Micah et Katie sont un jeune couple d'Américains qui viennent juste d'emménager ensemble dans une belle maison de San Diego. Micah fait l'acquisition d'une superbe caméra et propose à Katie de filmer leur quotidien, et surtout leurs nuits, car la jeune femme est victime, depuis son enfance, d'étranges visions nocturnes. Petit à petit les phénomènes étranges s'accumulent et le couple prend peur...
Lorsqu'on suit un peu la promo du film, on remarque que le cinéaste et les producteurs citent sans honte Le Projet Blair Witch, qui est pourtant l'une des plus grosses arnaques dans les histoires de film de peur. Forcément, puisque le film d'Oren Peli bénéficie de la même économie de moyens, du même creux narratif et la même lobotomie de ses personnages. Le film a été tourné en 7 jours, dans la propre maison du réalisateur et de sa compagne -et accessoirement productrice-, et le gros du budget a consisté en une redécoration de la demeure. De plus le film ne compte que quatre acteurs, ce qui limite également les coûts...
Paranormal activity a pour sujet un poltergeist, c'est à dire un esprit frappeur, phénomène bien connu des spécialistes de surnaturel (et des cinéphiles... mais je vais y revenir). Les deux protagonistes entendent des coups sourds, des bruits de chute, des grognements, ou encore le grésillement de la télé qui s'allume toute seule sur un canal inexistant. Lorsque ce genre de chose survient chez vous, quel est votre première réaction ? Bien souvent vous allumez la lumière pour savoir qui fait tout ça non ? Eh bien Micah et Katie, eux, prennent le temps d'attraper leur caméra et n'éclairent qu'avec le projecteur de moyenne puissance qui y est accouplé. Ca laisse aux zones d'ombre le temps de rester sombres. Pratique. Lorsque la jeune fille commence à être physiquement blessée, à être dans un état catatonique par les manifestations de l'esprit, croyez-vous que son charmant petit ami l'emmènerait à l'hopital ? Non bien sûr. Croyez-vous que lorsqu'ils sont convaincus qu'il s'agit d'un démon, d'une entité, ils vont voir le démonologue qu'un medium leur a conseillé ? Non, ils attendent. Et quand ils l'appellent, celui-ci est parti. Pensez-vous qu'ils chercheraient un autre spécialiste ? Non. Et pourtant ils font des recherches sur internet pour essayer de trouver des affaires semblables à la leur. A l'instar de Blair Witch, ce sont des ados complètement crétins. La seule vraie bonne idée est la remarque du medium relatif à la dégradation des relations entre les deux jeunes gens, qui permettrait à l'entité maléfique de se manifester plus violemment... Ceci dit, dans une salle obscure et avec la stéréo, ça doit être une autre histoire.
Je vous ai parlé d'un poltergeist. Vous vous en doutez, ce n'est pas la première fois que le cinéma, a fortiori américain, s'empare du sujet. Je ne citerai pour ma part qu'un seul titre... Poltergeist, justement.
Ce film de 1982, réalisé par Tobe Hooper, et produit par Steven Spielberg (avec ses amis Frank Marshall et Kathleen Kennedy), lequel a d'ailleurs "conseillé" Oren Peli pour améliorer le montage de son film... Il y a 25 ou 30 ans le père Stevie avait quand même le nez creux, car le film de Hooper, malgré son image un peu "vieillie", est plutôt efficace... Ca raconte en gros l'histoire d'une famille bien tranquille dont l'existence va être irrémédiablement troublée par l'apparition d'un esprit frappeur... Je vous invite à le visionner si vous êtes amateur du genre. Poltergeist n'est jamais cité par l'équipe de Paranormal Activity, ni même par la plupart des internautes l'ayant critiqué... Et pour cause, la plupart n'étaient pas nés à l'époque, et ne s'intéressent pas du tout à cette période foisonnante qu'étaient les années 1970-80... De l'étrange propension du cinéma américain à toujours recycler les vieilles recettes, tout en reniant l'original... mais je referme là ma digression.
Paranormal Activity est assez correctement filmé, et c'est assez drôle puisqu'il s'inscrit plus ou moins dans la mode actuelle des films "caméras à l'épaule" ([•REC] et sa suite, Cloverfield) et que c'est finalement Micah Sloat, qui joue Micah (ben oui, tant qu'à faire) qui de fait, cadre une bonne partie du métrage... Les acteurs sont relativement bons, l'homme jouant bien le petit con américain qui ne cherche d'abord qu'à faire des images spectaculaires, puis quand il comprend l'ampleur du problème, est complètement largué ; Katie Featherston, quant à elle, même si elle est assez jolie, a un peu de mal à jouer les jeunes filles inquiètes, sa panique se traduisant surtout dans son maquillage qui coule un peu... Le film, qui se veut un faux documentaire (ou "documenteur", pour utiliser un mot-valise maintenant assez répandu), contient peu d'effets spéciaux, et même si ça peut marcher dans un film comme Ring par exemple, ici on ne sursaute qu'une ou deux fois. Et c'est tout. On n'a jamais peur, l'ambiance n'y est pas, et la platitude narrative n'arrange rien. Seul avantage inhérent à ce genre, c'est un film qui induit une interprétation sur l'identité et les motivations de l'entité maléfique. seulement la fin du film ne laisse guère de doutes sur ces questions-là... Encore un beau plantage.
Paranormal Activity se place donc bien dans la lignée du Projet Blair Witch, en ce sens que sa réputation et son succès sont totalement surfaits, qu'il ne fera peur qu'aux adolescents décérébrés dont le premier frisson au cinéma date de Saw 6 et que franchement, c'est ça qui fait le plus peur.
Spooky.