée de l’électricité, les voitures automobiles… Une Paris en passe de devenir le territoire d’un tueur en série diabolique, dont les victimes sont retrouvées avec une expression de terreur sur le visage. C’est après la mort affreuse de Milaine, une prostituée qu’il appréciait, et l’inertie manifeste des policiers chargés de l’enquête, que l’écrivain Guy de Timée décide de mener ses propres investigations, en compagnie d’une autre « courtisane » et d’un jeune inspecteur de police qui aimait Milaine. Leurs questions vont les emmener au sein de l’Exposition universelle, bien sûr, mais aussi dans les bas-fonds de la ville, les cercles paranormaux, le milieu de la prostitution…

 

Première constatation : c’est bien écrit. Maxime Chattam a un style clair, qui permet de bien comprendre ce qu’il se passe. Le décor est bien planté. On sent que l’auteur a potassé sur l’Expo universelle, sur ce qu’était Paris en 1900, sur les caractères des différents quartiers… Il ne se cantonne en fait que dans deux ou trois zones, mais c’est suffisamment précis pour être documenté. L’intention était probablement de proposer une immersion dans ce lieu et cette période de basculement, puisque c’est le début du règne de l’électricité, règne toujours en cours plus d’un siècle après. On a souvent dit que Jack l’Eventreur avait « inventé » le vingtième siècle. Chattam en propose donc sa version, à Paris, dix ans plus tard, mais avec un personnage aux motivations encore plus dérangeantes que le tueur de Whitechapel… C’est plutôt bien trouvé, l’ambiance est réellement présente, on s’y croirait.

 

Deuxième constatation : Chattam est un auteur moderne et moderniste. Il applique à des personnages qui ont vécu un siècle en arrière des pensées et des comportements des années 2000. Ainsi Guy de Timée effectue un véritable  boulot de profileur pour remonter la piste du tueur de prostituées. D’accord, c’est un érudit, aristocrate, qui a beaucoup lu, qui a essayé de fréquenter différentes catégories socio-professionnelles pour les comprendre et en faire des personnages crédibles dans ses romans. Mais la facilité avec laquelle il dresse le portrait-robot du tueur est déconcertante. La scène d’analyse graphologique est, à mon sens, l’une des plus lourdes du bouquin. Il entre facilement dans le Cénacle des Séraphins, un cercle d’amateurs du paranormal soi-disant extrêmement fermé, aussi bien qu’auprès du roi des Pouilleux, une sorte de parrain des travailleurs de rue des bas-fonds. Ca ne devait pas arriver beaucoup en 1900 de pouvoir passer d’un milieu à l’autre comme ça. Autre petit défaut, on n’entre pas dans « l’esprit » d’Hubris, le tueur (c’est comme ça que le surnomme Guy, qui en fait une sorte de personnification du mal, mais dans le sens de sa démesure). Car si l’on découvre in fine son œuvre, on aurait aimé en savoir un peu plus sur ses motivations secrètes, sur la façon dont il « justifie » ses actes. Sauf à une occasion, on reste sur les enquêteurs, Guy et ses deux amis, et il manque une dimension au roman.

 

L’autre bonne idée, narrative celle-là, est d’embarquer le lecteur dans des fausses pistes. Les égouts de Paris sont peuplés d’étranges créatures, les enquêteurs suspectent tel personnage ambivalent, puis tel autre… Sans en faire trop, car on risque vite d’être lassé par ce procédé. Ici la balance est bien équilibrée, on sent la maîtrise narrative sur ces éléments. On sent également une légère influence de Clive Barker pour certains éléments, mais Chattam n’en fait pas trop, pour ne pas non plus se laisser emporter dans le côté délirant (et parfois malsain) de son illustre confrère.

 

Au final, Léviatemps est un roman plutôt bien fichu, à l’ambiance réussie, mais qui souffre de menus défauts, relativement peu handicapants pour apprécier ce thriller. Je pense lire d’autres bouquins de Chattam s’ils sont du même tonneau. Il y a des amateurs dans la salle ?

 

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

 

Qui est Pierre ? Et d'ailleurs, se nomme-t-il vraiment Pierre ?
Un rêveur ? Un affabulateur ? Un assassin ?
Une chose est certaine, on meurt beaucoup autour de lui.
Et rarement de mort naturelle.

 

J'ai lu la plupart des derniers romans de Maxime Chattam, chef de file du thriller français. J'y ai senti une nette progression dans l'écriture, mais aussi une tendance en filigrane (l'Autre Monde exclu), à savoir sonder les profondeurs de l'âme humaine, en particulier dans ce qu'elle a de plus noir. Ce nouveau roman, qui se pose comme un "one-shot" ou le début d'une nouvelle série, émarge dans ce mouvement. Nous sommes donc dans l'esprit de Pierre, qui du jour au lendemain décide de changer de vie, du tout au tout. Il ne semble rien avoir d'exceptionnel, sauf que la mort semble s'acharner autour de lui, l'empêcher de trouver le bonheur dans sa nouvelle vie. Le gars est quand même inquiétant, lorsqu'il ne ramasse pas les déjections des pensionnaires du zoo de Vincennes, il passe son temps libre à appeler des numéros au hasard, engageant la conversation avec celui ou celle qui acceptera de la lui faire.

 

Contrairement à ses romans précédents, j'ai trouvé celui-ci déroutant, pour ne pas dire franchement raté. Son personnage principal est dérangé, certes, mais je n'y ai pas vu l'espèce de monstre psychopathologique que l'auteur semble vouloir y mettre. Le récit ressemble à une sorte d'essai sociologique sur la solitude, qui peut mener à l'asociabilité, voire à la psychopathie... Le trait le plus mis en avant est la psychologie, un trait que Chattam soigne dans chacun de ses livres, mais qui ici semble un peu vain. J'avoue que tout au long de ma lecture ou presque, je me suis senti... consterné. J'espère que cela n'annonce pas un virage dans ses romans futurs, plus orientés "thrillers", car je pense que je décrocherai vite.

 

Assez bof, donc.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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J'ai découvert récemment l'oeuvre de Maxime Chattam, considéré comme l'un des chefs de file de l'imaginaire français actuel. Quand on m'a proposé de lire le nouvel opus de l'une de ses séries, Autre-Monde, je me suis dit "pourquoi pas ?", d'autant plus que des résumés et commentaires concernant les 4 premiers tomes sont disponibles un peu partout.

 

Le contexte est celui d'un monde qui essaie de se relever d'une catastrophe majeure, une tempête qui, en plus d'avoir tué un grand nombre de personnes, a aggloméré déchets, véhicules, appareils au sein d'une brume qui, à l'instar de celle inventée par Stephen King dans sa nouvelle éponyme, renferme des monstres aussi sanguinaires que mystérieux. Les rares adultes survivants ont perdu la mémoire de leurs anciennes vies, et sont donc soumis aux idées démoniaques de personnages malfaisants. Les enfants, eux, sous la houlette d'un trio composé de Matt, Tobias et Ambre, surnommé l'Alliance des Trois, essaient de reconstruire un semblant de société. Des enfants qui ont reçus, après cette fameuse Tempête, des dons de toutes sortes, appelés altérations, et se déplacent sur le dos de chiens géants. Les adultes survivants, eux, ont perdu la mémoire et sont, pour certains, retournés à un état de sauvagerie.

 

Ce tome 5 intervient alors que la brume dont je parlais plus tôt, appelée Entropie, menace l'enclave de paix des enfants, appelés Pans, lesquels sont aidés par des enfants sauvages, appelés Chloropanphylles. Les pouvoirs de l'Alliance des Trois sont intimement liés à des sources d'énergie qui se trouvent sur les autres continents, et qui représentent probablement leur seul espoir. Un millier de Pans s'embarque donc sur un immense bateau, une coquille de noix (au sens littéral) creusée pour contenir des centaines de cabines et de locaux techniques. En direction de l'Europe, plus précisément de la France, où le pouvoir est exercé par un empereur à moitié fou, surnommé Oz, qui voit d'un très mauvais oeil l'arrivée de ces adolescents frondeurs, pas du tout comme les enfants européens, réduits à l'état d'esclaves.

 

Avec cette série, Chattam, connu surtout pour ses thrillers, s'attaque à la fantasy. Magie, personnages étranges et adolescents guerriers pullulent dans ce récit à l'atmosphère difficile à décrire. J'ai un peu eu l'impression d'être passé à côté de cette histoire. Non tant à cause de ma méconnaissance de l'univers, mais plutôt à cause d'un écrivain, qui a ses qualités, mais qui ne me semble pas tout à fait entrer dans le genre qu'il est censé explorer. Si les scènes d'action sont ponctuées par des scènes plus intimistes, entre Matt et Ambre, par exemple, par des discussions entre les méchants de l'histoire, je n'ai pas vraiment senti de culture typiquement fantasy dans l'écriture. Certes, c'est de la littérature pour adolescents de haute tenue, l'auteur n'hésite pas à faire disparaître des personnages secondaires ou principaux qui ont gagné un certain capital sympathie au fil de la lecture, mais je n'ai pas ressenti d'empathie particulière pour cet univers.

 

Si toutefois vous êtes curieux(se) d'en savoir plus sur Autre-Monde, je vous invite à aller découvrir le site réalisé par un fan.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Abyssus abyssum invocat, dit l'adage. L'abysse appelle l'abysse. Les profondeurs de l'âme, Guy de Timée pensait pourtant les avoir côtoyées en pourchassant un tueur de prostituées dans les recoins les plus sombres de l'exposition universelle de Paris. En s'éloignant de Paris, dans ce Vexin qui sépare la capitale de la Normandie, en compagnie de son amie Faustine, il pensait retrouver la joie de vivre, une certaine sérénité propre à lui permettre d'écrire son prochain roman. Mais c'était sans compter sur le Mal, qui peut prendre plusieurs visages et qui se manifeste à nouveau dans le voisinage. En massacrant sauvagement une paisible famille de fermiers, en séquestrant brièvement l'écrivain, dont le goût du morbide l'amène à enquêter, afin de le faire assister à l'un de ses rituels macabres, à lui faire entrevoir, une nouvelle fois, les profondeurs les moins reluisantes de l'âme humaine.

 

Ca commence très fort, avec le meurtre sordide, malsain au possible, d'une famille en rase campagne. Toute la communauté est en émoi, et Guy de Timée se met tout de suite dans les traces de l'assassin, sentant que son "expérience" pourra accélérer l'enquête. Mais en attendant les horreurs se multiplient, une autre famille tombe sous les coups de celui que l'écrivain surnomme le Croquemitaine, puis un gendarme disparaît... Le décor est plus champêtre, mais Guy de Timée fait preuve de la même (et surprenante) technique de déduction que dans son aventure précédente. Chattam mène son récit tambour battant, ménageant peu de temps morts entre les scènes effrénées (et la plupart à la limite du gore), si bien qu'arrivés aux deux tiers du roman, ç'eut pu être la fin.

 

Mais à ce moment l'intrigue prend un nouveau virage. Guy revient à Paris, espérant remonter une nouvelle piste, mais ce retour fait aussi surgir de noirs souvenirs... On retrouve d'ailleurs plusieurs protagonistes du premier roman. D'un coup le rythme se ralentit, s'arrête presque. Seul, l'écrivain-enquêteur replonge dans ses pensées, ses peurs et ses névroses. On retrouve le rythme de Léviatemps, presque lénifiant.

 

Au final Le Requiem des abysses est un thriller effréné, nettement plus que le premier volet ; moins axé sur la découverte d'une société à un moment donné (ceci expliquant peut-être celà) ; le dernier tiers retombe dans les travers de léviatemps, mais la fin, moins correcte que ce que l'on pourrait croire, contrebalance un peu ce défaut. A lire, sans doute.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres
La Patience du Diable

Le Mal peut-il contaminer ceux qui le traquent ?

Un go-fast pris en flag qui transporte bien pire que de la drogue…

Deux ados qui tirent sur les passagers d’un TGV lancé à pleine vitesse…

Des gens ordinaires découverts morts… de terreur.

Le Diable mène le bal, le monde est devenu fou.

Lieutenant à la Section de Recherche de Paris, Ludivine Vancker comprend bientôt qu’un fil sanglant relie ces faits divers. Rien ne pourra l’empêcher de remonter la piste à sa source. Aux racines de la peur.

J'avais beaucoup aimé La Conjuration primitive, sortie il y a un an, du même auteur. Celui-ci s'y montrait audacieux, novateur, surprenant, du moins pour l'amateur de thrillers que je suis. Cette Patience du Diable en est la suite, mettant en scène les mêmes personnages, cette cellule de la Section de Recherche de la gendarmerie nationale, avec au premier plan une jeune enquêtrice du nom de Ludivine Vancker.

Le schéma de ce roman est plus classique que le précédent, la construction oscillant entre actes de barbarie/terrorisme et enquête plus ou moins raisonnée, jusqu'à un climax dans le dernier quart, ou plutôt deux, où les protagonistes frôlent le vide et la mort. Mais ce qui est intéressant c'est que Chattam tisse, roman après roman, une sorte de toile narrative, qui lui permet de diffuser sa théorie d'un désordre total potentiel. Ce qui arrive à Ludivine lui permet d'étayer sa théorie en filigrane. Son prochain roman pourrait ainsi s'appeler Les Graines du Chaos, ou Les Germes de la Discorde, voire La Moisson des Ombres, si le monde finit par verser dans le chaos...

La fin de la Patience du Diable lui permet également de pouvoir faire revenir certains personnages par la suite, un en particulier, qui comme il le révèle dans ses remerciements, a déjà été présent dans un de ses anciens écrits, et pourrait faire son retour sous une autre forme et un autre nom, un procédé cher à Stephen King, idole de son homologue français, avec la figure de Randall Flagg.

A suivre, donc.

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Bernard Werber, depuis l'immense succès des "Fourmis" en 1991, s'est tracé une place toute particulière parmi les auteurs français. Se situant à la frontière de plusieurs genres, la science-fiction, les récits philosophiques et scientifiques, chacun de ses ouvrages est attendu par des centaines de milliers de lecteurs. Pour ma part je n'ai lu que deux ou trois de ses livres, dont deux de sa trilogie des Fourmis. L'occasion s'étant présentée de lire son dernier opus, je m'y suis (re)mis.

 

Le Rire du Cyclope s'ouvre sur le décès sur scène, ou presque, de l'humoriste Darius Wozniak. Celui-ci, personnalité préférée des Français, provoque une intense émotion dans la société hexagonale. La jeune journaliste scientifique Lucrèce Nemrod, dont l'histoire personnelle est liée au disparu, décide d'investiguer sur sa disparition, pensant qu'il s'agit d'un meurtre. Elle va renouer les liens avec Isidore Katzenberg, collègue à la retraite, et pénétrer les arcanes du milieu de l'humour... Ils découvriront ainsi qu'un étrange artefact, surnommé la BQT, semble faire l'objet de bien des convoitises... 

 

Le Rire du Cyclope est l'occasion pour Werber de remettre en scène deux de ses personnages fétiches, deux journalistes scientifiques déjà rencontrés sur Le Père de nos pères (1998) et L'Ultime secret (2001). Comme il l'explique en postface, c'est une blague racontée par un camarade lors d'une excursion en montagne, à l'âge de 17 ans, qui lui a permis de finir les Fourmis, et par-là même de comprendre la structure d'un récit. Il souhaitait rendre hommage, à sa façon, à l'humour, et cette enquête étrange lui a permis de le faire. Werber a bénéficié de nombreux soutiens : d'abord les tuyaux de ses amis humoristes, qui lui ont expliqué un peu la jungle de leur milieu, et ensuite de milliers d'internautes qui sont venus déposer des blagues sur son site internet. Lesquelles blagues servent d'entracte au récit, étant parsemées ça et là, entre les chapitres purement sur l'intrigue principale et ceux où l'histoire de l'humour nous est contée. On apprend ainsi -mais bien sûr ce n'est que de la fiction- qu'une organisation secrète s'est constituée depuis des siècles pour tenter d'élever l'humanité en produisant des blagues, et ce de façon industrielle, ou du moins... contrôlée. Laquelle organisation élève sa qualité humoristique par des combats de blagues, où celui qui rit le plus fort meurt. Un monde sans pitié donc, dans lequel les deux journalistes scientifiques, qui furent amants mais se cherchent toujours, tentent de voir plus clair.


 

Comme je l'ai indiqué le récit est émaillé d'anecdotes permettant de suivre l'évolution du rire depuis son apparition chez l'Homme, il y a 2 millions d'années ; c'est ainsi que commence la civilisation, et non lorsqu'on commença à enterrer les morts. L'humour est ainsi abordé sous son angle historique, mais aussi médical, et presque idéologique, puisque l'on apprend que des personnages tels que Staline et Hitler avaient banni le rire de leurs existences, sauf en de rares occasions de représentation. Des anecdotes intéressantes, à mettre en regard avec le récit, qui avance de façon assez logique, même si on se retrouve systématiquement ou presque dans l'esprit de Lucrèce.

 

Une autre mise en miroir est présente, puisque des personnages secondaires du roman s'appellent Loevenbruck et Chattam, deux noms qui ne sont pas inconnus du grand public puisqu'avec Werber ils tiennent le haut du pavé de la littérature du suspense et de la fantasy aujourd'hui. Quant à Stéphane Krausz, producteur du Cyclope, c'est un ami personnel de l'auteur qui est en train de produire et réaliser un documentaire sur lui. Clin d'oeil sympathique en passant. De là à imaginer que Darius Wozniak, alias le Cyclope (surnommé ainsi à cause d'un accident de jeunesse l'ayant privé d'un oeil), n'est qu'un alter ego de Werber, il y a un pas que je ne franchirai pas. D'autant plus qu'un parallèle bien plus évident se fait au cours du roman : Isidore va devenir romancier, dans un genre assez large, le suspense à science, qui est justement celui de Werber. Lequel parle un peu de ses oeuvres précédentes : Les Fourmis bien sûr, les deux récits où Isidore et Lucrèce étaient présents, mais aussi L'Arbre des possibles, le site internet (dont le nom est inspiré par une nouvelle écrite en 2002) où l'auteur invite les internautes à livrer leur vision de l'avenir.

 

Dans l'ensemble, la lecture de ce livre fut assez agréable, Werber a bien progressé en termes de qualité d'écriture depuis les Fourmis (désolé, je n'ai pas lu Les Thanatonautes* par exemple), et il livre une étude intéressante sur le rire sous ses aspects historiques avec quelques exemples (dont certains très connus comme la blague du frigo), et permet de retrouver deux personages qui d'après mes recherches et les questionnements auprès de fans de l'auteur, sont très appréciés. Nul besoin cependant d'avoir lu Le Père de nos pères ou L'Ultime secret pour bien saisir le propos, ce qui est une belle qualité. J'ai aussi appris un certain nombre de choses sur l'histoire du rire, sa mécanique, et ses personnages les plus illustres. 

 

Spooky.

 

* Pour les amateurs de ce roman, il est à noter qu'une adaptation en bande dessinée est en cours. Adapatée par Eric Corbeyran, elle va être mise en images par le talentueux Pierre Taranzano. Plus d'informations sur le blog de ce dernier.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Personnalités

Un samedi soir, au Grand Rex (à Paris)...

 

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Trois jours après l'avoir croisé fugacement pour une séance de dédicaces, me voici donc en train de faire la queue pour avoir une belle place dans cette belle salle de 2 800 places. Il faisait froid, et certains étaient présents depuis 5 heures lorsque l'accès à la salle est autorisé. Chaque visiteur se voit remettre un exemplaire de Docteur Sleep. Surprise, une centaine d'entre eux est signée par l'auteur. 

 

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Voici une heureuse gagnante... 

 

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Nous nous installons au chaud, et au bout de quelques minutes Augustin Trapenard, animateur télé (le Grand Journal, sur Canal+), enseignant en littérature anglaise et américaine et critique, arrive pour introduire la vedette américaine, à savoir Stephen King. Reçu sous les ovations, l'auteur, accompagné d'un traducteur (Xavier Combes) est surpris par l'enthousiasme général, loue la beauté de la salle, et s'installe pour répondre à quelques questions, d'abord de l'animateur, puis au bout de quelques minutes, de l'auteur Maxime Chattam, lui aussi édité par Albin Michel.

 

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Puis le public est invité à poser quelques questions, avant que la soirée ne se conclue par une lecture par King des deux premières pages de son roman.

 

Je ne vais pas vous faire un compte-rendu exhaustif des échanges, mais ayant pris des notes, je vais vous donner quelques idées fortes. Attention, si vous ne connaissez pas l'oeuvre de King, il y a quelques spoilers, que je signale par des balises [SPOILER].

 

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(oui, j'ai souvent pris en photo l'écran géant qui retransmettait en direct au-dessus de la tribune, c'était plus net avec mon appareil)


Le King a commencé la séance en agitant un scorpion en plastique devant le nez de l'animateur (le coquinou), puis a déclaré que 5 à 10% d'entre nous, excités par ce rendez-vous, ont oublié de fermer leur porte à clé. Et qu'en rentrant, nous allions nous demander si quelqu'un n'était pas rentré par effraction. Il était ainsi sûr de nous gâcher la nuit.

"Si je vous transmets ma peur du noir, je suis HEUREUX."

 

A la question sur le choix vers lequel de ses romans s'est porté King pour faire une suite, [SPOILER] il a rétorqué "Une suite à Carrie ? Mais elle est morte ! Que pourrais-je faire ?"[/SPOILER]

 

Quand on lui demande ce qui lui fait peur, au-delà de la réponse classique qu'il a lui-même installée dans l'inconscient collectif "les clowns" (cf. Ça), il nous a parlé des camping-cars. C'est chiant à doubler sur les autoroutes, on ne peut pas voir qui est à l'intérieur car les vitres sont teintées, ils ont des zones réservées sur les aires de repos. Si le Mal se tapit quelque part, c'est bien dans ces engins diaboliques.

 

Sur la figure enfantine largement présente dans son oeuvre, il a répondu qu'il s'agissait de symboles vivants de l'imagination. Si par exemple on dit à un enfant que le Père Noël ne peut passer par un conduit étroit de cheminée, il vous répond qu'il saura passer quand même. Si vous n'avez pas de cheminée, il passe par les conduits d'aération, et ainsi de suite.

 

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Sur ses goûts, King a cité la série Breaking Bad (suscitant une ovation dans la salle), Sons of Anarchy, et parmi les auteurs qui l'ont inspiré au début de sa carrière, Ray Bradbury, Robert E. Howard, Howard Phillips Lovecraft et Richard Matheson. Parmi les films, Le Projet Blair Witch lui a fichu une trouille bleue.

 

La Tour sombre est clairement la clé de voûte, ou le pivot, de son oeuvre. Mais il n'en a pas fini avec cet univers si particulier, et y reviendra sans doute, par exemple au sujet de la mort des compagnons de Roland. S'il devait toutefois désigner un ouvrage préféré, il citerait le Fléau. Cependant, après l'accident de 1999 qui a failli lui coûter la vie (rappelons qu'il a été renversé par une camionnette sur une route près de chez lui), un roman tient une place particulière, c'est Histoire de Lisey, qui raconte l'histoire d'un amour de longue date, avec les deux membres d'un couple qui ont développé leurs propres références, leur langage ; un amour qui lui a permis de penser à celui qu'il partage avec son épouse Tabitha depuis 43 ans à présent.

 

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On lui demande de raconter sa vie d'écrivain, qu'il définit comme morne et ennuyeuse. Il se lève le matin, prépare son petit-déjeuner et celui de sa femme, promène son chien, nourrit son chat, puis se rend dans son atelier, séparé de quelques dizaines de mètres de sa maison, un endroit qu'il appelle" Woodlands". Là, il lance sa théière, allume son matériel, et entre dans sa bulle, dont il ne sort que le soir, sur le chemin jusqu'à chez lui. Dans son bureau se trouvent des posters, des livres en pagaille, un énorme Godzilla empaillé avec lequel joue sa petite-fille. Pour lui le processus d'écriture reste un mystère.

 

Lorsqu'on lui demande s'il a eu des difficultés à écrire une scène, King évoque celle, dans Shining, [SPOILER] où Danny Torrance entre dans une pièce où il ne doit pas aller, avec cette femme morte dans une baignoire, qui ouvre les yeux lorsqu'il s'approche. Il avait le coeur qui battait très fort au moment de l'écrire ; cela tombe bien, Doctor Sleep se raccroche directement à cette scène. [/SPOILER]

 

Pour 22/11/63, il a également éprouvé des difficultés à écrire la scène de la mort d'une jeune femme. Mais il ne s'autorise aucun interdit. There is no place that I won't go, dit-il. Il pense être complètement fou, mais ça lui plaît.

 

Il pense qu'il lui reste 10 à 12 ans de carrière, et dit I'll continue to write until God shut me out.

 

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Sa carrière est tout de même émaillée de collaborations avec d'autres écrivains. Parmi ceux qu'il préfère, il cite Peter Straub (avec lequel il a fait Le Talisman des Territoires), son fils Joe Hill (qui semble bbien parti pour faire aussi bien que son père, et dans le même genre) et John Mellenkamp, avec lequel il a écrit une comédie musicale. Parmi les réalisateurs qui l'ont adapté, ses préférés sont Frank Darabont (les Evadés, la Ligne verte) et Rob reiner (Stand by me). A l'évocation du nom de Stanley Kubrick (qui a adapté de façon fort décriée Shining), il dit simplement avoir souhaité bonne chance à l'équipe de production après avoir lu le script.

 

Ses personnages préférés ? Il ne peut en détester aucun, même Randall Flagg, si particulier. Il garde une certaine tendressee pour Annie Wilkes, héroïne de Misery. Interrogé sur son style, il dit ne pas en avoir, mettre son style au service de l'histoire, et pas le contraire.

 

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Un moment drôlatique est celui où King raconte le premier film qu'il a vu au cinéma, Bambi, lequel l'a terrifé lorsque Bambi demande à sa mère ce qu'il se passe, et que celle-ci lui répond que ce sont peut-être les Humains dans la forêt qui font tout ce raffut. Nous sommes les monstres. Disney a terrifié plus de gens que lui. King a pris des petites voix pour interpréter les deux biches. :)

 

Le moment le moins sympathique de la soirée fut quand une personne du public expliqua qu'elle avait fait une thèse de doctorat sur l'oeuvre de King (murmure d'admiration de la salle), et qu'en tant que tel il connaissait probablement les réponses à toutes les questions le concernant (là, l'humeur changea radicalement), avant de finir en proposant de dédicacer à King le bouquin qu'il avait écrit sur lui (et la bronca s'éleva dans les travées du Grand Rex). Il apporta son ouvrage sur scène, lequel fut à peine regardé par SK, qui le signa et le laissa sur une table en partant. La suffisance franchouillarde en plein.

 

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Pas de questions dérangeantes, rien sur sa dégénérescence oculaire, sa phobie des avions, ses orientations politiques (King est le seul auteur américain, à ma connaissance, ayant clamé publiquement être fier de payer beaucoup d'impôts), pas d'annonce au sujet de ses projets, c'est resté bien sage tout dfe même. Au final King s'est montré très à l'aise dans l'exercice, spirituel, inspiré, drôle et même facétieux. Ce fut une soirée riche en bonheurs et en moments forts. Sacrée semaine...

 

Spooky

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