Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs. Arrietty connaît les règles : on n’emprunte que ce dont on a besoin, en tellement petite quantité que les habitants de la maison ne s’en aperçoivent pas. Plus important encore, on se méfie du chat, des rats, et interdiction absolue d’être vus par les humains sous peine d’être obligés de déménager et de perdre cet univers miniature fascinant fait d’objets détournés. Arrietty sait tout cela. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Sho, arrive à la maison pour se reposer avant une grave opération, elle sent que tout sera différent. Entre la jeune fille et celui qu’elle voit comme un géant, commence une aventure et une amitié que personne ne pourra oublier…
Je pense que j'aurai du mal à oublier ce film. Je le dis d'entrée, c'est un petit bijou de poésie, d'ambiance et de visuel. Quitte à recevoir des tomates pourries dans les dents, je l'affirme, c'est la dernière production des studios Ghibli à être sortie chez nous, et l'une des toutes meilleures.
Sur le plan de l'esthétique, c'est une réussite totale ; les décors réduits du monde d'Arrietty, la maison et le jardin, taille géante pour la petite chapardeuse, et même la rivière de la fin, tout est simplement magnifique. Pour accompagner en termes d'ambiance, ce n'est pas Joe Hisaishi, habituel complice des films de Hayao Mizazaki, quis 'y colle, mais la harpiste bretonne Cécile Corbel. Complètement inconnue du grand public jusqu'alors, cette jeune femme a envoyé son second album aux studios Ghibli en 2009, et c'est e producteur Toshio Suzuki qui lui a confié la musique d'une production en cours, Arrietty donc. S'inspirant du scénario, de designs de personnages et de quelques poèmes du réalisateur pour son score, Cécile Corbel a livré une composition minérale, aérienne, totalement en phase avec l'ambiance du film. La chanson de fin, qui s'intitule "la chanson d'Arrietty", est d'ailleurs chantée en trois langues, français, anglais et japonais, par la compositrice elle-même. Ce morceau est terriblement envoûtant, et m'a suivi plusieurs jours après le visionnage du film.
Côté réalisation, c'est donc Hiromasa Yonebayashi, 36 ans, le plus jeune réalisateur du studio, qui s'en est chargé, et le résultat est vraiment beau. le scénario avait été développé par les fondateurs du studio, Miyazaki et isao takahata ; mais trop âgés pour s'y coller, ils se sont tournés vers le meilleur animateur du studio. Très vite le Un rythme qui ne baisse jamais, un film visible par tous les publics (à partir de 3 ans). Le film est librement inspiré du livre Les Chapardeurs (The Borrowers en VO), livre fantastique pour la jeunesse écrit en 1952 par Mary Norton. n'ayant pas lu le bouquin, je ne peux juger de sa fidélité à l'oeuvre originale. Deux seuls petits bémols en termes de scénario et de narration pour le film, la façon dont Sho trouve la maison des Chapardeurs, sans la chercher, et la fin, qui n'en est pas une, et appelle forcément une suite car laissant le spectateur frustré après une telle merveille.
Le fim parle entre autres du rapport des personens avec la nature. Les humains ont la fâcheuse tendance à la détruire, à ne pas y faire attention, alors que les Chapardeurs s'accommodent de ce qu'elle peut leur offrir ou leur opposer, dans une dévotion proche de l'animisme, tout en profitant des petits avantages procurés par la présence d'humains dans le voisinage. Mais hélas les Chapardeurs disparaissent peu à peu, comme beaucoup d'espèces animales, du fait de notre action.
L'amitié entre Arrietty et Sho est un véritable élément narratif dans le film, et traité de façon très poétique et sensible. Le producteur Toshio Suzuki dit d'ailleurs de la Chapardeuse que comme les autres héroïnes nées chez Ghibli, Arrietty possède une vraie conscience écologique et sait surmonter ses faiblesses pour défendre ses valeurs et s’élever.
Je ne peux donc que vous recommander ce superbe film, qui en tant que premier long-métrage, supporte largement la comparaison avec celui de l'autre jeune pousse de la maison Ghibli, Les Contes de Terremer.
Spooky.