Ahah il est un peu prétentieux mon titre non ?
En fait il reflète bien ce que je vais faire dans la présente note : vous dire quels sont les liens entre le blockbuster de Christopher Nolan et un récit en particulier de la série-star de Disney. Grâce à un collègue j'ai pu me procurer la chose.
Le Rêve d'une vie (épisode 5 du recueil) est donc un récit où les Rapetou, ennemis séculaires de Picsou et de ses neveux, tentent d'obtenir la combinaison du coffre du multimilliardaire en s'immisçant dans ses rêves, après avoir subtilisé à l'inventeur Géo Trouvetou une machine destinée aux psychanalystes permettant de pénétrer dans le subconscient de leurs patients. Comme dans son rêve, Picsou ne peut s'empêcher de dire la vérité, cela semble du tout cuit. Mais c'est sans compter sans les neveux de ce dernier, et en particulier Donald, qui va devoir lui aussi pénétrer dans les rêves de son oncle pour mettre fin aux manigances des vils bandits.
Commence alors une course-poursuite dans le passé de Picsou -car tous ses rêves dans cet épisode sont en fait des moments-clés de son passé. C'est là que commence la différence avec Inception ; bien sûr, on a une machine capable d'endormir instantanément celui qui y est relié, bien sûr plusieurs personnes elles aussi reliées peuvent pénétrer le rêve de la victime. Ici les rêves sont limités dans l'espace, et dès que le rêveur s'éloigne, les limites de son rêve se déplacent aussi, élément absent d'Inception, où les rêveurs pouvaient bâtir des architectures monumentales, des paysages gigantesques entiers... Par contre lorsque quelqu'un se retrouve au-delà de ses limites, et tombe, la sensation de chute provoquant le réveil. Dans le film de Nolan aussi ; il s'agit en fait d'un état scientifiquement prouvé : lorsque vous tombez dans votre rêve, vous vous réveillez avant de toucher le sol, non ?
Autre différence fondamentale : dans Inception on passe d'un rêve à l'autre, mais ils sont enchâssés ; une personne rêve dans ce niveau, et les autres sont emmenées avec elle. Dans le rêve de Picsou, on passe d'un rêve à l'autre, mais le premier disparaît instantanément au profit du nouveau. Pas de risque de se retrouver prisonnier dudit rêve donc, on tombe ou on suit le rêveur dans le nouveau. Par contre, les "visiteurs" du rêve doivent en sortir avant le rêveur, sous peine de rester prisonniers à jamais de son esprit, et de rendre potentiellement fou celui-ci. Un peu comme dans les Limbes du film de Nolan, dont GiZeus et moi avons bien pris soin de ne pas parler...
Lorsque Picsou "change" de rêve, il perd le souvenir du précédent, y compris l'irruption des Rapetou et les explications de son neveu Donald à celle-ci. Le pauvre neveu gaffeur doit à chaque fois intervenir et réexpliquer -parfois dans des conditions très difficiles- pour que son oncle échappe aux malfrats, au moins temporairement. De plus Don Rosa ajoute des éléments cocasses -comme une pluie de tasses à café ou un tambour pour tenir les Rapetou à distance. Malin.
Picsou "revisite" des moments, heureux ou pas, de sa vie, et c'est là que se situe l'émotion de cette histoire, puisque Picsou -et, du coup, Donald aussi- a ainsi la faculté de revenir et de changer certains épisodes de sa vie. Pour en goûeter pleinement la saveur, il est indispensable de lire l'ensemble de la série La Jeunesse de Picsou (2 volumes), quasiment indispensable (quant à moi j'aimerais bien la trouver en VO à un prix raisonnable). Citons encore une fois Keno Don Rosa, considéré comme le meilleur, après Carl Barks, des auteurs du célèbre canard milliardaire irascible, dont le talent, indéniable, rend encore une fois ce récit très intéressant, mais sans grand lien, finalement, avec Inception, dont le scénariste et réalisateur a su proposer des éléments carrément novateurs : l'histoire de la femme de Cobb, les totems, les architectes, les différents niveaux de rêve...
Quant aux accusations de plagiat, soyons sérieux, Nolan a commencé à réfléchir à son film il y a une dizaine d'années. Le récit de Don Rosa date de 2004...
Spooky.
petit bonus : pour lire l'histoire en VO, c'est par là.